Comme j'aimerais pouvoir lire ce forum sur papier, en format tabloid, vautré dans mon canapé avec moumoute en poil de chat authentique... L'écran agresse un peu, dès que la discussion sort du mode SMS.
J'ai retenu un passage de LLB que je sors de son contexte :
les ruses de l'ego sont nombreuses, et le seul moyen, c'est d'avoir des lieux où on peut essayer d'être honnête avec soi-même et avec ceux avec qui on discute, parce qu'on n'est pas en compétition ni en représentation
Ca m'a interpellé parce que je crois beaucoup à l'anonymat comme un frein aux dérives de l'égo, ou aux tentations de récupération. Comme un moyen peut-etre aussi de se révéler sans contrainte, comme la nudité qu'on pourrait considérer comme un déguisement (?)
Je vous ai lu réfléchir (bizarre comme tournure ça) sur une idée de journal/affiche. Ca se pratiquait à Toulouse dans le quartier Arnaud Bernard (quartier multi-ethnique et populaire au coeur du centre ville, pas loin de la bourse du travail, bastion syndicaliste) où un irréductible poète pas pouet pouet tractait sur le matériel urbain des pages manuscrites photocopiées, de ses réflexions/critiques joliment tournées. Les mémés s'arretaient pour lire, des étudiants de droit moins droits que les autres aussi (la fac est a coté). Les habitués du quartier pouvaient deviner qui était l'auteur, mais il signait toujours sous son patronyme poétique. Que j'ai oublié. Vous connaissez une adresse pour une injection de neurones ?
Je crois que ce qui fonctionnait bien c'est qu'il n'avait pas un discours typé "syndicaliste" et que la forme était très simple : des pages a4 manuscrites collées cote à cote.
Pour revenir aux formes que peut prendre la convergence, je suis passioné aujourd'hui par une (nouvelle ?) utilisation/perspective du web que vous n'avez pas encore évoquée, c'est la notion de communautés qui construisent du réel même si l'efficacité en est toute virtuelle. Du média de "simple" communication (usenet, les forums ou les blogs dont dröne faisait remarquer justement qu'ils sont paroles dans le vent, ou la publication de contenus riches mais statiques) on arrive à des expériences concrètes et réussies comme le wikipedia par exemple, une encyclopédie collective et anonyme où chacun peut apporter sa connaissance, traduire, contredire. La somme de ce qui s'y passe construit un tout que personne ne peut s'attribuer.
http://fr.wikipedia.org pour la version française, ou
http://www.wikipedia.org pour le site international.
Dröne : est-ce que la pérénnité de la communication pourrait être une meilleure façon d'envisager l'efficacité ?
Le logiciel libre est très à la mode en ce moment (toutes les publications informatiques pour managers en rafolent) mais c'est aussi une réalité : des communauté de développeurs indépendants réussissent à mettre au point des logiciels aussi performants, simples et accessibles que ceux des grandes "majors" du logiciel, que ce soit du système d'exploitation, de la bureautique, du multimédia...
Cela existe parce qu'il y a des buts et des intérêts communs, parce que cela représente des valeurs d'indépendance mais aussi un modèle économique (ouh le vilain mot) et qu'aucun individu leader ne peut s'approprier quoi que ce soit : le "libre" (pour résumer) n'est pas développé dans un cadre de joyeux bordel soixantehuitard mais protégé par différent types de licences très précises. Des règles, quoi.
Et des règles, des cadres, je crois qu'on en a besoin pour savoir quoi faire dedans. Je ne me suis jamais senti autant exister que depuis que je suis actionnaire d'une sarl (là, si je me dépeche pas d'expliquer, je vais me faire lyncher). La boite ou je bossais depuis quelques années a coulé (pme dans le domaine du web, d'où mon côté geek), on a fait le pari avec mes collègues de continuer à bosser ensemble parce qu'on aime nos boulots et qu'on est sur une assez proche longueur d'onde. Tendance scop.
Et parce qu'il faut bien bouffer aussi, alors autant pas avoir la bile au ventre en partant le matin.
Ca me permet aujourd'hui, parce que je suis un peu plus décisionnaire, d'aborder et de mettre en avant des valeurs qui me tiennent à coeur, comme les problématiques d'accessibilité aux handicapés, le respect des standards pour que le web soit un média horizontal... Pour ça, je me "bats" au quotidien avec les dictats du marketing (la com', souvent pollution inutile et manque de respect) et les gourous de l'informatique (plus sensibles aux solutions qu'aux problèmes).
Pourquoi je vous raconte ma vie professionnelle ?
Parce que je pense qu'à mon petit niveau, j'ai du concret à y apporter au quotidien, que j'en suis le premier surpris, et que je ne pense pas être le seul.
J'ai un parcours assez long dans l'associatif (presse indé, radio, collectif et label), la plupart du temps bénévole se nourrissant de cacahuètes, ou j'ai toujours été freiné par une forme d'immobilisme, par un manque de rigueur (règles). Impression de tourner en rond, entre les discours creux surgelés ("tous des pourris, c'est trop pas juste"), les crises d'égo et besoins de pouvoir pas clairement assumés... Je me suis quand même fait virer d'un magazine indé assez important parce que je trouvais que la pub pour les disques influençait notre façon d'écrire et que je voulais en parler en réunion. Après quatre ans de bénévolat à raison d'une vingtaine d'heures par semaine, ça peut décevoir.
Pourquoi je vous raconte ma vie professionnelle (bis) ?
Parce que je ne suis
"pas en compétition ni en représentation" et que je voulais apporter un point de vue de :
- - pas teuffeur
- pas manifestant
- pas crevant la dalle mais pas lobotomisé non plus
et que les récalcitrants peuvent se cacher là où vous ne les attendez pas.
Dans le mot convergence, ce que j'aime bien, c'est qu'il contient les sexes masculins et féminins.
Au plaisir de vous avoir fait chier avec un post long, pour une fois...