el zukk a écrit :
Alors parlons de chiottes, et de ce qui s'y écrit/vit. On pourrait organiser une biennale des arts chiottaux, qui récompenserait les graffitis les plus obscènes, les traces de merde les plus tenaces, les lunettes les plus sales, les distributeurs de papier toilette les plus vides, les lavabos les plus farinés... Je suis sur qu'on pourait decrocher une subvention en montant un projet aussi con.
On pourrait etre aussi con que ça.
Ah mais tout à fait ! Je pense qu'en ce moment, il ya urgence à pousser à leur terme les logiques et tendances de notre société pour en montrer, sous la forme la plus caricaturale, l'obscénité. Ton idée de biennale rejoint, de manière inversée, mon idée d'exposition d'Art Dégénéré. En tout cas, si tu as des contacts avec des Drac, on pourrait tout à fait leur proposer un dossier bidon de biennale des arts de chiottes : le pire, c'est qu'on aurait une chance d'être subventionnés...
Je précise, pour montrer que plus c'est con, plus ça sonne "art contemporain", et plus ça a des chances d'intéresser les institutions de l'art contemporain, que l'expo des merdes d'artistes se déroulait dans le cadre d'un vaste projet intitulé "Cloaca", qui mettait en scène les relations entre l'alimentation et l'excression. Ils ont même fait venir des cuisiniers lyonnais réputés pour parler de merde, au Musée d'Art Contemporain de Lyon, devant la "machine à merde" de Wim Delvoye (
http://www.plumart.com/vf5403/html/body ... lvoye.html ). Cette expo n'était pas une petite expo "provoc", réalisée dans un squatt par un allumé : il s'agissait véritablement d'une expo avec catalogue, affichage dans les abri-bus, soutient des institutions, etc. Même ces cons d'élèves de Normale Sup s'y sont impliqués. C'est dire si l'art contemporain recrute chez les crétins adeptes des consensus mous et de la pensée plate :
http://ecole-ouverte.ens-lsh.fr/article ... article=92
Mais pendant ce temps - dormez bien braves gens - on continue d'interdire des free parties pour motif sécuritaire (car bien entendu, c'est pas de l'art mais des gangs de voyous drogués), et on ferme des squatts d'artistes dans toute la France tout en redécorant à grand frais le Palais de Tokyo façon "squatt alternatif".
L'art contemporain, comme la publicité, recycle tout pour mieux déproblématiser les questionnements, les expurger de toute trace de pensée critique. Comme la publicité, l'art contemporain n'admet pas la critique : être contre la pub, ou contre l'art contemporain, c'est courir le risque de passer pour un fasciste (j'ai déjà été publiquement traité de fasciste pour avoir osé critiquer l'art contemporain, sur une liste de discussion fréquentée par des "intellectuels" et des journalistes...). L'art contemporain, c'est presque une nouvelle forme de discours publicitaire, sans marque : un pur discours de propagande, donc.
+A+