Un de mes minot est allé en teuf ce soir. C'est Toni dans sa classe qui a initié l'affaire, location de salle, cotisation pour les frais, organisation d'un battle de danse que mon garçon a mitonné aux petits oignons, bref joie! tous ceux qui se retrouvent se connaissent depuis la rentrée du lycée ou du basket mais n'ont jamais fait la fête.
20h, le lionceau va chercher Hassan et sa soeur pour aller ensemble. Trois heures après il revient à la maison éteint la lumière et se couche aussitôt.
A peine ça a commencé les premiers vols de portables et portefeuille ont été constatés. Tout le monde vérifie ses poches : la razzia. Que personne ne sorte. Trop tard, machin est allé faire un tour. Machin est un pote. Truc aussi s'est éclipsé, et bidule. Tous des potes.
Toni avait eu l'idée d'une fête pour une super soirée de super éclate de potes.
Certains ont préfére passer une super soirée de super éclate de vols de portables et portefeuilles de leurs potes.
Lundi il faut retourner au lycée. Personne ne dénoncera parce qu'il y a des principes, et surtout, parce que l'échec et la honte sont déjà retombés sur les organisateurs.
Ceux qui imaginaient la bonne soirée etc.
Ceux qui croyaient qu'ils avaient de bons potes, etc.
Ainsi sont les choses, je ne peux pas faire que mon lionceau n'ait pas vécu cette déception, je ne peux pas faire qu'il n'ait pas vécu les insultes de la part des graffeurs du mur où il ne va plus jamais, je ne peux pas faire qu'il ne se soit pas fait menacer sur les forum de danse où il ne poste plus rien, je ne peux pas faire qu'il rencontre tant de connards dans sa quête des merveilleuses cultures de rue et ambiances festives. C'est triste et morne que certains contemplent des dizaines de portables et de portefeuilles inutilisables. Notez que demain, il sera frais et retendu à bloc, c'est moi au fond qui ne récupère pas si bien.
Un lionceau en teuf. Dur. Dure quoi? Dure leçon?
Modérateur : drÖne
Un lionceau en teuf. Dur. Dure quoi? Dure leçon?
Le Lion Bleuflorophage
Finalement non il n'est pas frais et retendu à bloc, au terme de cette journée de lundi, le voilà accusé de ces vols par des participants à cette fête. Il est extrêmement gentil et je me demande si ce n'est pas là la principale raison pour laquelle le voilà calomnié, sa gentillesse en acier trempé.
Le Lion Bleuflorophage
dur la vie de maman :D
en tout cas par experience personnelle, j'ai des parents coco et tres portés sur le social et la non violence ... he bah je peux te dire que quand j'etait plus jeune on aurait surtout du m'inciter a cogner un peu plutot que de me bassiner avec toutes ces belles idées ...
les gentils se font toujours baiser et je me suis fait baiser longtemps à ce jeu la
être gentil oui, super. mais il faut aussi savoir se faire respecter. Pas forcement par la violence d'ailleurs, mais ca doit être envisagé comme une possibilité sinon tu fini "victime de service".
en tout cas par experience personnelle, j'ai des parents coco et tres portés sur le social et la non violence ... he bah je peux te dire que quand j'etait plus jeune on aurait surtout du m'inciter a cogner un peu plutot que de me bassiner avec toutes ces belles idées ...
les gentils se font toujours baiser et je me suis fait baiser longtemps à ce jeu la
être gentil oui, super. mais il faut aussi savoir se faire respecter. Pas forcement par la violence d'ailleurs, mais ca doit être envisagé comme une possibilité sinon tu fini "victime de service".
Je comprends ce que tu veux dire mais en même temps, on ne peut pas réellement apprendre des choses aux enfants hors de ce qu'on leur fait vivre, c'est le problème : on ne peut pas je pense apprendre à ses enfants "à se défendre" si ça n' a pas d'ancrage dans les relations qu'on développe avec eux, et qu'on ne peut pas réellement rationaliser ou organiser consciemment. Je pourrai dire et répéter "ne te laisse pas faire etc." ça sera des paroles, des leçons désincarnées, si ça ne correspond pas à quelque chose qui se vit avec eux, et c'est là que je ne vois pas trop comment procéder. Je me souvient du livre de Richard Wright, "Black boy", qui raconte son enfance de gamin noir dans des conditions de pauvreté et de dureté terribles. Il a cinq ou six ans, sa mère l'envoie acheter quelque chose et lui donne un peu d'argent, il se fait immédiatement battre et dévaliser par d'autres gamins dans la rue. Il revient en pleurant, sa mère lui redonne l'argent, il se fait voler et tabasser, revient, elle le renvoie, ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il devienne désespéré et n'ait pas d'autre issue que de se défendre à tout prix. Rétrospétivement la scène est pleine de sens car elle est une figure de "leçon de vie" qui permet au môme de changer brutalement et de devenir un dur. Mais primo le môme pouvait aussi bien échouer, et cette scène ne pas pouvoir être mise en relation implicite avec sa réussite éclatante d'auteur noir. Combien d'échecs dans des confrontations pour un seul récit qui acquiert une valeur emblématique. Ensuite, dans le cas de mes enfants, je ne les mettrais pas dans ces conditions au quotidien parce que eux et moi avons entendu parler des expériences traumatiques qui affaiblissent plus qu'ils ne renforcent, ça fait partie désormais de notre culture, et ce sont des récits et des figures qui concurrencent les récits et les figures du caractère qui se trempent dans l'épreuve.
Peut-être que c'est une question d'expériences antérieures aussi. Quand ils étaient tout petits, ils cotoyaient souvent quelques amis au RMI ou sans ressources qui étaient éclatants de personnalité comme d'autres ici . L'un d'eux avait l'habitude de dire qu'il n'avait jamais eu de vai copain si petit "je veux dire, un vrai copain" et il est arrivé que mon garçon le voit extrêmement saoûl et malheureux et apprenne ainsi que ce n'était pas là "sa nature". C'était merveilleux je pense pour un gamin d'avoir un copain authentique si grand, et ça a peut-être forgé une partie de sa fascination pour la rue et les gens qui s'expriment, qui y graffent qui y dansent, qui y cherchent des choses. Paradoxalement, quelque chose de super, de lumineux, de rare, une grâce peut-être un peu trop précoce, qu'on a encouragée, et qu'il essaie de retrouver au prix de bien de désillusions. Mais je pense que ces expériences vont peut-être lui apporter des choses aussi, je ne sais pas lesquelles, on ne peut jamais rien savoir. Elles mettent en lumière en tout cas un gachis inexplicable de bonne volonté et de fraternité potentielle.
Peut-être que c'est une question d'expériences antérieures aussi. Quand ils étaient tout petits, ils cotoyaient souvent quelques amis au RMI ou sans ressources qui étaient éclatants de personnalité comme d'autres ici . L'un d'eux avait l'habitude de dire qu'il n'avait jamais eu de vai copain si petit "je veux dire, un vrai copain" et il est arrivé que mon garçon le voit extrêmement saoûl et malheureux et apprenne ainsi que ce n'était pas là "sa nature". C'était merveilleux je pense pour un gamin d'avoir un copain authentique si grand, et ça a peut-être forgé une partie de sa fascination pour la rue et les gens qui s'expriment, qui y graffent qui y dansent, qui y cherchent des choses. Paradoxalement, quelque chose de super, de lumineux, de rare, une grâce peut-être un peu trop précoce, qu'on a encouragée, et qu'il essaie de retrouver au prix de bien de désillusions. Mais je pense que ces expériences vont peut-être lui apporter des choses aussi, je ne sais pas lesquelles, on ne peut jamais rien savoir. Elles mettent en lumière en tout cas un gachis inexplicable de bonne volonté et de fraternité potentielle.
Le Lion Bleuflorophage