monsiuer christian vanneste

[dana]

C’est bien dans la mesure où quelque chose dans tout discours qui fait appel au “tu” provoque à l’identification camouflée, secrète, qui n’est que celle à cet objet énigmatique qui peut être rien du tout, le tout petit plus-de-jouir d’Hitler qui n’allait peut-être pas plus loin que sa moustache, voilà ce qui a suffi à cristalliser des gens qui n’avaient rien de mystique, qui étaient tout ce qu’il y a de plus engagés dans le procès du discours du capitalisme avec ce que cela comporte de mise en question du plus-de-jouir sous sa forme de plus-value. Il s’agissait de savoir si à un certain niveau, on en aurait encore son petit bout. Et c’est bien cela qui a suffi à provoquer cet effet d’identification.
Il est amusant simplement que cela ait pris la forme d’une idéalisation de la race, à savoir de la chose qui dans l’occasion était la moins intéressée. Mais on peut trouver d’où procède ce caractère de fiction. On peut le trouver. Ce qu’il faut dire simplement, c’est qu’il n’y a aucun besoin de cette idéologie pour qu’un racisme se constitue, qu’il suffit d’un plus-de-jouir qui se reconnaisse comme tel et que quiconque s’intéresse un peu à ce qui peut advenir fera bien de se dire que toutes les formes de racisme en tant qu’un plus-de-jouir suffit très bien à le supporter, voilà ce qui maintenant est à l’ordre du jour.
Voilà ce qui pour les années à venir nous pend au nez, vous allez mieux saisir pourquoi quand je vous dirai ce que la théorie, l’exercice authentique de la théorie analytique nous permet de formuler quant à ce qu’il est du plus-de-jouir.”

Lacan, Séminaire 1971, D’un Discours qui ne serait pas du semblant (voir la http://perso.wanadoo.fr/espace.freud/to ... mblant.htm)

[LLB]

Quoi qu'est-ce? Vite donne nous ton éclairage sur cette citation de Lacan dont on ne dira jamais assez qu'il n'est pas facile à suivre

[dana]

il est 1h30 et je reviens d'un match de volley à l'autre bout de l'auvergne
et on a pas mal bu après le match
suis cassé de partout donc je vais être bref
je ferais un commentaire plus détaillé demain
déjà
ce que dit Lacan c'est que le racisme, pour se manifester, n'a pas besoin de grandes installations idélogiques. Que ça renvoie plutôt au fond à ce que j'appelerai nos intérêts primaires - c'est-à-dire la recherche d'un plus-de-jouir (ce qui se comprend assez bien je crois) : l'identification au leader, au kaiser, au démagogue, s'opère d'autant plus aisément qu'est promis ce plus-de-jouir. Lisez les discours de Sarkozy : peut-on parler d'idéologie ? non ! il s'agit plutôt d'un discours qui s'adresse au "tu", qui dit : je t'ai compris. Je te promets un plus-de-jouir : c'est sur ce terrain là qu'on peut faire passer n'importe quoi, y compris le racisme dans le sens justement où le processus d'identification s'appuie CONTRE (dans tous les sens du terme) un autre, un xénos, un étranger (celui à qui ne s'adresse pas le "tu") . Le processus d'identification délimite aussi la frontière avec l'autre - au sens de xénos, ou de barbare (qui ne parle pas comme moi).

En disant ça il s'oppose (on est en 1971) aux discours universitaires qui cherchent les origines politiques et idéologiques du racisme - il renvoie ce qui est normal pour un psychanalyste, aux pulsions primaires - et commente par là même le texte de FReud : psychologie collective et analyse du moi

(et il se fait prophète en précisant que c'est ce qui est à l'ordre du jour et qui nous "pend au nez")