Que faire contre la conjuration des imbéciles ?

Désobéissances et micro-résistances.

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Chaosmose
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Message par Chaosmose »

el zukk a écrit :
Juste en passant (désolé pour le coté "volatile" de l'intervention) mais, tu me fais furieusement penser à du Dantec, là, non ?

En tout cas, j'adhère sur le refus de l'alternatif, des marges, de l'underground même, en extrapolant.
Tous des pourris :)
Euh... pour la comparaison avec Dantec, on va oublier... non, je n'ai pas franchement viré de bord, et je ne suis ni paranoïaque, ni aigrie....
Ce que je n'aime pas, c'est l'inconsistant confort de l'"être" ou du "vouloir être "alternatif marginal ou underground....
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el zukk
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Message par el zukk »

bin a écrit :avec ki desirons nous communiquer? '...)
a quoi bon tenter de changer les choses si seule une minorité y croit?
Est-ce que tu pourrais définir cette minorité dont tu parles et dont tu sembles convaincu ?

PS : question sans ironie, même si je ne peux pas m'empêcher de relever le "con vaincu' dissimulé qui ne t'étais pas forcément adressé...
Un lacanien pour dissiper mon doute ? sans contrepèterie.
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drÖne
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Message par drÖne »

bin a écrit :oui c'est vrai , je dois trop rester dans le concret. en meme tps j'aurais du mal à m'en defaire. des formes de recalcitrances capables de se départir de l'efficace éculé du slogan, oui! mais je me pose tout de meme une question - avec ki desirons nous communiquer? s'agit-t-il de toucher le plus grand nombre ou de faire du cas pas cas?
A mon avis, ce qui compte c'est justement d'éviter de poser la question dans ces termes. Car la communication est sans arrêt pensée ainsi par la pub, les politiques, les syndicalistes ou le marketting : un "message", une cible définie (paradoxalement, cette cible est souvent le plus grand nombre. Sinon, il s'agit de "niches" : un terme de marketing). Si on veut changer les choses, même à un petit niveau, il faut se défaire de tous ces présupposés sur la "bonne" communication qui serait "bien" préparée, "bien ciblée", pour être lisible et compréhensible par "le plus grand nombre". Ce qu'il nous faudrait, c'est un principe alternatif de diversité, une sorte d'écologie de la communication qui ne verrouille rien en amont (ni la cible, ni les formes du message, ni les caractéristiques du support) et n'anticipe pas trop sur la réception. Car il ne servirait à rien de prôner la diversité, l'émergence et les convergences si on devait pratiquer, dans les signes qu'on mettrait en circulation, l'homogénéité, la structuration et l'exclusion (car on exclue plus surement un public si on destine un message à tous : tous, c'est comme "on", ça n'existe pas. Quand "on" s'adresse à moi comme à n'importe qui, comme à un "on", j'estime que ça relève de l'insulte car ça me nie en tant qu'individu libre d'être différent : la pub est une forme assez sophistiquée d'insulte). Je ne suis pas un grand fan de Barthes, au plan scientifique, mais je dois reconnaître que son texte "Leçon" (Seuil, 1978), qui est très court et très facile et agréable à lire, relève d'un refus d'instrumentaliser la communication qui est assez éclairant. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec la "stratégie" de lutte contre le pouvoir qu'il dessine (il mise sur la littérature, qu'il voit comme une forme rebelle par rapport au caractère "fasciste" du langage normé, ce qui est un peu caricatural), mais il me semble qu'il y a des trucs à glaner et à réfléchir dans son texte.

je doute ke faire de long discours très developpés attire l'attention d'un grand nombre.
Heu... ben tu fais quoi de Marx, par exemple ? Ou de la psychanalyse ? Ou de tout ce que la culture a produit depuis des millénaires ? Le slogan et les "images choc" ne sont que des configurations idéologiques récentes, mais certainement pas ce qui a le plus circulé à la surface de la terre. Et puis, que fais-tu du site de la Nuit des meutes ? Sais-tu qu'il a reçu plus de 30000 visites différentes ? Pas mal pour un site qui comporte des textes très longs, très "intellos"... mais il comporte aussi des textes courts et plus classiquement militants : la diversité a été réelle, et "efficace", ne l'oublions pas.

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TouF
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Message par TouF »

pas trop de temps, esclaves du boulot
je me retrouve encore en pleine contradiction!
Autant je suis d' accord avec drÖne sur le piege du slogan publicitaire, autant il faut reconnaitre que j' ai pris la peine de lire de long textes apres avoir été "accroché" par son avatar "freebidochon.net" ( :mrgreen: )sur tekalombre, et commencé à revoir mes opinions sur les teknivals après avoir vu son excellentissime "image de pub" ( :twisted: ) " un teknival, des tekni-veaux".
:?
Alors, ne suffirait-il pas de lier d' office, à tout "slogan", un texte "élitiste", pour capter l' attention du passant qui passe ... Ou bien, seulement poser des "questions slogans" ... qui insite les gens à chercher leurs réponses, voir à se remettre en question.
(tout du moins c' est comme ça que mon cerveaux fonctionne)
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drÖne
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Message par drÖne »

TouF a écrit :pas trop de temps, esclaves du boulot
je me retrouve encore en pleine contradiction!
Autant je suis d' accord avec drÖne sur le piege du slogan publicitaire, autant il faut reconnaitre que j' ai pris la peine de lire de long textes apres avoir été "accroché" par son avatar "freebidochon.net" ( :mrgreen: )sur tekalombre, et commencé à revoir mes opinions sur les teknivals après avoir vu son excellentissime "image de pub" ( :twisted: ) " un teknival, des tekni-veaux".
:?
Alors, ne suffirait-il pas de lier d' office, à tout "slogan", un texte "élitiste", pour capter l' attention du passant qui passe ... Ou bien, seulement poser des "questions slogans" ... qui insite les gens à chercher leurs réponses, voir à se remettre en question.
(tout du moins c' est comme ça que mon cerveaux fonctionne)
Peut-être, en effet. C'est sans doute une question d'équilibre à trouver entre les "accroches" et la formes des idées qu'on cherche à véhiculer dans les textes. Je répondais de manière un peu excessive, sans doute, à Bin, dans la mesure où il semblait faire pencher la balance dans le sens uniquement su slogan et des textes "choc". Mais c'est vrai que j'ai beaucoup fonctionné sur le slogan et l'image qui tue, moi aussi. On a tous nos contradictions !

...et surtout ne te fais pas trop bouffer par ton taf !

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LLB
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Message par LLB »

J'ai vu dans la rue Marcadet les tracts Marmottan, peut-être vais-je aller les photographier demain.
A propos de contradictions....j'ai désormais l'ADSL, j'avais jusqu'ici un forfait, une boite aux lettres sans cesse obstruée, le cauchemar des mises à jour et des téléchargements. mais je vois bien que ce changement me remplit de trouble, j'ai l'impression au fond de ne faire que suivre le Grand Mouvement, nourrir un monstre obscur qui a les poches pleines d'argent, serrer des noeuds coulant en des lieux lointains, m'éloigner de tous ceux qui ne connaissent rien de tous ces environnements. Je ne suis en rien différente du parfait consommateur qui fait la joie des marchands cyniques. Je ne fais rien pour les contrarier. Il y a bien quelques objets supposés indispensables que je ne possède pas, mais ça ne suffit pas - heureusement - à me donner l'impression de résister en quoi que ce soit.
Autant j'étais innocemment réjouie de ma première connexion, autant je me sens mal à l'aise ce soir. ca ne sert à rien d'ailleurs de transporter ici mon trouble, mieux vaudrait prendre des décisions pour le faire cesser. Lesquelles? Déjà une. La Nuit des Meutes a été pour moi quelque chose d'assez décisif, je ne remercierai jamais assez les quelques organisateurs d'avoir passé leur été à croire en ça et le réaliser : c'est leur investissement qui est capital pour moi, presque plus que le dispositif et l'évènement ou plutôt, il a été rendu visible, matérialisé, par le dispositif et l'évènement, qui l'ont porté depuis dans un espace collectif où il fait son chemin. Depuis je cherche à me mettre en mouvement, mais je ne sais plus trop où sont les commandes et je vois surtout pour le moment des tableaux de bord standardisés de pacotille accumulés qui encombrent. Mais où sont les vieilles commandes manuelles qui avaient déjà fonctionné il y a longtemps pour ce fameux voyage intergalactique il y a longtemps? Je m'impatiente, je donne le change en lançant ici de temps en temps quelques exclamations : en substance "attendez! ". Mais quand même je m'inquiète en attendant, les vieilles habitudes rappliquent, le repli, et le mépris de soi si confortables. Donc décision, attaquer le quotidien, Everest idéologique, tenter de nettoyer une semaine, que dis-je, nettoyer une journée de boulot, de la poussière et des bibelots kitch des petits arrangements qui sont les micro-défaites, reconquérir minute par minute l'espace et le temps de ces journées, sans céder à la tentation de fuir au-dehors de cette journée ne serait-ce qu'en imagination. Reconquérir ici maintenant ces positions minées et faire le même voeu que le fou qui traverse les piscines avec une bougie dans les films de Tarkowsky : si jamais je traverse la piscine, la journée, sans que la bougie s'éteigne alors le monde sera sauvé...
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Message par drÖne »

Rhââââ ! Tarkovski ! Stalker ! Mon film fétiche ! La notion de sacrifice ! Oui, je pense également que c'est la seule manière de faire avancer le monde en dehors des rails de la destruction programmée. Commencer par le quotidien, cet espace de sur-idéologisation, oui oui oui ! La NdM était déjà une tentative de bouleversement du quotidien des teufs (halte au gigantisme et à la dépolitisation des "saturday night fevers"), mais le quotidien, tel le cancer, déploie ses métastases partout... et revient au galop si vite, hélas. Le quotidien c'est comme un arc réflexe entre des synapses, c'est pavlovien : "tous ensemble nous sommes plus fort"... même parmis les participants à la NdM, ce slogan ridicule a de nouveau fait florès il y a quelques jours. L'arc réflexe... nous sommes des chiens de Pavlov, rien de plus.

Il va faloir que nous, qui croyons pouvoir (plutôt devoir ! soyons moralistes !) peser sur la marche du monde, même à notre petit niveau, il va falloir quitter nos communautés de référence. Car les arcs réflexes n'ont une telle efficacité que si les chiens de Pavlov sont tous sous le regard de leur maître : le "on", le "nous", la communauté de référence qui leur donne leur but, être ensemble comme on serait en tas, au chaud dans la niche. Car avancer seul fait peur aux gentils n'alternatifs comme aux méchants beaufs que critiquent les n'alternatifs sans se rendre compte qu'en rien ils ne s'en distinguent, si ce n'est sur le plan du look, ou d'ânneries aussi vaines.

La NdM a été une étape importante, certes, mais elle ne s'est pas, à mon avis, accompagnée d'une réelle remise en cause des arcs réflexes, du moins pour la majorité des gens de la free. Il aurait fallu pour cela que chacun sacrifie plus qu'il n'a sacrifié. En revanche, je suis persuadé qu'au sein de chacun des milieux qui a pu se sentir concerné, on a touché quelques personnes (et nous les premiers, nous qui en discutons ici) qui sont en phase de reconstruction intellectuelle. C'est avec ces rares égarés qui préfèrent les sentiers aux autoroutes que j'ai envie de partager ma solitude. Mais plus tellement avec les autres. D'ailleurs, dans Stalker, avant le sacrifice il y a le déplacement hors du monde social : le Stalker embarque les 2 personnes (le scientifique et l'écrivain) hors de la base militaire d'où on voudrait qu'ils ne partent pas : il faut qu'ils rusent pour s'échapper. C'est ça, la leçon de Stalker : le sacrifice se déploie dans une temporalité et commence avant la traversée de la piscine, dans le déplacement hors de tout collectif. Même si, et ça reste essentiel, c'est pour sauver le monde de tout le monde que le Stalker fait ce qu'il fait (rien à voir avec une dynamique égoïste).

Pour ceux qui n'auraient pas entendu parler du film Stalker, de Tarkovski, j'ai trouvé cette page web qui résume bien l'idée du film (il y a un préambule un peu long dont vous pouvez vous passer pour aller directement au milieu de la page, là où commence vraiment l'article) :

http://stalker.hautetfort.com/archive/2 ... ovski.html

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Message par LLB »

Ce que tu dis me fais penser à une lointaine conversation avec un anthropologue ( un anthropologue "raté" devenu gardien de musée après sa thèse d'état, tout arrive). Il me disait que ce qui était fondamental dans la conception de la diversité culturelle, c'était de savoir, de croire, d'éprouver, qu'il y avait certaines dimensions de l'être humain et des sociétés humaines qui étaient incarnées hors de vue pour nous, hors de témoin, ailleurs, que les ethnologues rendaient essentiellement compte de ce phénomène inouï de manière professionnelle, renouveler la sidération éprouvée face à la diversité, elle-même fragile, extrêmement. Manque de pot, on s'habitue, on neutralise, on en fait des produits qui ont plus de réalité que ce sur quoi ils portent, tout est supposé être inventé, construit par le regard, il n'y a plus que la posture absurde et arrogante de cette hyper constructivisme morbide, circulez les naïfs, il n'y a rien à voir, tout est construit, recontruit, co-construit. Rien ne se perd jamais, ne craignez rien, pas de nostalgie ici, il n'y avait rien avant de toutes façons, les Dogons n'existent pas, tout est construit.

Mais si on récupère le sentiment que des choses peuvent disparaître d'une part, et qu'on peut choisir de perdre des choses volontairement d'autre part, alors on peut peut-être sortir de cette situation molle et insuportable où la haine du sacrifice (haine partagée par tous les mouvements, dominants et dominés, au non d'une commune horreur de l'association du terme avec le fanatisme religieux), la haine générale du sacrifice n'est finalement jamais rien d'autre que le corollaire que la haine de la diversité.
Mais bon, je vois bien combien tout est sujet à caution dans ce que je dis là. J'envoie quand même, on continue plus tard.
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Message par drÖne »

Je vois mal le lien entre le refus du sacrifice et le refus de la diversité : tu peux préciser ? Sinon, je suis comme toi convaincu que bien souvent la revendication de la diversité n'est qu'une forme de plaidoyer pro domo de certaines communautés marginalisées. Or, ce plaidoyer, ne serait-ce que pour pouvoir être formulé, nécessite que ces communautés se regroupent et fassent bloc contre d'autres communautés : on en arrive alors au "tous ensemble" des militants de tous bords, slogan qui est LE paradoxe par excellence, car il nie la possibilité même de la diversité. je ne sais pas si on peut sortir de ce paradoxe à moins de sacrifier l'efficacité, justement. Je crois que c'est ça : l'utopie réelle n'a rien à faire de l'efficacité, mais pour qu'elle puisse être formulée et donc désignée en tant qu'utopie, il faut un minimum d'individus regroupés. Mais entre se regrouper pour réclamer la diversité, et tuer la diversité à force de se regrouper, il y a sans doute à faire le sacrifice de l'efficacité de l'action du groupe. C'est peut-être ça que tu voulais dire ? Pour moi non plus, ce n'est pas forcément clair. Ni très confortable d'ailleurs...

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Message par LLB »

En fait je me suis laissée emporter, pour mettre ensemble deux choses, la diversité et le sacrifice, dont je ne sais pas exactement pourquoi je les associe.
Mais ça a à voir avec l'idée plus nette pour moi désormais que c'est dans le quotidien qu'on peut essayer non pas de rajouter une couche d'action par rapport à ce qu'on fait déjà, mais de retrancher des choses, et donc de renoncer à ce qui nous constitue comme des individus homogènes, occupés, actifs, intégrés, reliés. Je pense qu'on est souvent tout à fait prêts à faire des choses en plus de tout le reste pour se donner l'impression d'agir sans perdre le sentiment qu'on participe à des collectifs qui nous relient à des histoires longues, des significations qui nous dépassent. C'est plus difficile de renoncer à des choses (lesquelles d'abord?), de les perdre sans garantie que ça serve à rien à l'échelle collective, sans témoins qui puisse nous rétribuer symboliquement en donnant une portée collective possible à ce qu'on perdrait.
Et en effet, perdre, renoncer, sacrifier des choses, ce n'est pas du tout renforcer l'action de collectifs, c'est à l'inverse s'isoler et devenir encore plus inefficacE;
Et pourtant je sens bien qu’en ce moment, l’enjeu n’est pas du tout en effet d’être efficace mais de réussir à penser différemment et pour ça il faut se créer chacun des états où on peut arriver à penser différemment. Le mal être terrible qu’on ressent pour beaucoup d’entre nous vient peut-être du fait qu’on est prisonnier jusqu’à la moelle des idéologies qui nous agissent parce que pragmatiquement, matériellement, mentalement, on est à l’intérieur de tout ce qu’elles ont construit, mais qu’en même temps, on voudrait en sortir. On souffre comme si on voulait se sortir des sables mouvants en se tirant par ses propres cheveux. Pour en sortir, il faut chercher des états différents sans être sûrs de les trouver, et pour ça, il faut créer des rythmes, des impressions, des réflexes, des sensations différents. Or tout est saturé, il n'y a pas de vide, pas de silence pas de temps. D'où l'effort peut-être d'essayer de traverser le quotidien, encore une fois, avec l’attention extrême du fou qui fait traverser la piscine à sa chandelle, sans être sans cesse occupé à faire tout ce qu’il y a à faire de superflu. Mais je ne sais pas encore comment on y arrive.
Moi jusqu'ici, j'entendais parler de sacrifice à propos des situations où on se soucie de l'intérêt d'autrui avant le sien, ou plutôt, quand on fait passer l'intérêt de collectifs auxquels on appartient avant le sien. Mais en même temps, je n'ai jamais ressenti ces situations comme des sacrifices, parce qu'en fait, on procède toujours comme ça parce qu'on est payé de retour, ou qu'on attend de l'être, en voyant des choses marcher, en se sentant bien avec les gens, en construisant, etc.
Maintenant, je pense que le sacrifice comme chez Tarkovski, c’est tout autre chose, c’est pas rapport à soi essentiellement. Mais toujours forcément parce qu’on le fait aussi pour quelqu’un, pour autrui, un, plusieurs, mais qui sont nos témoins et nos référents, et non les bénéficiaires du sacrifice. De toutes façons, on ne peut rien faire si à la clé on ne sent pas quelque chose qui peut être vécu joyeusement. Perdre des choses oui, mais parce qu’on chercher avant tout à récupérer la possibilité d’être tout simplement contents d'être en vie et d'être en vie en même temps que ceux avec qui on est en vie.
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