et vlan : un petit feyerabend dans les gencives :)

Discussions sur les enjeux politiques et socio-culturels des musiques populaires ou savantes.

Modérateur : drÖne

dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

et vlan : un petit feyerabend dans les gencives :)

Message par dana »

ha lala
s'il était encore de ce bas monde
ça le ferait doucement hurler de rire tout notre bordel autour des artistes arglll


"Je ressens un malaise de ce que, quand vous parlez à votre manière abstraite de l' "autonomie", si loin, apparemment, de tout ce qui est sale et bas comme l'argent, vous voulez en fait que le public paie les artistes (ainsi que les scientifiques, et les "grands professionnels de la sensibilité") pour qu'ils puissent vivre et travailler, eux, les artistes, etc.. à leur guise, c'est-à-dire "en parasites" : les universitaires, grace au chapeau magique de la "liberté académique" ont réussi, il y a bien longtemps, à rendre le parasitisme respectable - mais maintenant les artistes veulent une part du gâteau. Je suis contre le parasitisme (à moins que tout le monde ne soit d'accord) et cela signifie que je suis contre la liberté académique et, naturellement, contre n'importe quelle "autonomie artistique" correspondante."

Paul Feyerabend, Adieu la raison, Seuil 1985.
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

Certes... Mais de 1955 à 1974 (date de sa mort), Feyerabend a tout de même été le "parasite" de L'université de Bristol, puis de Berkeley, sans doute grassement payé par le contribuable américain pour développer sa théorie "anarchiste" de la science. Il ne semble pas avoir démissionné pour mettre ses idées philosophiques et morales en accord avec ses actes. Donc : vive le parasitisme universitaire, qui a été, rappelons le, une victoire contre le mécénat privé au XVIIème siècle, et n'est pas sans lien avec le concept d'Etat Providence via l'influence conceptuelle de Bacon...
Sans le lien entre l'Etat et la recherche qu'il a conceptualisé, nous n'aurions peut-être pas assisté aux Lumières et à la Révolution française (certainement pas, à mon avis, et je relis Habermas en ce moment donc j'en suis de plus en plus convaincu). Il ya un lien historique et structurel entre la pérennisation du travail de la pensée (appelons ça philosophie ou recherche, ou science, ou travail universitaire payé par l'Etat, peu importe) et l'émergence d'un espace public démocratique dans la deuxième moitié du XVIIème.

Ce qui pose problème, ce n'est pas ce que dénonce Feyerabend, du haut de sa propre prétention de philosophe à l'autonomie (et je vois mal en quoi il diffère de ce point de vue des artistes ou du reste du monde moderne), à savoir le statut de fonctionnaire de l'Etat. Ce qui pose problème c'est ce que ces fonctionnaires font de ce statut et le fait que l'institution a abandonné ses missions utopiques sous l'influence de la bureaucratisation opérée à l'ère industrielle, et qui n'a jamais été aussi impressionnante de stupidité qu'aujourd'hui. Contre ça, oui, on peut - et on doit - lutter. Mais il serait stupide de jeter le bébé avec l'eau du bain au nom de principes qui reposent justement sur ces missions oubliées de nos institutions. Changer le monde ? OK, mais il y a des chances pour que ça passe par l'action au sein des institutions pour les changer, plus que par leur critique systématique d'un point de vue moral comme s'ils s'agissait, en soi, du mal absolu (vieille pulsion anar contre laquelle je lutte moi-même chaque jour...). Le travail, les lieux du travail, sont les espaces sociaux où se joue l'autonomie de l'individu. Et certainement plus que dans les galeries d'art...

Reste qu'il en faut de l'énergie pour survivre en ce moment à la bureaucratisation de la pensée... alors si tout le monde se met à tirer courageusement sur des ambulances arrêtées au bord de la route, on ne va pas aller bien loin.

Quant aux artistes... live & let die. Moi je refuse d'être associé à quoi que ce soit qui prenne le nom d'artiste : je suis un artisan du son, un ouvrier spécialisé de l'électronique.

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

Ce que j'aime chez rorty et feyerabend, c'est le dégoût qu'ils suscitent chez la grande majorité de leurs collègues. Il suffit de citer leur nom pour s'attirer la foudre. C'était de la provoc gratuite de ma part, so excuse me.
Le texte date de 1985. C'est à noter : et il s'adresse avant tout aux universitaires anglo-saxons et aux scientifiques qui avient un peu de mal à digérer Kuhn. Son problème est : le statut d'exception des universitaires et des artistes, les privilèges accordés à leur profession, dans nos sociétés va-t-il de soi ? Rien que de poser la question, évidemment, ça chatouille un peu. Mais je ne sais pas si la question a un sens : ce qui m'excite c'est uste de me la poser.

Mais en réalité, si j'ai cité ce texte, c'est qu'il a engendré chez moi un autre texte, en phase de relecture. ET j'espère en avoir fini la rédaction cet après midi : je mettrais le lien tout à l'heure donc. Ton refus assumé du titre d'artiste est un peu le sujet du texte (dont le titre pourrait être : La référence à l'art et aux artistes dans les débats en cours
sur le droit de la propriété intellectuelle
)

quant à la propre prétention de philosophe à l'autonomie (de la part de feyerabend), c'est bien mal connâitre le bonhomme que de dire cela dröne !
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

dana a écrit :Ce que j'aime chez rorty et feyerabend, c'est le dégoût qu'ils suscitent chez la grande majorité de leurs collègues. Il suffit de citer leur nom pour s'attirer la foudre. C'était de la provoc gratuite de ma part, so excuse me.
Y'a pas de mal : j'ai un peu lu Feyerabend et je ne suis pas du tout opposé aux visions de la science qu'il propose, en particulier son idée d'une rationalité locale et pratique à l'oeuvre dans tel et tel labo, et qu'il oppose à l'idée de Rationalité comme norme. A la restriction près - et elle est importante - que désigner la rationalité comme norme sans effet pratique dans l'exercice de la recherche ne tient pas. Car si les rationalités pratiques et locales de la recherche existent bien, ce n'est pas sans référence à des représentations de la rationalité comme norme qui existent également et circulent dans l'espace public en général, et dans les écrits des chercheurs également. C'est toujours l'erreur latourienne : dire que l'étude des normes est insuffisante pour expliquer le procès de la connaissance n'impose pas de dire que les normes n'existent pas en tant que représentations et que, partant, elles orientent les pratiques.
Le texte date de 1985. C'est à noter : et il s'adresse avant tout aux universitaires anglo-saxons et aux scientifiques qui avient un peu de mal à digérer Kuhn.
Ca commençait pourtant à pénétrer les campus américains et anglais, grace aux Sciences Studies et aux Cultural Studies. Il me semble bein que c'est au début des années 80 que ça a commencé, avec le champ STS (Science, Technonologie et Société) qui a été introduit en France par Latour (entre autres). Kuhn, oui, bien entendu, mais on reste là avec Feyerabend dans un ancrage disciplinaire plus philosophique que réellement sociologique ou anthropologique : c'est peut-être dans ce domaine disciplinaire de la philo/histoire des sciences que Kuhn a du mal à être accepté, mais sinon, c'est de la vieille histoire pour la réflexion universitaire plus proche des sciences sociales.
Son problème est : le statut d'exception des universitaires et des artistes, les privilèges accordés à leur profession, dans nos sociétés va-t-il de soi ? Rien que de poser la question, évidemment, ça chatouille un peu. Mais je ne sais pas si la question a un sens : ce qui m'excite c'est uste de me la poser.
C'est ça que j'appelle "tirer sur une ambulance" : quels privilèges si scandaleux par rapport, mettons, à ceux des politiques, des grands patrons des multinationales, ou des footballeurs ? Je veux dire, OK, on est privilégiés par rapport à des SDF, mais faudrait pas pousser le bouchon trop loin non plus : les vraies privilégiés sont ailleurs.
Mais en réalité, si j'ai cité ce texte, c'est qu'il a engendré chez moi un autre texte, en phase de relecture. ET j'espère en avoir fini la rédaction cet après midi : je mettrais le lien tout à l'heure donc. Ton refus assumé du titre d'artiste est un peu le sujet du texte (dont le titre pourrait être : La référence à l'art et aux artistes dans les débats en cours
sur le droit de la propriété intellectuelle
)
Good !
quant à la propre prétention de philosophe à l'autonomie (de la part de feyerabend), c'est bien mal connâitre le bonhomme que de dire cela dröne !
Ouais, enfin, quand on publie des tas de bouquins savants pour dire que la science obéit à des rationalités locales et pas à la Raison en soi, j'appelle ça développer une pensée autonome. L'inverse serait de faire de la recherche purement administrative au profit de son institution et de dire "les normes de mon institution sont bonnes, j'y adhère et tout le monde s'y conforme".

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

je t'avoue que ce qui m'intéresse chez lui, ce n'est pas tant la destruction qu'il fait de la philosophie des sciences et des institutions, mais plutôt son relativisme mouvant (parce qu'il a changé bien des fois son fusil d'épaule selon son pricnipe amusant : mes écrits et mes enseignements ont été le fait "d'un caprice passager, non celui d'une "conscience morale" ou quelque autre absurdité de la sorte")
Feyeraben, Austin ou Rorty sont des iconoclastes. Faut les prendre comme tels et ne pas essayer de les recadrer dans nos catégories de rationalité, de systèmaticité, de cohérence, habituels.
Chez eux la jouissance à écrire et à parler prend le pas sur la rigueur de l’argumentation.
Je dirais que c'est avant tout de la pensée qui donne à jouir : tu comprends ? Moi quand je lis Austin ou Feyerabend je suis mort de rire. Quand je lis rorty je me dis : il est quand même gonflé. Ils sont plein de mauvaise foi, prennent les règles de l'argumentation à la légère, se permettre des interprétations scandaleusement erronées d'auteurs respectées (le Heidegger de Rorty, ça fait franchement sourire). Mais c'est justement pour ça que je les aime. Parce que je fais pareil :)
Disons que ça secoue un peu le cocotier, et que ça fait du bien de temps à autres. Mais ils serairent les premiers à admettre qu'en aucun cas il s'agit de s'arrêter là.
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

dana a écrit : Je dirais que c'est avant tout de la pensée qui donne à jouir : tu comprends ? Moi quand je lis Austin ou Feyerabend je suis mort de rire. Quand je lis rorty je me dis : il est quand même gonflé. Ils sont plein de mauvaise foi, prennent les règles de l'argumentation à la légère, se permettre des interprétations scandaleusement erronées d'auteurs respectées (le Heidegger de Rorty, ça fait franchement sourire). Mais c'est justement pour ça que je les aime. Parce que je fais pareil :)
Disons que ça secoue un peu le cocotier, et que ça fait du bien de temps à autres. Mais ils serairent les premiers à admettre qu'en aucun cas il s'agit de s'arrêter là.
Mais alors dans ce cas, je préfère nettement la littérature. parce que ce que j'attends de la philo ou des sciences humaines et sociale, c'est ce que la littérature ne permet pas forcément : cohérence, cadrages, rationalité. En fin de compte, est-ce que tu ne considères pas que les auteurs que tu cites sont des artistes ? La mauvaise foi est, dans le domaine de la pensée, le comble de la prétention à l'autonomie, non ? Si ce que tu dis de Rorty est juste, alors pourquoi n'écrit-il pas plutôt de la bonne littérature au lieu de faire de la mauvaise philosophie ?

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

est-ce que tu ne considères pas que les auteurs que tu cites sont des artistes ?
oui absolument
mais pourquoi dis-tu de rorty qu'il fait de la mauvaise philosophie ?
qu'est-ce que tu t'imagines au juste sur ce que devrait être la philosophie ?
par exemple mes penseurs préférés sont dans le désordre et sans exhaustivité : Plotin, Epicure, Platon, Marc-Aurèle, Jean SCot ERigène, Leibniz, Maitre Ekhart, Hobbes, Hume, ROusseau, J.S. Mill, Thoreau, Emerson, Whitehead, Freud, Quine, Austin, Searle, Lacan, Rorty etc.. j'en passe et des meilleurs..
Qu'est-ce qu'il y a de commun entre tous ces gens-là ? je ne sais pas, à part la jouissance que je trouve à les lire.
mais je vois mal ce qui caractériserait une bonne et une mauvaise philosophie..
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

dana a écrit :
oui absolument
mais pourquoi dis-tu de rorty qu'il fait de la mauvaise philosophie ?
qu'est-ce que tu t'imagines au juste sur ce que devrait être la philosophie ?
par exemple mes penseurs préférés sont dans le désordre et sans exhaustivité : Plotin, Epicure, Platon, Marc-Aurèle, Jean SCot ERigène, Leibniz, Maitre Ekhart, Hobbes, Hume, ROusseau, J.S. Mill, Thoreau, Emerson, Whitehead, Freud, Quine, Austin, Searle, Lacan, Rorty etc.. j'en passe et des meilleurs..
Qu'est-ce qu'il y a de commun entre tous ces gens-là ? je ne sais pas, à part la jouissance que je trouve à les lire.
mais je vois mal ce qui caractériserait une bonne et une mauvaise philosophie..
Ben c'est toi qui disait qu'il y avait beaucoupde mauvaise foi dans les écrits de Rorty. Pour moi, peut-être un peu naïvement, la mauvaise foi fait plutôt partie de l'arsenal de la rhétorique que de la philosophie, non ?

Sinon, en ce moment, je m'intéresse à l'Ecole de Francfort et je sens que je vais m'intéresser encore plus à Marcuse. Il me semble que dans tous les débats autour des auteurs regroupés (à tort apparemment, vu l'hétérogénéité de la chose) sous l'étiquette "Ecole de Francfort", il y a des questions plus brulantes que celles proposées part Feyerabend. Plus politiques et liées à l'articulation entre théorie et pratique. 'fin bref, j'ai du boulot avant d'avoir fait le tour de ce binz...

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

Ben c'est toi qui disait qu'il y avait beaucoupde mauvaise foi dans les écrits de Rorty. Pour moi, peut-être un peu naïvement, la mauvaise foi fait plutôt partie de l'arsenal de la rhétorique que de la philosophie, non ?
mais oui
justement
ha lala
l'illusion c'est de croire qu'il y aurait quelque chose qui serait de l'ordre philosophique et qui échapperait (on se demande bien comment) aux effets rhétoriques : Witgenstein et bien d'autres ont montré de manière définitive à mon avis ("mon avis") que tout discours à prétention scientifique (et tout discours en général) emporte l'adhésion non pas tant en raison de la rigueur de son argumentation qu'en raison de la séduction qu'il exerce sur le lecteur (et sur l'auteur lui-même pour commencer :)
alors, je serais bien en peine de déterminer ce qui serait philosophique ou scientifique de ce qui ne serait qu'effet de rhétorique
la mauvaise foi est inévitable : autant en jouer :) Ce que font sans vergogne les auteurs dont je parle (ou du moins ils sont lucides quant à la portée de leurs discours)
il y un art de la conversation que les sémioticiens ne sont pas sans connaître tout de même !

L'école de Franckfort, arff, j'ai lu que quelques pages de marcuse y'a bien longtemps, Adorno j'en ai bouffé mais ça fait une paye, Habermas est pus récent
mais j'ai beaucoup beaucoup beaucoup de mal avec le hegeliano-marxisme qui fait la toile de fond de tout ça.. C'est tout grisâtre pour moi..
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

dana a écrit : mais oui
justement
ha lala
l'illusion c'est de croire qu'il y aurait quelque chose qui serait de l'ordre philosophique et qui échapperait (on se demande bien comment) aux effets rhétoriques : Witgenstein et bien d'autres ont montré de manière définitive à mon avis ("mon avis") que tout discours à prétention scientifique (et tout discours en général) emporte l'adhésion non pas tant en raison de la rigueur de son argumentation qu'en raison de la séduction qu'il exerce sur le lecteur (et sur l'auteur lui-même pour commencer :)
alors, je serais bien en peine de déterminer ce qui serait philosophique ou scientifique de ce qui ne serait qu'effet de rhétorique
la mauvaise foi est inévitable : autant en jouer :) Ce que font sans vergogne les auteurs dont je parle (ou du moins ils sont lucides quant à la portée de leurs discours)
il y un art de la conversation que les sémioticiens ne sont pas sans connaître tout de même !
Oui, justement : étant sensible à la nuance dans le vocabulaire, je pars de l'idée qu'entre reconnaître la nature fondamentalement langagière de la connaissance et user de mauvaise foi, il y a une différence. Tout comme il y a une différence entre la visée descriptive (= les sciences sont aussi prises dans les jeux de langage que les discours communs) et la visée pratique (= utiliser le langage pour ne faire que séduire, sous prétexte que la raison est langagière). En fait, je ne suis en aucune manière un relativiste moderniste.
L'école de Franckfort, arff, j'ai lu que quelques pages de marcuse y'a bien longtemps, Adorno j'en ai bouffé mais ça fait une paye, Habermas est pus récent
mais j'ai beaucoup beaucoup beaucoup de mal avec le hegeliano-marxisme qui fait la toile de fond de tout ça.. C'est tout grisâtre pour moi..
Ce qui m'intéresse là dedans, c'est la question de la rationalité et de la technique. Je suis en train de lire un dossier réalisé sur l'Ecole de Francfort dans la revue Quaderni. Y'a un article d'un philosophe américain (Andrew Feenberg) que je trouve très intéressant, faut que je le scanne et le poste ici, mais sinon la lecture historique de l'Ecole de Francfort par un autre philosophe (Christian Bouchindhomme) m'a confirmé dans ce qui avait justifié de mon intérêt pour cette "Ecole" : le fait qu'on en parle sans la connaître, qu'elle constitue plus une carricature aujourd'hui dans le champ universitaire qu'une réelle connaissance des auteurs et de leurs motivations politiques, et qu'on a encore bien du boulôt, nous, en france, avant de comprendre quoi que ce soit à tout ça. Bref, je dois être plus attiré par la grisaille hégéliano-marxiste que par les jolies couleurs de la sophistique nord-américaine.

D'abord, on vit dans un monde de grisaille, peuplé de bureaucratie rationaliste, cerné de béton et de technologies de contrôle, et c'est pour ça que ces auteurs un peu vieillots m'intéressent : on sent qu'ils n'ont pas subit le laminage idéologique du relativisme post-post-post-moderne. Je sais : je ne suis pas "moderne".

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Verrouillé