saveurs molles - 1 chaque jour

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Modérateur : drÖne

konsstrukt
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15. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

il y a la pluie. elle termine de tomber. il y a un chien. il passe et disparaît au coin d'une impasse. il y a un clochard. il dort dans la rue et pète en dormant. il y a une voiture qui passe. elle passe trop loin et on ne fait que l'entendre. il y a la lune. à travers les nuages qui se dispersent et la pluie qui diminue elle apparaît légèrement troublée.
il y a des enfants dans les maisons, des enfants dans les orphelinats, des enfants dans les rues, des enfants dans les hôpitaux, des enfants dans les cimetières, des enfants dans les magasins encore ouverts.
des choses vont de produire, ce soir, qui vont bouleverser la routine de ce monde.
il est vingt deux heures dix-huit et ça commence avec un vieillard et sa femme kinappés en pleine rue. ils revenaient du restaurant, et ils ont rencontré des enfants.
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16. saveurs molles - dans la nuit du jour 3 au jour 4



ils avancent dans la rue, tous les huit. il y a six enfants âgés de six à neuf ans qui se tiennent en cercle autour d'un couple de vieux, et tous ensemble ils avancent lentement, en direction d'une voiture. quand le groupe passe à proximité d'un lampadaire, la peur se lit facilement sur le visage des vieux.

plus tard la voiture roule ; le vieux conduit ; à l'arrière les enfants sont entassés. l'un d'eux maintient la tête de la vieille fortement tirée en arrière, en lui aggripant les cheveux ; un autre a posé sur la gorge un cutter à la lame largement sortie. à chaque soubresaut de la voitude le cutter glisse et frotte un peu. des irritations rouge commencent à apparaître sur le cou ridé, et une goutte de sang a perlé et tracé un sillon à travers le fond de teint.

- où allons-nous ? demande le vieux d'un voix pâteuse.

l'un des enfants en guise de réponse tire une carte de visite et la tend au chauffeur.

dans des usines il y a des enfants ; dans des lits il y a des enfants ; entre les mains d'adultes il y a des enfants ; près de certains réacteurs nucléaires et dans des tunnels de dimensions réduites : il y a des enfants. il y a des enfants dans les coins sombres, il y a des enfants tout au fond de la terre, il y a des enfants en de nombreux endroits innaccessibles aux adultes.

la voiture arrive à destination, il est vingt trois heures dix neuf.



ANNEXE :



un groupe d'enfant traine devant un chantier. ils observent, crient, rient, se disputent à propos de futilités, puis se séparent.

les bruits du chantier sont assez importants pour créer une atmosphère qui les enveloppe, c'est pour cette raison qu'ils ne se rendent pas compte du manège hospitalier autour d'eux, le samu, les passants attroupés, l'évacuation d'un homme blessé et les pleurs d'un deuxième.
ensuite les enfants se dispersent, mais le chantier reste et continue ses bruits habituels et évidents. les ouvrier n'ont pris garde à rien, ils construisent une caserne et leur principale préoccupation est d'aller vite, car ils espèrent rentrer chez eux moins tard que la veille.

la petite foule devant le bistrot se disperse quand le véhicule du samu emporte le blessé et son ami. les clients retournent à l'intérieur et à leurs commentaires sur la météo politique, qui ces derniers jours tourne à l'orage.
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17. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

quentin et élodie sortent du cinéma. les rues sont animées. il y a de nombreuses patrouilles de police, mais cela ne les dérange pas. il n'éprouvent au contact de la foule aucun sentiment particulier, ni de sécurité ni de méfiance. ils ne pensent qu'à eux-même. leur premier baiser s'est déroulé dans le cinéma, il y a très peu de temps. chacun en garde encore sur la bouche une trace presque palpable, chacun se souvient précisément du goût de l'autre. l'oubli ne tardera pas bien sûr, et peut-être une certaine lassitude dans un futur proche ou moins proche, mais en tout cas, pour l'instant, ils ont ce goût à la bouche et ils sont heureux.
ils cheminent parmi la foule, leurs corps sont serrés. ils ont passé chacun un bras autour de la taille de l'autre. bien sûr, ces passions naissantes paraîssent souvent ridicules aux adultes, qui de l'amour ont surtout expérimenté l'échec, mais pour ces deux corps âgés de seize ans, il n'y a rien de ridicule à s'enlacer, même si ça contrarie la marche et oblige la plupart des gens à descendre du trottoir en ralant.
à un moment ils croisent un clochard qui dort sur les marches d'un immeuble bourgeois ; ils en conçoivent un sentiment de gêne. ils n'osent pas le regarder, pas plus qu'ils n'osent se regarder. il ralentissent même le pas, comme s'ils hésitaient à s'arrêter. mais ils ne s'arrêtent pas, d'ailleurs personne ne s'arrête.
comme ils s'éloigne, le clochard pète pendant son sommeil, et ça les fait rire. ils s'arrêtent un instant, pour échanger un baiser. des gens pressés les contourne sans leur adresser un regard, des voitures les dépassent, mais les chauffeurs absorbés par la conduite ne font pas non plus attention.
il est vingt trois heures cinquante, il est temps pour quentin de raccompagner élodie.

ANNEXES :

1 :

il y a cet homme, qui vient de se faire licencier. ça tombe mal, des dettes importantes ne souffrent aucun délai. il y a la maison à payer, les intérets sur les prêts contractés, et toutes sortes de choses achetées à crédit. il possède des relations dans la pègre. quelqu'un lui confie un cd-rom ; il doit le conserver quelques jours et ne surtout pas le garder, cela lui rapportera mille euros.
le soir même, par curiosité, il visionne le contenu du disque, et ce qu'il voit ne le répugne pas. il ne voit que l'argent qu'il peut en tirer. aussitôt il échaffaude des plans, il se voit avec sa femme dans une meilleure maison, dans un meilleur quartier, ailleurs. Cette ville est trop étroite. s'il se débrouille bien, il peut en tirer assez pour accomplir tout ça. cent mille euros, peut-être plus.
il passe le reste de la nuit sur internet, à chercher des acheteurs ; il en trouve bien sûr.
il vend, il a l'argent, tout ça à l'insu de sa femme. ensuite, il se débrouille pour lui faire croire qu'il a réussi un coup juteux, il invente une histoire de contrat, quelque chose d'embrouillé, de difficile à avaler, mais il y a du cash, elle préfère croire les bobards et espérer elle aussi une vie meilleure. alors ils déménagent, et son air inquiet, à lui, n'efface pas la joie qu'elle éprouve, elle, à recommencer.
les autres, ceux qui voulaient récupérer le cd, mettent quelques jours à retrouver la trace des fuyards. ils s'introduisent une nuit dans la maison, et kidnappent la femme. ensuite, ils tabassent et torturent le mari, qui dispose de quarante-huit heures pour récupérer le cd.
les choses en sont là à la fin de cette journée. l'homme est totalement désespéré, il tourne en rond dans la ville de location qu'il n'habite même pas depuis une semaine. il envisage le suicide comme une fin possible à ses problèmes, mais pour son malheur il aime sa femme, et imaginer les conséquences, pour elle, de son suicide à lui le rend malade.

2 :

il y a aussi cet adolescent, qui, amoureux de cette adolescente, ignore comment le lui faire savoir, ignore surtout quel sera l'effet de cette révélation, et a peur de toutes sortes de choses. il n'est pas au lycée aujourd'hui, il a trop de choses à penser, trop de plans à échaffauder. Il en est là, lui, aujourd'hui, assis dans un bar à regarder les gens sans réellement les voir, et à ne pas réussir à penser, mais tout juste capable de laisser ses peurs enfler en fantasmes complêxes. ce qu'il ignore, c'est que dans quelques jours tout ira bien, que sa bouche connaîtra le goût d’une autre bouche ; et ce moment merveilleux correspondra à des moments pathétiques pour le reste du monde.

3 :

non. ils n'auront pas le temps de se lasser. dans moins de trois heures ils seront morts.

4 :

ils seront une armée d'une centaine, très bientôt, une centaine à réclamer vengeance d'un meurtre odieux.
beaucoup se poseront la question : mais qui a bien pu donner l'idée à ces loques, à ces rebuts parqués dans des ruines, l'idée d'une telle rebellion ?
le fait-divers qui déclenchera les émeutes est passablement horrible : il s'agira d'un clochard semblable à ces deux-là, peut-être l'un des deux, qui sera torturé et tué de manière horrible, en manière d'amusement, par des collégiens. l'un de ces enfants se trouvera être le fils d'un ministre, il n'en faudra pas plus pour déclencher une guerre civile emmenée par les gueux.
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18. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

le vieux sort du sex-shop et retourne à la voiture. là, les enfants et la vieille ont adopté une position plus discrète.
le vieux, sur les quelques mètres de trajet, s'est demandé s'il serait opportun d'aller chercher des secours ; il a décidé que non.
il entre dans la voiture. l'un des enfants examine le contenu du sachet en plastique : six godes-ceinture. tous les six se mettent à rire d'un rire jovial et cristallin, comme dans une série télé. les vieux sont entre la consternation et l'effroi absolu. leur esprit à tous les deux ne se détache pas des godes-ceinture. ils devraient plutôt penser au cutter...
l'enfant qui avait tendu la première carte de visite en tend une deuxième.
la voiture se remet à rouler, il est minuit vingt et un.

ANNEXE :

(extrait de journal)
explosion d'une conduite de gaz sur un chantier du XXIIIème arrondissement.
tout le quartier a été secoué par une terrible déflagration émanant du chantier de la caserne. l'explosion serait due à une conduite de gaz, touchée par erreur par la pointe d'un marteau-piqueur. l'ouvrier responsable de l'accident est mort sur le coup. on déplore égaelement douze autres victimes sur le chantier même, et quatre autres qui se trouvaient à proximité. (...)
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19. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

quand il se réveille il regarde autour de lui. quelqu'un lui a piqué l'anneau qu'il avait trouvé l'autre jour. il pousse un grognement. il a soif. il n'a rien à boire. il est tard maintenant. il est quelle heure ? il regarde autour de lui... c'est la nuit... il ne fait pas trop froid... fait pas froid mais fait soif...
il se lève, péniblement... il se met en route...
le rêve lui revient, encore un rêve à la con... il ne rêvait pas avant. il était avec des rats dans ce rêve, et les rats lui dévoraient sa merde. tout en marchant, les détails lui reviennent... c'est brumeux mais ça revient... il était assis sur un chiotte à l'ancienne mode... une simple chaise percée en bois, avec un trou d'aisance en dessous, creusé dans la terre... comme chez son grand père quand il était petit... putain ça fait longtemps qu'il a pas pensé à son enfance... il marche toujours, il hésite encore plus maintenant... il a envie de s'asseoir pour penser... c'est ce qu'il fait. il laisse tomber son corps lourd de cent dix sept kilos (mesure datant de la dernière rafle) et ses cinquante quatre ans, et il pense... son grand père est mort comment déjà... écrasé par un bus... un des derniers bus électriques... un des derniers bus à être conduits par un être humain d'ailleurs... c'était en quelle année déjà... de toute façon quelle importance... on s'en fout des années dans la rue... on s'en branle... y'a que l'heure qui compte, à la rigueur... le rêve... il était sur cette chaise à la con, et il chiait... et dans la fosse d'aisance y'avait plein de rats qui bouffaient sa merde... mais la merde lui restait coincée au cul, à force... et les rats s'impatientaient, ils allaient remonter lui bouffer les fesses si ça continuaient comme ça... alors il a plongé les doigt, tout au fond, et en a retiré un étron dur et plat de la taille de la main, qu'il a laissé tomber pour les rats... les rats ont recommencé à bouffer... mais y'avait un autre étron coincé, alors il a remis les doigts et l'a sorti celui-là aussi, et donné au rats... et y'en avait encore un, et encore un, et ça a continué comme ça jusqu'à la fin du rêve...
c'est quoi qui l'a réveillé... il en sait rien du tout... la soif peut-être... ou alors ce putain de mal de crâne... il faut qu'il trouve à picoler putain... il se relève, sa carcasse le fatigue... il est trop gras, et il bouffe pas assez pour trimballer autant de graisse... il réfléchit... est-ce qu'il connaît quelqu'un chez qui il pourrait aller sonner et ensuite boire...
il marche au hasard, en attendant... il espère qu'il va pas marcher comme ça toute la nuit...
il ne le sait pas, mais il est minuit passée de quarante trois minutes.

ANNEXES :

1 :

il y a ce vieil homme qui fait les poubelles, et, plus loin dans la rue, cet autre vieil homme qui dort dans une cage d'escalier. Ils ne savent pas qu'ils sont observés. Mais enfin ils sont observés, c'est comme ça.
le quartier est presque en ruines. a l'entrée, il y a des plots en béton pour barrer la route aux voitures qui voudraient entrer, ou à celles qui voudraient sortir ; les affiches explicatives sont quant à elles lacérées et illisibles. Qu'importe, chacun sait à quoi s'en tenir. Au lever du soleil, c'est beau : les premiers rayons glissent sur les tapis de verres brisées, et cela produit des illuminations somptueuses. Mais ici, tout le monde s'en fout ; ceux qui ne s'en foutent pas sont morts, ou alors vivent ailleurs.
le vieillard qui fouille les poubelles opère de manière systématique, passant de l'une à l'autre sans faire de pause, plongeant les mains, fouillant le visage enfoui là-dedans, ne remassant rien, recommençant ; il a l'oeil hagard des fous urbains, il empeste l'alcool, il mourra d'ici quelques mois, d'une hépatite, ou plus simplement de froid.
l'autre dort, et pue ; ce sont ses deux activités principales.
plus tard, dans la soirée, ils vont boire et rire d'un rire sonore, leur haleine sentira le vin conditionné en bouteille plastique, et rien d'autre. c'est terrible comme ils se ressemblent, la même carrure, les mêmes guenilles marron, jusqu'aux ongles noirs et écaillés.
beaucoup plus tard il fera nuit. leur feu de fortune, devant lequel ils buvaient, un feu fabriqué à partir de madrier et de cageots récupérés, et arrosé d'essence, sera éteint, et même les cendres seront froides. Il y aura très peu de bruits, hormis les ronflements des deux pochards, qui dormiront à même le sol de l'immeuble en ruine, entourés de gravats, de poussière, de verre brisé et de merde de rat. La plupart des clochard glisse un carton entre le sol et leur corps, pas eux.
dans la nuit l'un des deux fera un cauchemar. dans son rêve, il se lèvera et ira donner de violents coups de poings au visage de l'autre, qui ne se défendra pas. le poing fera éclater la peau, déchaussera les dents déjà malades, fera gicler du sang, pochera les yeux qui imploraient.
le clochard se réveille, un peu mal à l'aise d'avoir fait ce rêve, sa conscience subit un genre de soubresaut ; il attrape la bouteille mais elle est vide ; il cherche son compagnon mais il n'est plus là. il se lève, va pisser. Il extrait son pénis puant de plusieurs épaisseurs de guenilles, et arrose un platras répendu au sol.
quelque chose brille un peu dans le blanc crasseux du platre. il se penche, si c'est une pièce il la boira, il sourit à cette perspective ; il avance sa main sale vers l'objet, ce n'est pas une pièce mais un anneau, un petit anneau comme une alliance. il le prend entre ses doigts, le tourne, c'est un vulgaire anneau en étain, il le fourre dans un poche en laissant échapper un petit rire bête hhhéééé héh hhhééé ; c'est pas tout ça mais il a soif.

2 :

un anneau
qui aujourd'hui connaît son histoire, qui se souvient de sa fonction ?
il servait de signe de reconnaissance, et à l'époque nombreux étaient ceux qui le portaient.
mais l'époque est révolue, et l'anneau d'étain oublié.
il y avait une société secrête, dont la principale occupation était d'emmurer vivants des hommes, à la demande d'autres hommes, et moyennant finance. en fait ça c'était la partie visible de leur travail ; la partie cachée l'était grandement, et même au sein de cette société sans nom peu nombreux connaissaient la vérité.
la vérité, c'est que les emmurés ne mourraient jamais. des mots adéquats, écrits à l'acier sur leur peau, leur garantissait une vie éternelle, sans pour autant les prémunir de la faim ni de la douleur ; ils ne mourraient qu'à la destruction du mur, afin de protéger le secrêt des emmureurs.
espions, oui, mais au compte de qui, et dans quel but ? encore moins de gens le savents ; certains fous prétendent des choses, mais il ne faut pas écouter les fous.
en tout cas, là où traine un anneau, forcément il a traîné un emmureur ; et on raconte des choses au sujet des anneaux, des rumeurs bizarres, quelquefois violentes.
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20. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

la scène du sex-shop vient de se répéter devant une pharmacie de nuit, et les gamins regardent les seringues.
l'enfant sort une adresse.
plus tard :
dans un hall d'immeuble abandonné, le vieux et la vieille sont égorgés à coup de cutters. en tentant de se défendre, ils ont brisé le bras d'un des enfants. le blessé a été achevés par ses complices, égorgé comme les vieux.
dans un grand récipient ils ont tous chié. la merde a été mélangée avec le sang des vieux, pour la rendre plus liquide.
le récipient a tourné entre les cinq enfants ; chacun a bu, une grande rasade. le bol a tourné encore, et encore, jusqu'à être bu entièrement.
maintenant, les enfants sont liés.
ils sortent de l'immeuble. ils sortent en ville.
ils sortent de l'immeuble, et il est une heure neuf.
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21. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4
il regarde ça... les momes sortir... qu'est-ce qui lui a pris de revenir ici... faut être con... c'est pas ici qu'il va trouver de quoi picoler...
il jette un oeil autour de lui... il en frissonne encore... ces putains de momes... complêtement déjantés... il s'avance encore un peu dans le hall de l'immeuble... il contourne les deux cadavres, il fait un bon détour... il passe bien au large de l'espèce de saladier... beurk... son estomac se soulève encore un coup... il a failli gerber direct quand il a vu ça... heureusement qu'il a pas gerbé, sinon les momes l'auraient repéré...
il avance encore un peu...
putain il est pas revenu ici depuis que son pote a disparu... c'était le jour où il avait fait son premier rêve bizarre, d'ailleurs...
... l'anneau...
par terre, près d'un tuyau bizarre... il était pas là avant ce tuyaux... c'est bizarre, il est ni crevé, ni rien... il a l'air neuf...
il se penche pour ramasser l'anneau...
il touche le tuyau...
il meurt...
il se relève un peu après...
il est une heure vingt cinq.
ANNEXE :
il y a ce vieil homme qui fait les poubelles, et, plus loin dans la rue, cet autre vieil homme qui dort dans une cage d'escalier. Ils ne savent pas qu'ils sont observés. Mais enfin ils sont observés, c'est comme ça.
le quartier est presque en ruines. a l'entrée, il y a des plots en béton pour barrer la route aux voitures qui voudraient entrer, ou à celles qui voudraient sortir ; les affiches explicatives sont quant à elles lacérées et illisibles. Qu'importe, chacun sait à quoi s'en tenir. Au lever du soleil, c'est beau : les premiers rayons glissent sur les tapis de verres brisées, et cela produit des illuminations somptueuses. Mais ici, tout le monde s'en fout ; ceux qui ne s'en foutent pas sont morts, ou alors vivent ailleurs.
le vieillard qui fouille les poubelles opère de manière systématique, passant de l'une à l'autre sans faire de pause, plongeant les mains, fouillant le visage enfoui là-dedans, ne remassant rien, recommençant ; il a l'oeil hagard des fous urbains, il empeste l'alcool, il mourra d'ici quelques mois, d'une hépatite, ou plus simplement de froid.
l'autre dort, et pue ; ce sont ses deux activités principales.
plus tard, dans la soirée, ils vont boire et rire d'un rire sonore, leur haleine sentira le vin conditionné en bouteille plastique, et rien d'autre. c'est terrible comme ils se ressemblent, la même carrure, les mêmes guenilles marron, jusqu'aux ongles noirs et écaillés.
beaucoup plus tard il fera nuit. leur feu de fortune, devant lequel ils buvaient, un feu fabriqué à partir de madrier et de cageots récupérés, et arrosé d'essence, sera éteint, et même les cendres seront froides. Il y aura très peu de bruits, hormis les ronflements des deux pochards, qui dormiront à même le sol de l'immeuble en ruine, entourés de gravats, de poussière, de verre brisé et de merde de rat. La plupart des clochard glisse un carton entre le sol et leur corps, pas eux.
dans la nuit l'un des deux fera un cauchemar. dans son rêve, il se lèvera et ira donner de violents coups de poings au visage de l'autre, qui ne se défendra pas. le poing fera éclater la peau, déchaussera les dents déjà malades, fera gicler du sang, pochera les yeux qui imploraient.
le clochard se réveille, un peu mal à l'aise d'avoir fait ce rêve, sa conscience subit un genre de soubresaut ; il attrape la bouteille mais elle est vide ; il cherche son compagnon mais il n'est plus là. il se lève, va pisser. Il extrait son pénis puant de plusieurs épaisseurs de guenilles, et arrose un platras répendu au sol.
quelque chose brille un peu dans le blanc crasseux du platre. il se penche, si c'est une pièce il la boira, il sourit à cette perspective ; il avance sa main sale vers l'objet, ce n'est pas une pièce mais un anneau, un petit anneau comme une alliance. il le prend entre ses doigts, le tourne, c'est un vulgaire anneau en étain, il le fourre dans un poche en laissant échapper un petit rire bête hhhéééé héh hhhééé ; c'est pas tout ça mais il a soif.
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22. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

finalement quentin n'a pas raccompagné élodie.
ils avaient évidemment beaucoup mieux à faire. maintenant ils sortent de la ruelle où ils se sont cachés. il faisait chaud, c'était bien. le sordide du décor leur a semblé romantique. ils sont contents.
maintenant il n'y a presque personne dans les rues. ils est tard, sans doute.
ils marchent, détendus ; ils ne sont plus enlacés mais se tiennent simplement la main. leur bouche n'est plus tellement fiévreuse, leur corps n'est plus tellement avide. ils marchent lentement. il n'y a plus de clochard, à cette heure-ci. ceux qui n'ont pas trouvé de planque efficace se sont fait ramasser.
- j'ai envie de m'assoir.
c'est élodie qui parle.
quentin l'embrasse. il s'asseyent sur le trottoir.
maintenant ils sont serrés l'un contre l'autre, mais ce n'est pas pareil que quelques heures plus tôt. leur embrassade est paisible, leurs baisers sont doux, leurs regards sont calmes.
une voiture de police se gare près d'eux.
il est une heure cinquante trois, ils n'en ont plus pour longtemps.

ANNEXES :

1 :

- les corps sont vidés de leur sang
- le sang, récupéré, sert de nourriture pour les animaux de consommation courante : veuax et boeufs en batterie, etc.
- la peau est stockée et utilisée comme isolant dans de nombreuses usines.
- les organes sont classés et triés ; ceux qui sont intacts sont greffés, ceux qui sont hors d'usage sont légués à la recherche ou aux universités.
- les os, dents et autres matières dures sont stockées, recyclées, et réutilisées comme matières premières dans un très grand nombre de domaines.
- tous les effets personnels sont détruits, à l'exception des bijoux qui sont remis en circulation : leur vente finance, en partie, le fonctionnement des centres.

2 :

ils seront une armée d'une centaine, très bientôt, une centaine à réclamer vengeance d'un meurtre odieux.
beaucoup se poseront la question : mais qui a bien pu donner l'idée à ces loques, à ces rebuts parqués dans des ruines, l'idée d'une telle rebellion ?
le fait-divers qui déclenchera les émeutes est passablement horrible : il s'agira d'un clochard semblable à ces deux-là, peut-être l'un des deux, qui sera torturé et tué de manière horrible, en manière d'amusement, par des collégiens. l'un de ces enfants se trouvera être le fils d'un ministre, il n'en faudra pas plus pour déclencher une guerre civile emmenée par les gueux.
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23. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

sa main se détache du tuyau. sa vision est affreusement nette mais il ne voit rien, son esprit affreusement acéré, mais vide.
pour la première fois depuis des années, il n'y a pas une goutte d'alcool dans ce corps.
sa main n'est plus en contact avec le toyau.
il continue cependant en à sentir le grondement sous sa peau, dans ses organes ; il entends le flux régulier et énorme s'étirer dans son cerveau, jusqu'à l'infini.
il est mort, et il le sait. il n'a pas peur parce qu'il n'a plus rien. sa conscience n’existe plus. il n'est qu'un système nerveux, et une mémoire qui ne sert à rien.
il sort de l'immeuble. il s'éloigne du tuyau.
il marche, sa démarche est hésitante. on pourrait croire qu'il cherche son chemin. il semble se perdre, revenir sur ses pas, errer, avancer presque à tatons.
quand la voiture de police arrive à sa rencontre, il est trois heures vingt cinq.

ANNEXE :

ils seront une armée d'une centaine, très bientôt, une centaine à réclamer vengeance d'un meurtre odieux.
beaucoup se poseront la question : mais qui a bien pu donner l'idée à ces loques, à ces rebuts parqués dans des ruines, l'idée d'une telle rebellion ?
le fait-divers qui déclenchera les émeutes est passablement horrible : il s'agira d'un clochard semblable à ces deux-là, peut-être l'un des deux, qui sera torturé et tué de manière horrible, en manière d'amusement, par des collégiens. l'un de ces enfants se trouvera être le fils d'un ministre, il n'en faudra pas plus pour déclencher une guerre civile emmenée par les gueux.
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24. saveurs molles, dans la nuit du jour 3 au jour 4

les enfants s'approchent de la voiture
les deux policiers sont occupés à violer une fille à même le capot
deux gamins tirent le policier en arrière
deux gamins tirent le deuxième policier en arrière
un gamin slashe à coups de cutter dans les parties génitales du premier policier
le deuxième policier dégaine et tire dans le tas, le pantalon aux chevilles, le sexe qui débande
croyant tirer sur des adultes, il tire beaucoup trop haut
dans la précipitation il achève son collègue, qui s'écroule dans une mare de sang
le choc, en constatant que les agresseurs sont des enfants, l'empêche de réagir efficacement
c'est sans difficulté que les enfants lui tranchent, à lui aussi, les couilles
il se tortille à terre, il n'est pas encore mort
la fille est choquée
elle regarde la scène, hébétée
les enfants la neutralisent en lui tailladant le ventre, puis ils tranchent les tendons d'achille pour annuler toute idée de fuite
comme le policier survivant, elle se débat dans une mare de sang qui s'élargit
les deux crient beaucoup, mais le quartier est désert
de toute façon, les gens ont appris à ne pas se mêler de ce genre d'affaire, de loin on voit bien que c'est dangereux, pas la peine de s'approcher, pas la peine d’avoir confirmation
les enfants se déchabillent et mettent les godes-ceinture
chacun leur tour, ils violent le policier et la fille ; ils les violent par l'anus, par la bouche, par le vagin pour la fille et par une ouverture pratiquée à coup de cutter un peu au-dessus du nombril pour le policier
ils les violent jusqu'à la mort
ensuite, ils attachent un gode-ceinture sur chaque cadavre, de telle sorte que le gode vienne figurer un nez obscène au milieu du visage
les deux godes restant, ils les laissent par terre sans davantage s’en préoccuper
ils sortent ensuite les seringues
dans chaque corps, ils prélèvent de la moelle épinière
la seringue est adaptée à cet usage, mais les enfants ne maîtrisent pas les geste, aussi ils s'y reprennent à plusieurs fois
à la fin la peau est criblée de plaie, par où un peu de sang s'épanche
ceci fait, les enfants retournent à l'immeuble
à l'immeuble, ils s'asseyent en rond, près du tuyau
il se font passer les seringues, et se font des fixes de moelle épinière
la terre s'ouvre, et ils peuvent descendre
ils ont des choses à prendre, des choses à donner
il est quatre heures du matin, plus personne ne s'en soucie

ANNEXES :

1 :

il y a un cadavre sur la banquette arrière, et un deuxième cadavre dans le coffre. celui dans le coffre a été tué d'une balle en plein front, l'autre présente des symptomes évidents de torture.

2 :

cette vidéo amateur fera dès le lendemain le tour de la planète, via intenet ; c'est surtout en france que le retentissement sera important.
l'image est très mauvaise, la scène se passe en pleine nuit, c'est filmé de loin.
toutefois, on comprend l'action. deux policiers sont occupés à violer élodie de freynal. elle est appuyée contre la voiture, et se fait enculer par l'un tandis que l'autre lui maintient la tête contre le capot, puis les policiers échangent leur positions, et c'est l'autre qui encule la malheureuse tandis que le premier la maintient. ensuite, ils la frappent, et la mettent sur le dos pour la violer à nouveau. le film s'arrête là : le caméraman amateur, par peur de se faire repérer, a préféré prendre la fuite.
c'est cet événement, cumulé aux actes de barbarie dont a été victime un sans domicile fixe, qui sera à l'origine des premières émeutes, lesquelles dégénèreront, après l'incendie d'un commissariat et de la totalité de ses occupants, policiers, prisonniers, visiteurs pris au piège, en véritable guerre civile.

3 :

(extraits de la rubrique nécrologique d'un journal people lu par trente et un millions de français)
élodie de freynal (...) fille du député albert de freynal (...) oiseau de nuit (...) talentueuse actrice (...) carrière brillante (...) vraie femme (...) humanité bouleversante (...) généreuse (...) crime (...) inadmissible (...) sauvagerie (...) châtiment exemplaire (...) sévérité la plus extrème (...) trente huit ans (...) onze films (...) quatre disques (...) le plus bel avenir (...) disparition tragique (...) les images choquantes que tout le monde a pu voir (...) (...) (...) (...)
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