A CES JONGLEURS

Ecriture, écritures : en solo ou en collectif, ici on aime lire et écrire.

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Ël Rapha
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A CES JONGLEURS

Message par Ël Rapha »

A CES JONGLEURS

Qu’êtes-vous, trafiquants de bons dieux chimériques,
Marabouts, pasteurs protestants,
Bonzes, rabbins et vous, ô prêtres catholiques ?
Vous n’êtes que des charlatans !...
Vantez la qualité de votre marchandise
Et les bienfaits de votre onguent,
Courtiers de l’Eternel ; la masse enfin s’avise
Que vous n’aimez qu’un dieu ; l’Argent !
C’est vous surtout, soldats ensoutanés de Rome,
Qui le vénérez Saint Frusquin !
Grâce à ses beaux écus, vous trouvez honnête homme,
Le plus audacieux coquin.
Un gueux, le vendredi, mange-t-il du lard rance ?
Vous vouez son âme à l’enfer ;
Mais il peut violer les lois d’abstinence,
Celui qui vous paie assez cher.
Vous vendez tout, enfin : et l’eau dont on asperge
L’enfant qui naît, les oremus,
Tout ; le droit de baiser le nombril de la Vierge
Et le prépuce de Jésus.
Mais, las ! En entassant sottises sur sottises,
Que faites-vous, oints du Seigneur ?
Vous éloignez du sein de vos sombres églises,
L’homme qui lit en votre coeur.
Car la voix du Progrès, prêtres, s’est prononcée,
Votre royauté va finir,
Et la religion de la Libre-Pensée
Sera celle de l'Avenir

4 septembre 1883

Henri Terral
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Ël Rapha
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Re: A CES JONGLEURS

Message par Ël Rapha »

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Encore une découverte grâce a mon camarade "beau-père" de Millau .


Un dernier pour la route :
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Ël Rapha
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Re: A CES JONGLEURS

Message par Ël Rapha »

DESESPERANCE



J’ai bien souvent maudit le jour qui me vit naître,
Jeune encor, j’ai subi des tortures sans nom,
Le boulet du travail a brisé tout mon être,
Les soucis ont gravé des rides sur mon front…
Et le sombre destin s’acharne à ma poursuite ;
Le chômage m’étreint de ses griffes de fer,
Pauvre femme et surtout, o toi, chère petite,
Pourrez-vous supporter les affres de l’hiver ?...
Avais-je bien le droit de t’envoyer sur terre,
De te vouer, mon ange, à l’âpre adversité ?...
N’aurais-je pas du, gueux courbé par la misère,
Me sevrer des douceurs de la paternité ?...
Je pourrais rester sourd aux cris de la nature,
J’aurais pu te laisser dans la nuit du néant ;
Enfant, j’ai préféré te jeter en pâture
Au monstre qui me tient sous sa cruelle dent !.
Car comme moi, peut-être, au pouvoir de la pieuvre
Qu’on nomme la Misère, un jour tu gémiras ;
Et, quoi ! tu souffrirais ! tes maux seraient mon oeuvre ;
Suis-je donc sans courage et n’ai-je pas deux bras ?
Oh ! Je veux te créer une douce existence,
Moi debout, loin de toi l’orage ira gronder,
A travers les écueils notre vaisseau s’avance,
Mais nocher vigilant, je saurai le guider.
Riche, je n’en veux pas à ta vie, à ta bourse,
Le sort t’a fait heureux, ne sois pas inhumain,
Des pleurs du paria tu dois tarir la source,
Donne-lui du travail pour acheter du pain !...



14 Décembre 1885.
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