les mouches mortes, roman à suivre, un épisode chaque jour

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Modérateur : drÖne

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drÖne
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Message par drÖne »

Je trouve intéressante la manière dont tu ne raccontes pratiquement rien des actions de ton personnage. Pour les chiens, tu ne représentes pas la scène du massacre, mais seulement le visionnement de la vidéo vue par des amis du "héro". Il y a bien une cohérence, de ce point de vue, avec ce que tu disais de ta manière de réfléchir sur les idées dans ce texte. C'est bien avec l'action que ton personnage semble avoir des problèmes : toutes ses idées lui semblent se valoir car il n'agit pas. Les rares fois où il agit, soit il part dans les pommes (après avoir agressé la meuf dans sa caisse), soit il crée une représentation de cet acte (la vidéo des chiens). C'est aussi cohérent avec le déroulement du récit : ton personnage ne change pas, pour l'instant, faute d'agir sur le monde, et faute de mettre en relation ses idées avec ses actions. A vue de nez, je dirais qu'il est à la veille d'une crise qui soit le libérera, soit l'enfoncera un peu plus dans le néant, et que cette crise devrait venir d'une rencontre suivie d'une action. M'enfin, j'attends la suite pour voir si je me gourre !

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

Il y a un type dans le tramway qui picole Il me regarde marmonne un truc je ne comprends pas quoi Je me demande ce qu’il cherche à oublier Quand j’étais gamin qu’on roulait en voiture sur l’autoroute j’essayais de me concentrer pour savoir ce que pensaient les passagers des autres voitures maintenant encore ça m’arrive ça marchait pas avant ça marche toujours pas maintenant Lui là je me demande sa sale gueule l’oeil rouge la vieille barbe il pue la crasse froide il parle tout seul Il est foutu c’est un rebut une ordure il est mort son âme n’existe plus c’est un déchet il est foutu je me demande à quoi il pense est-ce qu’il pense au moins ou bien est-ce que c’est juste le chaos il s’envoie une rasade il fait la grimace c’est vraiment de la merde ce qu’il boit les autres dans le tram les autres ils le matent tous ils ont le mépris rien d’autre rien d’autre que le mépris l’oeil méprisant un petit pli au coin de la bouche de ceux qui sont le plus près sans doute l’odeur il doit puer il a l’air vieux au moins soixante dix ans mais il doit en avoir cinquante cinquante-cinq maximum il marmonne j’essaie de comprendre mais c’est pas français ni allemand ça doit être du dialecte il a les joues rouges le nez rouge il lui manque une dent ses cheveux sont blancs poisseux de sueur il porte un vieux pull un imper marron un vieux jean des vieilles godasses sans chaussettes il marmonne je veux savoir ce qu’il pense je veux savoir ce qu’il pense mais impossible Le tramway s’arrête je descends j’oublie vite son visage

J’hésite Je suis chez moi je ne sais pas La télé en fond sonore une émission à la con Des gens rient Moi j’hésite Peut-être demain Je ne sais pas

Je suis assis à mon bureau Je lis le courrier du jour Rien ne capte mon attention Je ne suis pas réveillé Le goût du café s’attarde dans ma bouche Ma salive est épaisse Elle a une saveur amère Je suis engourdi J’ai envie de m’allonger Je lis les lettres comme un robot je prends des notes Il est neuf heure trente On frappe à la porte Le bruit me sort brusquement de la somnolence Je me rends compte que je commençais à rêver Je bande comme quand je me réveille le matin Je suis surpris La porte s’ouvre C’est solange Elle est nouvelle ici Elle pose des revues sur mon bureau Elle a le regard absent Elle ne m’aime pas C’est un peu comme tous les autres Je pense salope Je dis bonjour solange Elle répond bonjour frank vous allez bien Je dis ça va vous ça va Elle répond bien merci bon il faut que j’y aille Elle me tourne le dos En repartant elle marche vite Sa chaussure à talon haut se prend dans un bout de moquette décollé qui corne Elle s’étale de tout son long Elle trébuche d’abord puis elle tombe bien à plat les bras écartés Sa jupe passe par-dessus les hanches Je vois son cul Je pense merde elle a pas de culotte Je remarque son string Le sang m’afflue au visage Je me remets à bander rien à voir avec le sommeil Elle se relève l’air gêné Je dis vous ne vous êtes pas fait mal Elle me dit non Elle est toute rouge Elle à un cul superbe Deux belles fesses charnues fendues par la ficelle du string Elle me retourne le dos repart Elle marche lentement elle boite un peu J’observe son cul jouer sous le tissu de la jupe Je bande très dur Je ne tiens plus Je me lève Je sors de mon bureau J’entre dans les chiottes Je m’assieds Je sors ma queue de mon pantalon Je commence à m’astiquer Je l’imagine rester par terre se retourner vers moi la jupe toujours retroussée Aidez moi elle dis Je me lève Je vais vers elle Je vais pour la relever Elle sourit Non pas comme ça elle dit Elle prends ma main Sa main est tiède de sueur Elle guide ma main vers son cul Je souris Je caresse ses fesses Je passe le doigt sur la ficelle du string Puis dessous dans la raie des fesses Je lui met un doigt dans le cul Elle ferme les yeux Elle arrondi la bouche pour gémir Elle se cambre pour que je lui fourre un doigt dans la chatte Elle est mouillée Je la doigte copieusement Elle se retourne un peu Elle m’ouvre le pantalon Tu as envie que je te suces elle demande Oui je dis Elle me prend dans sa bouche L’intérieur de sa bouche est très chaud Je me branle très vite Elle me suce Je suis sur le point de jouir En principe j’incline ma queue pour éjaculer à l’intérieur des chiottes Là j’ai pas envie J’accélère avec ma main Mon souffle devient court Ma bite se tend Le bout se gonfle La pression devient énorme je branle de plus en plus vite J’ai les mâchoires serrées Je grogne Tout se relâche J’envoie un premier jet contre la porte en face de moi J’imagine que je lui jouis dans la bouche Je ralentis les mouvements de ma main pour profiter de ma jouissance Elle gémit C’est la dernière image J’envoie d’autres jets Au bout de dix secondes j’accélère pour extraire tout le sperme Je me regarde jouir Puis je ralentis encore Les dernières gouttes sont projetées moins violemment Elles tombent sur le sol Je finis en quelques mouvements espacés Je respire fort J’arrête Une goutte perle au bout de mon pénis Il commence déjà se dégonfler Les gouttes contre la porte dégoulinent lentement Il n’y a aucun doute sur la nature du liquide Je n’ai pas envie de nettoyer Je m’essuie Je suis essoufflé Je transpire légèrement Je tire la chasse Je sors J’imagine la gueule du prochain à entrer là-dedans La gueule de la femme de ménage Je me demande s’ils vont savoir que c’est moi De toute façon ils vont penser que c’est moi que je suis le seul assez tordu ici pour faire ça Que ce soit vrai ou pas Alors autant que ce soit vrai

Je quitte le bureau Je repense à l’épisode de cet après-midi Je me demande ce qu’ils diront dans mon dos Remarque peut-être que cette fois ils m’agresseront directement qu’ils ne se contenteront pas de se foutre de ma gueule quand ils croient que je ne les entends pas Peut-être qu’il vont me casser la gueule Ca m’étonnerait pas J’ai envie de passer chez l’infirme Je préfère qu’il soit pas chez lui Mais s’il y est tant pis J’ai envie maintenant
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Message par konsstrukt »

(évidemment, pas de commentaire à ton analyse, mais on en parlera quand tu auras fini le bouquin si tu veux bien)
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

Je suis devant l’immeuble Je suis gêné Je vais jusqu’à la porte Je tape le code La porte fait bzzt s’ouvre J’entre Je vais sonner à la première porte Une bonne femme qui ouvre Bonjour je dis Je devais passer voir un monsieur qui habite ici j’ai perdu le papier avec son nom son numéro d’appartement je travaille pour la mairie c’est un monsieur handicapé je souris c’est débile ce que je dis elle me regarde elle sourit aussi elle dit c’est au deuxième monsieur zimmerman porte vingt huit ah oui c’est vrai zimmerman je réponds je me souviens maintenant bien merci beaucoup madame c’est pour quoi elle me demande c’est parce que la mairie lance une opération pour les handicapés vous voyez une opération de culture quel genre elle me demande bien c’est euh la un blanc je ne sais pas quoi dire putain putain putain elle va appeler les flics c’est pour des jumelage avec des musées des grandes villes en partenariat avec des associations d’aides aux handicapés enfin vous voyez bon je vais pas vous déranger plus longtemps je dis au revoir elle dit au revoir je souris elle sourit je tourne les talons elle ferme la porte ouf Je monte jusqu’au deuxième je marche jusqu’à la porte vingt huit Je sonne J’attends Personne Bon je fais comment pour entrer Putains de HLM de portes de sécurité à la con Ah merde je me trouve l’air super con là Merde c’est nul c’est comme si la réalité me tombait sur la gueule c’est nul c’est con Ah fait chier merde si je l’attendais Ouais on verra bien Je redescends les escaliers Je sors de l’immeuble Il y a un bazar pas loin Je vais acheter un cutter Je vais m’asseoir sur un banc près de l’immeuble Je regarde mon cutter Son corps est en plastique jaune La lame est large Elle taille bien C’est un outil pour découper le carton épais ou même la moquette Il y a un cran pour bloquer la lame une fois entrée ou une fois sortie à la longueur voulue J’essaie différentes longueurs J’en conclus que deux centimètres c’est le mieux Je rentre la lame Je bloque le frein Je range le cutter Je m’affale sur le banc Il n’est pas confortable du tout J’attends

Je vois le fauteuil roulant apparaître au bout de la rue Il approche Les yeux de l’infirme croisent mon regard je me demande s’il me reconnaît ses yeux restent vides non il ne me reconnaît pas Je me lève vais à sa rencontre porte la main à ma poche Je souris lui dit bonjour il me souris me répond bonjour de sa voix bizarre Pauvre type je pense on voit bien que t’as pas l’habitude de te faire agresser Je le contourne rapidement tout en sortant le cutter de la poche de mon pantalon Je ne souris plus du tout Je lance un coup d’oeil alentour il n’y a personne enfin j’ai l’impression Je sors la lame je la bloque à la bonne longueur je la lui fous sous la gorge Je dis maintenant on va chez toi enculé Allez avance Moi je marche à côté de lui la main dans la poche refermée sur la lame Il me regarde terrifié Il sait que je peux la sortir à tout moment On arrive devant l’immeuble c’est moi qui tape le code bzzt il a un sursaut de frayeur qu’est qu’y a monsieur zimmerman y’a un truc qui va pas D’entendre son nom ça le fait encore sursauter il dit un truc que je comprends pas avec sa voix bizarre je lui dis ta gueule On prend l’ascenseur c’est moi qui appuie sur le bouton on sort de l’ascenseur je m’arrête devant la bonne porte maintenant il flippe sans rien dire ni faire Ouvre enculé de monsieur zimmerman je dis Il obéit il dit si c’est de l’argent que vous voulez je dis non allez entre on entre je referme la porte bouge pas je dis Il essaie de lancer son fauteuil contre moi la manoeuvre est compliquée j’ai largement le temps de lui taillader la joue d’un coup de cutter très swing je passe derrière lui je lui mets une claque derrière la tête il y aura toujours quelqu’un derrière toi je dis je ris tu sais pourquoi je rigole je demande il répond pas tu t’en fous je dis il répond pas je vais te le dire quand même c’est le titre d’un bouquin de merde c’est nul non comme titre moi ça me fait marrer ces trucs-là Lui il rigole pas il a la main appuyée contre sa joue il comprime mais ça sert à rien le sang pisse entre ses doigts Ca sert à rien je dis faut faire le quinze J’ai très envie de lui filer des coups de cutter un peu partout de le massacrer comme je le fais avec les chiens mais pour ça il faudrait qu’il soit tranquille chez moi là je souris parce que rien ne m’empêche de faire ça Il a la main toute rouge sa chemise est bien tâchée aussi Il continue à maintenir sa joue alors que ça sert à rien Il est figé terrifié Tu es paralysé par la peur je dis puis je rigole Bon en fait je voulais savoir à quoi ça ressemble chez toi Je suis déçu c’est normal enfin en tout cas c’est vachement plus normal que toi c’est nul ça me dégoûte Puis tout retombe c’est comme si l’effet d’une drogue disparaissait d’un coup alors tout ici ma présence tout me paraît vain j’ai envie d’être ailleurs d’être chez moi assis de dormir de regarder la télé tout mon corps est fatigué je regarde l’infirme plein de sang je soupire Il faut que je trouve un moyen de me tirer de ce guêpier sans passer pour un con Je ne veux pas que ce salopard se foute ensuite de ma gueule Je pourrais le tuer mais quand même merde tuer quelqu’un c’est pfou je sais pas enfin non quoi quand même pas Ecoute je lui dis je vais me tirer mais n’oublie pas que je sais où tu crèches J’ai des potes un peu comme moi Au premier flic qui sonne à ma porte ils sont chez toi ils te refont le portrait c’est pigé T’avise pas de déménager ou quoi un infirme comme toi ça se retrouve facilement pas vrai alors fais gaffe De toute façon tu me reverras jamais t’inquiète pas Bon salut

Dehors je souris parce que j’ai une idée Je jette le cutter dans l’ill Je me demande s’il va appeler les flics Non je ne pense pas En même temps je sais pas peut-être que ça serait mieux
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Message par konsstrukt »

Vendredi Mon réveil sonne Un premier bip me fait sursauter Je l’éteins Il n’a le temps de faire que biii assez aigu il est éteint Il est sept heures quarante cinq Je suis parfaitement réveillé Ca fait plusieurs heures je sais pas combien exactement que je suis réveillé J’ai pas sommeil Ni le contraire Je suis dans un état au-delà du sommeil Ni sommeil ni pas sommeil Les yeux tirés les idées pas claires le corps engourdi J’allume la lampe de chevet C’est comme si le monde réel revenait de force J’ai un mauvais goût dans la bouche envie de pisser C’est le dernier jour de la semaine Qu’est ce que je vais faire demain J’en ai marre des chiens Je vais rester ici A attendre lundi Le temps passé là-bas à la DRAC avale tout c’est bien il arrive presque à bout du manque me le fait oublier me le rend supportable acceptable normal Je suis debout Je suis nu C’est déprimant Je suis déjà fatigué Enfin j’ai pas sommeil mais je suis fatigué Mon corps mon esprit tout ça c’est fatigué C’est l’ennui c’est le manque ça absorbe toute mon énergie j’ai même plus assez de force pour dormir Alors je passe la nuit allongé pour faire comme tout le monde de toute façon faut bien Je m’habille Pff merde je m’emmerde Pourquoi est-ce que je mourrais pas après tout un petit suicide là comme ça la cause le désoeuvrement ça au moins ça en jetterait après la génération x encore plus loin dans un monde de merde J’enfile un caleçon des chaussettes un jean une chemise Je vais pisser Je vais me laver le visage Je vais me brosser les dents Je me rince longuement la bouche pour chasser ce goût affreux On dirait que je meurs chaque nuit Quand je revis le matin j’ai un goût de pourriture dans la bouche sinon j’oublierais que je meurs chaque nuit Je préfèrerais rester mort J’en ai marre des chiens J’ai pas envie de tuer des gens Il me faut une fille Pas une copine j’en veux pas d’une copine Je vois éric avec la sienne c’est une galère il l’aime plus il sait pas quoi faire heureusement qu’il y a les chiens pour se défouler un peu sinon t’imagines Moi de toute façon je suis incapable d’aimer Je sais pas comment on fait Est-ce qu’on se force est-ce que ça vient tout seul Il me semble ça vient tout seul en tout cas à l’adolescence ça aurait du venir mais rien que dalle juste du désir des fois encore pas souvent plutôt des fantasmes mais je ne veux pas d’amour encore moins d’une copine quelle merde quelle horreur tout partager les pensées les actes dormir ensemble c’est affreux rien que d’y penser je me sentirais je sais pas mal à l’aise jamais chez moi jamais moi-même obligé de jouer la comédie chaque instant bien se tenir ressembler à un être humain alors qu’on est des bêtes l’autre la fille pareil un couple c’est quoi deux bêtes déguisées en êtres humains qui se surveillent pour voir lequel des deux va paumer son costume le premier Honte colère c’est ça qui soude un couple Honte d’être soi-même colère que l’autre ne soit pas ce que l’on désire Moi je me branle je fantasme je fabrique c’est bien Je sors Je marche dans la rue Le temps s’arrête Il s’arrête jusqu’à ce soir Tout organisé réglé pour moi Sur le trajet j’anticipe la journée Les petites étapes Le courrier La pause café Le classement La pause déjeuner Les entretiens les rendez-vous La pause café Les projets la lecture des rapports Quitter le travail à seize heures Sur le trajet j’anticipe tout ça C’est comme un trou un siphon je suis dedans je glisse plus vite que mes pensées pof c’est fini je suis dehors Encore sept heures de gagnées terminé tranquille mieux que le train Le manque évacué pendant sept heures chaque jour Reste les nuits les week-ends pour les nuits rien pour les week-ends les chiens mais les chiens ça commence à bien faire J’arrive place de la république
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Message par juko »

la chute est lente mais inexorable
je suis la pente avec impatience
pour finir en grand splash ou petit plonk
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

Je suis à la taverne Endroit de merde Le rendez-vous des étudiants attardés Même les disques qui passent ça donne cette impression d’ancien étudiant en lettre qui refait le monde en touchant le RMI C’est nul Je ne suis pas là par désoeuvrement pas comme ces nuls ces pauvres types qui discutent ne disent rien boivent des bières pas chères qu’ils paient avec le fric de l’ANPE ou du CROUS Ca leur va bien ces acronymes c’est un peu eux Je m’installe au bar je commande un rhum nature Je laisse pendre mes jambes Je me relaxe Je suis détendu Les conversations se fondent autour de moi deviennent un bourdonnement où je distingue des mots des bouts de phrases Je pourrais me concentrer sur une conversation en particulier la suivre mais je n’ai pas envie je m’en fous Je n’oublie pas pourquoi je suis là La serveuse pose le verre de rhum devant moi avec la note ses mains sont jolies Je dis merci Je prends le verre il est minuscule je le porte à mes lèvres je bois ça brûle la gorge le goût suit juste après une vague de chaleur me remonte depuis l’estomac puis l’effet s’estompe c’est fini Il ne reste que le goût vaguement attaché à la bouche la soif Non ici c’est nul je ne trouverais pas ce que je cherche Il me faut une fille facile à brancher une conne une lycéenne une jeune bourge idiote en pleine crise qui se la joue Je pourrais aller à l’abattoir ouais ça c’est bien c’est le nid Je sors mon portefeuille je paie mon rhum à côté de moi deux types de quarante ans jouent aux échecs sur le comptoir ils emmerdent tout le monde à bouffer toute la place ça doit être des habitués je récupère ma monnaie je pense bêtement à ma mère qui vérifie toujours avant d’empocher moi je fais pas ça j’ai jamais fait ça tu imagines les milliers de personnes qui doivent la haïr maintenant si tu accumules toutes les queues de supermarché qu’elle a fait chier en vérifiant sa monnaie la caissière qui regarde de côté l’air gêné qui pense espèce de connasse je suis ni voleuse ni analphabète de toute façon les caméras me surveillent la machine compte à ma place alors prends tes thunes casse-toi ils sont vingt cinq à attendre leur tour Je sors du bar la fraîcheur de la rue c’est bien Un tram passe décalage bizarre entre la lumière de l’intérieur le noir du dehors L’abattoir c’est pas tout près je pourrais prendre le tram remarque juste descendre l’avenue jusqu’à république prendre le b après euh voyons après c’est où le mieux pour descendre au musée non trop loin ah non c’est le truc du faubourg chais plus quoi bof non le temps de marcher je suis déjà à répu ah oui faubourg national non c’est trop moche là-bas je traverse le pont des juifs avec sa lumière verte dessous qui me fait halluciner à chaque fois j’essaie de pas voir la DRAC pas facile ensuite je rallie la cathédrale puis la place gutenberg c’est pas le plus court chemin merde j’aurais mieux fait de prendre le tram j’enquille grand rue quelques zonards sont là des touristes les kebabs sentent bon j’arrive au quai je croise les rails du tram je suis les quais jusqu’à l’écluse c’est beau je contemple un moment l’eau qui bouillonne à cet endroit le ventre contre le garde-fou en métal froid le dos tourné à l’abattoir c’est bizarre l’eau en bas on dirait une image mise en boucle toujours la même image samplée puis montrée à l’infini c’est vraiment trop bizarre J’entends un groupe marcher parler derrière moi Je me retourne Oui Une bande de lycéens Un gros thon son mec une sorte de larve à l’air défoncé sous l’enseigne lumineuse de l’abattoir deux filles pas mal mais insignifiantes un type baraqué qui rit comme un mongolien Ils parlent fort tous j’ai un peu pitié d’eux je sais déjà ce qu’ils vont boire ils sonnent ils attendent ils vont boire du thé peut-être une bière à la cerise dans dix ans ils viendront toujours ici ou si ça n’existe plus dans un truc du style ils prendront des cocktails qui coûtent la peau du cul la porte s’ouvre ils entrent la porte se referme avec des noms bizarres des alcools genre rare au lieu de parler de lycée ils parleront de leurs boulots à la con dans la pub l’informatique ou le design Je crois que je n’aime pas cette génération Elle est comme la mienne en plus caricaturale encore Je m’approche de la porte Je sonne J’attends Il faut que le serveur vienne m’ouvrir Avec de la chance il m’aura entendu du premier coup il faudra encore plus de chance pour qu’il trouve un moment de libre pour venir m’ouvrir avant d’oublier que quelqu’un a sonné Je me demande pourquoi ils n’installent pas un ouvre porte à distance C’est débile D’autant qu’ils ne fouillent pas n’ouvrent même pas les sacs C’est vraiment pour te faire chier de donner le temps de regarder leurs pubs pour leurs soirées où t’ira jamais parce que t’en a marre de croiser des filles habillées comme des putes japonaises aux cheveux teints à l’acrylique Chance Je le vois qui s’approche Il ouvre Bonsoir il dit Bonsoir je réponds Je traverse le hall là où il y a la vasque avec les flyers le présentoir avec les cartons j’ignore les deux la porte derrière moi se ferme c’est bien foutu leur truc en deux pas je passe de l’ambiance réelle de la rue bruit de l’eau des moteurs du tram odeur de la ville lumière électrique pâle à ce cocon lounge rouge house coussins narguilés jeunes gens en pulls imitation fripe achetés trois cent balles dans des boutiques confidentielles dont tout le monde connaît l’adresse par coeur Quelle misère Le groupe est dans les coussins au fond du bar près du dj Le dj a la tête dans les étoiles les doigts qui bougent partout c’est hendrix avec des platines aussi ridicule que woodstock mais plus gourmand en EDF Je m’installe à une table libre près des coussins les coussins c’est le carré VIP l’endroit convoité c’est nul tu parles en plus ils sont tous en chaussettes ils laissent leur godasses dans un panier à l’entrée du carré comme à la mosquée ça doit puer le vestiaire quand t’es au milieu des lycéens vautrés Je prends la carte tiens il y a deux cartes une pour les trucs normaux une pour les soupes les thés C’est difficile de lire avec leur lumière rougeâtre à la con La musique house molle donne l’impression de nager jusqu’à mes oreilles Le brouhaha est moins fort qu’à la taverne c’est l’avantage des lycéens branchés ils n’ont rien à se dire ils ne refont pas le monde comme les autres idiots eux ils s’en branlent il sucent leur narguilé à la pomme leur lait à la cannelle ils se regardent dans le blanc de leur yeux vides Le serveur s’approche sapes soixante-dix coupe afro qui passe pas les portes on dirait huggy les bons tuyaux j’ai du mal à me retenir de rire il me demande ce que je veux je dis une vodka il me demande absolut je réponds non smirnoff il dit d’accord sourit en partant J’ai le sentiment d’un instant de connivence mais je dois me tromper Absolut c’est pour les jeunes branchés débiles smirnoff c’est la vraie la pure la seule buvable Il m’apporte ça Je la bois cul sec avant qu’il ait le temps de se casser je dis la même chose avec une grand verre d’eau merci il me regarde se casse moi c’est monté d’un coup j’ai la tête qui s’est mise à tourner d’un seul coup zwouff la bouche qui veut s’ébrouer pof retour à la normale avec le bon goût particulier de la vodka qui s’accroche qui part pas La deuxième arrive avec le verre d’eau Je suis pété Celle-là je vais la siroter Je regarde la fille Elle est grosse C’est un boudin si on veut mais elle a quelque chose Comme un air de feu au cul En tout cas c’est celle-là Je la veux C’est elle C’est la fille Il faudra que j’en sache plus Je vais la choper oh putain ça va être quelque chose c’est fini les clébards faut passer à un truc plus sérieux pas un truc de pucelle merde on est plus au lycée Bon maintenant faut attendre Fait chier Pourvu qu’ils restent pas trop longtemps House plus alcool fort ça me tape sur la gueule Ils ont des bières du lait eux putain bonne déduction la vache je suis pas mauvais merde C’est nul la house je préfère quand ça tabasse plus la house c’est vraiment un truc de médiocre de ni-ni On devrait pas dire les bobos mais les ni-ni Ca les définit bien ces connards mous du bide Bon hé merde je finis ma vodka qu’est-ce que je fais j’en commande une autre ou quoi non ici c’est suspect trois alcools forts en moins de vingt minutes on dirait que c’est un bar mais boire trop d’alcool c’est mal vu bon ils ont quoi comme autres trucs à boire bof j’ai qu’à prendre une pression ça va me détendre je vais me fondre dans la masse personne ne va flipper j’appelle le serveur je demande une blonde pression ma voix est pâteuse j’ai du mal il dit oui on dirait qu’il se retient de m’envoyer chier ah le connard les autres eux ils sirotent ils foutent des plombes c’est long c’est insupportable ma bière arrive je lampe une gorgée le quart du verre y passe ah merde si je continue comme ça dans trois minutes il faut que je recommande ça me fait chier Bon je vais la laisser tranquille juste essayer de me concentrer sur le groupe Ils sont bien partis pour s’incruster ici Fais chier J’attends J’ai du mal à me concentrer Mes pensées se dispersent Si je fermais les yeux je m’endormirais Ma vision se trouble Mes paupières sont lourdes J’ai des débuts de rêves qui se figent me réveillent Merde je suis complètement pété Aussi bien ils se sont cassés sans moi Ah non ils sont toujours là Avec d’autres verres Oh merde Autour de moi y’a plus grand monde Même chez les coussins il y a un peu de place Bon ne pas s’endormir Je baille J’attends Je repars dans mes rêveries de bourré
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La fille son copain se lèvent Il laisse un billet de vingt sur la table Ils se cassent Merde Je fais signe au serveur que je veux payer Il s’approche Je suis empoté Je suis pas rapide Je temps de trouver ma poche mon larfeuille mon fric de recevoir ma monnaie ils sont déjà dehors Je perds l’équilibre en me levant personne ne s’en rend compte heureusement Je m’accroche à la table Oh merde je suis bien cuit Quand je bouge les yeux mon champ de vision suit avec un temps de retard Bon Je fais un effort pour marcher droit jusqu’à la sortie J’ai la bouche pâteuse Ils me regardent tous non c’est juste une impression Faut que je speede Si je speede je me casse la gueule Bon j’arrive au hall A la porte J’ouvre Petite claque d’air frais C’est bon Ca me réveille un peu J’ai les jambes lourdes Les deux autres se roulent des patins contre la balustrade Le vacarme de l’écluse achève de me réveiller Ils se décident à partir Je leur laisse trente mètres je les suis Pourvu qu’ils ne soient pas en bagnole Non ça va Ils marchent un moment le long des quais Ils s’arrêtent souvent pour se peloter Voir les mains du jeune con saisir les gros seins de la grosse ça me fout la trique J’aimerais bien me branler maintenant mais c’est impraticable Ca attendra la maison En marchant j’essaie d’imaginer ses seins nus sa chatte Seins lourds peau grasse mamelons larges très sombres peau pâle gros contraste chatte rasée lèvres charnues petit clitoris beaucoup de mouillure Odeur âcre Les gros suent beaucoup Ils arrivent devant une maison C’est lui qui sort la clé du portail Je marque le nom de la rue sur un bout de papier sinon bourré comme je suis j’oublierai OK Demain je penserai à un plan

Je rentre chez moi

Je suis assis devant le DVD il y a des images des chiens Je pense à la fille la grosse à ma bite qui défonce sa chatte à mes mains qui serrent ses fesses énormes Ses seins qui ballottent Ma queue qui se branle entre ses gros seins Mes couilles qui frottent sur son ventre mou lisse Ses cris Mes doigts dans son cul J’éjacule vite Je commence à m’endormir sans rien essuyer rien éteindre

J’ai mal à la tête Je fronce les yeux Le sperme a séché ça colle ma bite aux draps J’en ai sur les poils des cuisses séché aussi ça tire les poils c’est chiant Je décolle mon gland du drap Ca tire un peu Je gratte les cuisses pour décoller les poils entre eux La gueule de bois me vient par pulsations de derrière le crâne vers devant J’ai envie de rien juste de rester allongé Je me dis si j’arrêtais le boulot si j’arrêtais enfin Je me tourne Je n’ai plus le plafond mais le mur en face de moi Je prends conscience du bruit de la télé dans l’autre pièce Son grésillement J’imagine l’écran envahi de neige Je soupire La grosse J’ai encore envie de me branler en pensant à elle Le mur C’est le silence dehors Le grésillement de la télé Dimanche En fait aujourd’hui je bosse pas Alors la question ne se pose pas Mais demain Non demain j’irai pas Ils vont dire quoi Je m’en fous je les emmerde J’ai qu’à vendre mes DVD Sur internet ça pourra cartonner Tu m’étonnes Bonne idée Demain je fais ça C’est motivant De choisir sa vie Ses actes Enfin de faire des trucs quoi de faire autre chose qu’obéir à un programme à la con J’ai envie de chier Faut se lever Lentement La vache J’ai mal au crâne Ca tambourine C’est dur Merde fait chier Je suis debout J’ai la nausée Je marche traîne les pieds jusqu’aux chiottes Je m’assieds me laisse tomber Je soupire Je pousse sur les sphincters Je pète tout se relâche la merde explose à la sortie du cul remplit les chiottes Ca pue J’ai l’anus douloureux trop détendu Comme si j’avais encore envie de chier mais y’a plus rien J’attends quand même J’ai pas la force de bouger J’ai trop chaud Ca pue mais ça me dérange pas Finalement je m’essuie Ca laisse des traces de merde mouillée sur le papier Ca m’écoeure un peu Je retourne au lit Je me rallonge sur le dos Plafond Dimanche Je ne sais pas ce que je vais faire de cette journée J’ai envie de rien faire De dormir me branler Je bouge pour me rajuster j’ai des nausées Il ne faut pas que je bouge Bon c’est difficile Je bouge encore le temps de trouver une position plus confortable les nausées me foutent des sueurs froides Je trouve la bonne position Je me dis c’est cool je suis content Pas bouger jusqu’à la fin de la journée de toute façon je risque pas d’avoir faim Quand je serai un peu plus en forme je me branlerai pour garder la forme garder l’image de la fille la grosse Je ferme les yeux Je ne bouge plus J’attends le sommeil mais évidemment le sommeil ne vient pas En même temps ça n’est pas plus mal. Je reste comme ça à penser à rien
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J’ouvre les yeux La lumière me fait plisser les paupières J’ai la bouche pâteuse Je n’ai pas l’impression que le temps s’écoule Je referme les yeux Je recommence plusieurs fois
Je me lève ça va un peu mieux je mets la radio je me recouche France-Inter le dimanche rien de mieux Je suis allongé encore Il y a un type qui parle lentement de trucs que j’essaie même pas d’écouter avec une musique glauque derrière Je m’endors
Je me réveille avec des souvenirs de rêves liés à la radio J’ouvre les yeux La lumière a baissé J’enregistre que j’ai faim Ca va pas plus loin A la radio des types s’engueulent il est question de cinéma je crois J’entends des noms propres que je connais je me rendors
Je me réveille j’ai froid faim Je ne vais pas manger Radio musique Je tire le couvre-lit je prends ma position de sommeil habituelle Je me couvre Ce petit geste suffit à me réveiller mais pas longtemps Il fait noir de toute façon Je me souviens d’un bout de rêve où je courrais il y avait aussi une voiture mon père C’est confus Je m’endors
Réveil dans le noir Musique classique La gueule de bois a disparu pas la faim J’ai trop chaud Je vire le couvre-lit je me déplie un peu Mon estomac gargouille Ma salive est épaisse Ca pue la laine la sueur Je me sens vaseux comme après une nuit blanche Je regarde le radio réveil D’abord c’est flou juste des tâches rouges dans le noir Je fais le point C’est vingt-trois heures trente-sept Je me redresse Putain j’ai la dalle J’ai une de ces dalles la vache Par contre la gueule de bois c’est cool elle s’est barrée Ca c’est bien Il faut que je prenne une douche je me dis Je pue j’ai faim Il faut que je sorte Je me lève Je marche sans raison lentement à travers toute la maison J’entre dans une pièce j’allume je regarde je regarde quoi je me demande j’éteins je ressors Je me retrouve à la chambre J’ai faim D’abord la douche Je marche jusqu’à la salle de bain J’allume me déshabille J’ai froid maintenant Je règle la douche très chaud Je reste un petit moment sous la douche sans bouger sans penser La vapeur commence à envahir la cabine Je me sens bien Je repense à la grosse Je me branle en pensant à elle J’ai les yeux fermés je m’astique Pas de scène particulière juste des images de son gros cul enfin celui que je lui imagine son gros cul qui s’assied sur ma bite lentement puis se relève se rassied mon visage écrasé entre ses épaules l’odeur de sa sueur mes mains qui pétrissent ses gros nibards Quand je jouis toute les images s’éteignent ça me coupe les jambes je fais aah je me regarde éjaculer comme d’habitude Quelques jets courts Je sais que demain j’irai pas bosser C’est fini terminé Demain je me consacre à cette fille à mon coup de foudre Je me passe un coup de douche sur le gland pour le nettoyer la chaleur me fait mal J’ouvre la cabine le froid s’engouffre je m’habille en vitesse ce sont des vêtements sales enfin de la veille du coup comme moi je suis propre leur odeur me paraît plus forte Je finis ma toilette Je sors
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Il n’y a personne dans la rue Les voitures toujours les mêmes sont garées C’est minuit passé Je vois pas où je pourrais aller bouffer Je marche un moment au petit bonheur en y réfléchissant Par habitude j’atterris place kléber Il n’y a pas un chat à part les dealers qui s’emmerdent Faut pas trop que je les regarde Mac do est fermé Quick aussi Station sandwich aussi C’est la merde Je marche encore un peu je remonte la rue des grandes arcades Il y a tous les kebabs de la grand rue ceux de la gare Mais à cette heure-ci ils n’auront plus rien à bouffer Merde Reste les bars mais il y en a aucun qui voudra me filer un sandwich à cette heure-ci C’est cuit alors je me dis Je marche droit devant J’arrive place gutenberg Par où je pourrais aller je me demande puis je me rappelle les trois brasseurs eux ils ferment tard bon en même temps on est dimanche Je perds rien Je tourne à gauche dans cette rue à touriste je sais plus son nom j’ai la flemme de lever la tête vers la plaque j’arrive sur le parvis de la cathédrale putain le vent souffle qu’il en peut plus Pas un chat à cette heure-ci Je suis frigorifié le temps de la contourner par son côté droit De suite le vent se calme Il souffle encore mais moins fort Je passe devant le musée des beaux-arts puis quelques rues rénovées avec boutiques internet des conneries de ce genre Il n’y a plus de vent puis les trois brasseurs La terrasse est rentrée ça veut rien dire J’approche Non merde c’est fermé Putain je gueule Bon Je continue tout droit je traverse le pont j’arrive sur les quais Y’a la péniche là cette boite à la con j’ai qu’à aller là eux au moins ils sont ouverts jusqu’à quatre heures mais c’est pas sûr qu’ils fassent à bouffer ces cons-là Oh bordel j’ai une de ces dalles J’approche de l’entrée Déjà faut se farcir un ponton ça m’énerve Je demande au videur s’ils font à bouffer là-dedans il me dit non Je lui demande où je peux manger il me répond que je peux toujours rentrer chez moi J’hésite entre me marrer lui écraser les couilles avec mon genou mais cet enculé est plus baraqué que moi alors je me marre d’un air pas convaincu je me casse mais lui il me rappelle il me dit hé je plaisantais hé tu l’as pas mal pris je réponds non non pas du tout je m’apprête à me recasser mais il me dit hé attends attends si tu veux y’a la chauve-souris ils font à bouffer jusqu’à quatre heures du mat je sais pas où c’est je lui dis alors il m’explique rue des frères Bon ça veut dire que je me retape le chemin en sens inverse bon pas trop longtemps heureusement Le pont les trois brasseurs au lieu de tourner la première à gauche vers la cathédrale je continue je prends la suivante Je trouve le restau sans problème Je comprends pourquoi je l’ai jamais vu avant C’est moche c’est le typique truc nul spécial fêtard déjà trop bourré pour se rendre compte de l’arnaque Bon je rentre ou pas je me dis J’ai pas envie mais j’ai faim Ca sent la bouffe jusque dehors Merde je me dis je suis pas là pour mater le décor mais pour bouffer Bon Je pousse la porte Immédiatement le brouhaha la musique nulle le serveur qui me regarde qui s’approche tout ça me rappelle pourquoi j’aime pas ces putains de restos Pour une personne il me demande Ben oui je réponds Il me guide à une table me demande si elle convient je dis oui je me pose il demande si monsieur désire un apéritif je prends une bière il me refile la carte me dit que la bière arrive Je m’en doute ducon Sinon tu peux aussi me parler directement c’est quoi ces ils à la con je suis pas le roi de france merde Alors la carte Pff Je vais bouffer une entrecôte Avec des frites Ca au moins ils peuvent pas le rater La chauve-souris Tu parles La bière arrive avec le serveur au bout Il demande monsieur a choisi Oui je dis puis je commande Quelle cuisson monsieur Bleue je dis vous voulez boire quelque chose Non juste ma bière ça ira merci Il se casse avec ma carte La bière c’est une schutzenberger de base Je sirote en regardant autour de moi Que des vieux bien sapés à part une bande de couillons qui sortent de boite visiblement torchés Ils m’énervent à parler fort Les autres qui murmurent ils m’énervent aussi ils se croient à la messe ou quoi on dirait qu’ils ont honte de venir ici On dirait qu’ils se planquent qu’ils veulent pas qu’on les remarque ou qu’on les identifie Quelle poisse d’être ici coincé en attendant que ce bout de barbaque m’échoue sur la table puis dans le bide tout ça pour finir aux chiottes Quelle poisse Oh putain que je hais les restos avec ces rituels à la con qu’est ce que ça m’emmerde tout ça Je soupire Je me rends compte que je viens de dévisager toute la salle avec le visage dur crispé comme si je m’apprêtais à leur péter la tronche à tous J’ai la respiration bloquée C’est bizarre à chaque fois que je suis crispé je bloque ma respiration comme ça ou quand je suis concentré aussi du coup ça me fait un air dur méchant en plus là j’avais les sourcils froncés les mâchoires contractées putain je les aime pas ces gens qu’est-ce qu’ils viennent faire là ils viennent ici après l’opéra ils pourraient bien rentrer chez eux non qu’est-ce qu’ils viennent dépenser leur fric ici ces enculés ils en ont trop ou quoi J’aime pas cette déco c’est la même partout on est dans quelle ville là c’est comme à mac do t’es dedans comment savoir dans quelle ville t’es ou comme à la FNAC à la FNAC bizarrement j’aime bien ça a un côté rassurant mais ici merde ici c’est sinistre tous là tous qui font semblant de croire que c’est beau que c’est bon quelle horreur quelle horreur Je ne les aime pas Oh comme j’aimerais avoir un bâton un putain de bâton bien gros bien épais Je me les ferais tous ou non peut-être pas tous y’en a pas mal qui me rentreraient dedans qui m’éclateraient la gueule mais au moins je m’en ferais quelques-uns je pourrais tout casser enfin quelques tables quelques bras tout ça Tu parles J’aurais l’air d’un con ouais J’aurais le temps de fracasser ma table un serveur ils me tomberaient tous sur la gueule je finirais dehors comme une bouse Pff Quelle poisse cette musique Mon dieu quelle merde cette musique C’est lamentable Ah mon assiette arrive Merci je dis Je n’ai plus faim De voir ce morceau de bidoche rouge brun là qui surnage dans son sang les frites qui font une couronne jaune autour là Un ramequin de sauce brune je sais pas ce que c’est de la moutarde les merdes habituelles Pff On dirait un cadavre dans cette lumière Remarque c’est ça c’est rien d’autre C’est juste un bout de cadavre un peu apprêté Ca sent même pas bon Ca sent la frite Ca sent la frite chaude Comment est-ce qu’on peut aimer ça J’ai envie de laisser cette assiette de me casser Payer ou pas payer je m’en fous je sais pas Tout autour ils bâfrent ils bâfrent tous n’importe quoi fromage dessert entrée plat n’importe quoi dans n’importe quel ordre ils boivent ils boivent tous comme des porcs Ils ont l’air content Content d’eux content de ce qu’il y a dans leurs assiettes Ils parlent avec leurs bouches pleines Ils parlent fort pour couvrir les paroles des autres pour couvrir la musique aussi Les serveurs qui circulent dans tout ça tiens ils me font pitié C’est nul Quelle mascarade Quelle hypocrisie C’est ridicule moi qu’est-ce que je fous là je me demande Ca refroidit dans mon assiette Ca sent plus les frites Ca sent la viande froide Ca pue quoi C’est merdique J’ai envie de partir d’ici Je me sens pas bien Tous là ils s’amusent Fait chier

Bling

Tiens l’assiette est par terre Ils me regardent tous comme des cons Y’en a pas un qui parle On entend bien la musique maintenant Y’a un serveur qui rapplique le chef serveur qui mate en coin de loin Quelque chose ne va pas monsieur Quoi je fais Alors il répète Pourquoi je dis Il regarde l’assiette Merde je me dis c’est moi C’est moi qui ai fait ça Non ça va je réponds Apportez-moi la note D’accord D’accord Il se casse Un autre de ces larbins se ramène nettoie Il me tend avec mépris des serviettes en papier pour essuyer mon jean J’ai des frites dessus L’addition arrive Merde c’est cher en plus Pour le prix j’aurais bien foutu par terre aussi une coupe de glace Je ris Le mec qui nettoie me jette un regard noir Je réprime une envie de lui foutre mon pied dans la gueule Ce serait pas dur remarque Oh puis merde pourquoi pas Ca part tout seul Il part en arrière l’air surpris Son pif saigne Je me lève je lui refous un deuxième coup de tatane sous le menton au cou il tombe des bras me ceinturent Raaaaaaah Je me débat Tous ces yeux de charognards qui me matent me matent raaaah lâchez-moi enculés de vos mères je vous pisse dessus tas de merdes raclures de merde enculés enculés je détends les jambes enculés enculés enculés enculés je touche pas par terre je me ramasse la gueule sur un trottoir tire toi avant qu’on appelle les flics pauvre type allez barre-toi je baise ta femme je baise ta fille pauvre connard de tapette allez dégage Deux types me ramassent je me débats je prends un coup dans la gueule je lance le pied je touche des couilles ils me jettent dans une ruelle à côté un coup de pied dans les reins aïe gros con hein tu fais moins le malin gros con hein encore un coup j’y vois plus rien j’ai la bouche plein de sang eurr urr rruh heueru je me fous à quatre pattes je suis seul il fait noir je me laisse tomber par terre j’ai mal partout Je me fous sur le côté Je crache un peu Je me débarrasse du sang J’attends que ça passe
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