Une contradiction inquiétante...

Zone de discussion libre, sans thème précis.

Modérateur : drÖne

Répondre
nyf

Une contradiction inquiétante...

Message par nyf »

Bon, les 2 trucs ke je reproche le + à ce ke sont devenus nos tekniveaux c'est :

1/ la massification
En effet, pour moi ça explik la plupart des déviances de nos teufs :
- état de propreté du site (facile de jetter une cannette par terre en pleine foule, alors ke dans une private 10 personne te sauterait dessus pour te la faire ramasser !!)
- présence des vendeurs en tout genre (loi de l'offre et de la demande tout betement...)
- Assistanat par l'état (comment passer inaperçu avec 60 000 personnes ke lon est meme pas capable de gérer !!)
Etc....

2/ Le manque d'esprit
Trés à la mode sur les différents forums de discussion ces derniers temps le fameux "Mais arretez de raler! Moi je me suis trop éclaté o tékos avec mes potes ! Au fond c'est ca ki compte !!"
Ah...ok.... Je suis peut etre une grande utopiste, ca fait pas 15 ans ke je fais des teufs,mais quand meme jai cru voir autre chose qu'un lieu ou on s'amusait...
Je croyais qu'on se marginalisait (déja o moins le temps dun we...)
je croyais koncontestait l'ordre établi
Je croyais kon montrait kil existait dotres alternatives à ce que l'état nous proposait
Je croyais kon avancait, kon allait faire la révolution, mais intelligemment cette fois !

Conclusion : Pour vivre nos teufs heureux, vivons les cachés. Vive les private ou on se suffit à nous meme et ou tu peu prendre le temp de connaitre ton voisin..

Mais une révolution, on la fait pas à 150 au fond d'un bois !!

Alors question : Qu'est ce qu'il a de + ke moi Rick Hunter ?
Non, padon..
Question : Les hommes sont-ils vraiment devenus si cons et si égoistes qu'aucune rebellion n'est plus possible ?

Euh.... J'ai comme une angoisse là d'un coup.... J'aimerais vos avis..
morue
echo of ze room
Messages : 95
Enregistré le : 19 juin 2004, 17:25

Message par morue »

altermondialisme
autoproduction

c'est en s'emancipant du systeme qu'on le tuera ... débarrassons nous de lui progressivement

vive la democratie participative,
les tekos le prouvent rien ne sera possible sans l'implication active d'une majorité d'acteurs ... quand les apssifs sont trop nombreux ca chie

les actifs sont peu nombreux ? regroupons les ...

et en attendant de convaincre les moutons que c'est le bon chemin laissons les se repaître de cette herbe grasse qu'on bouffe depuis trop longtemps deja ... et occupons nous de nous

le DIY sera la prochaine revolution, c'est la seule chose qu'ont en commun le monde du logiciel libre, les initiatives genre wikipedia, la teuf (a l'origine) et l'altermondialisme

arretons d'être des assités ...
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Re: Une contradiction inquiétante...

Message par drÖne »

nyf a écrit : Question : Les hommes sont-ils vraiment devenus si cons et si égoistes qu'aucune rebellion n'est plus possible ?

Euh.... J'ai comme une angoisse là d'un coup.... J'aimerais vos avis..
T'es pas la seule à avoir des angoisses : je sais, c'est pas une réponse très satisfaisante. De ma vie, je n'ai jamais ressenti autant la haine du monde dans lequel je vis que cette année : un vrai dégoût. Pourtant, y'en a eu des périodes merdiques avant. Mais là, toute ces compromissions, ces contradictions, ces mensonges à tous les niveaux, ça devient franchement flippant. Je trouve que même les activistes sont en panne d'imagination, que les intellectuels ont vendu leur âme au plus offrant, que les gauchistes sont aujourd'hui à droite et que seule la droite est à sa place : à droite...

Je sais pas : on devrait tous tout lâcher et organiser une sorte de grande marche symbolique, une fuite représentant l'exil volontaire. Mais alors avec un séminaire ambulant qui accompagnerait cette marche, pour que les gens reconstruisent leur pensée et le monde dans des cadres différents de ceux que leur proposent les espaces, figés et éteints, dont ils ont l'habitude : école, université, tekni-veaux, etc.

J'ai eu cette envie d'une grande marche lors d'un colloque, justement, où j'ai brusquement pris conscience de la place des corps et de l'influence de l'immobilité sur la stagnation intellectuelle. Sur ma propre incapacité à me lever et à dire "bande de cons, vous puez la lâcheté et la bêtise !". Dans un colloque, on devrait pouvoir penser librement, prendre des risques intellectuels, surtout quand l'actualité de notre métier est brûlante (c'était en pleine soi-disant révolte des chercheurs : quelle hypocrisie cette pseudo-révolte des mandarins et des nantis...). Bref, on nous débitait des conneries sur la science, et j'ai eu une sorte de nausée. En sortant, avec des collègues et amis, j'ai brusquement réussi à cracher ma pastille : parce qu'on marchait. parce qu'on était dehors. Parce que le corps avait repris ses droits. Pas le corps contre l'esprit, ce serait trop simple ! Mais le corps avec l'esprit, dans le mouvement. Tout ce qui s'oppose au mouvement est proche de la mort, tant physique qu'intellectuelle.

As-tu déjà réfléchi à la force que ton corps perd en restant durant des heures devant un écran ? A cette immobilité flippante, à ce boulet que représente l'informatique ? Les corps sont rivés, verrouillés à leur place, depuis que l'informatique a envahi la société, comme une gangrenne, comme un cancer mental et technologique. On nous a vendu les réseaux en prétendant nous vendre la vitesse et la liberté avec, mais on a eu l'immobilité et la déprime. On nous vend la techno comme un moyen de retrouver un espace mental et corporel, mais les grands tekni-veaux ne sont pas du tout en mouvement : des dizaines de milliers de gens vont s'entasser au même endroit, voilà tout, et tout ça est bien gardé par des rangées de CRS. Du coup, les jeunes ont inventé le mythe des "travellers", pour compenser leur immobilisme, en oubliant que la route, c'est aux states avec Kerouac qu'elle a pris un sens, dans des espaces bien différents des espaces européens.

L'immobilisme est voulu par le marché et par les parangons du tout sécuritaire : ce qui inquiète les réactionnaires, du haut de leurs valeurs de vieux cons, c'est que certains s'en prennent à leurs biens, à leur propriété, voilà tout. Du coup, les dispositifs de contrôle social se sont multipliés pour imposer aux corps de rester à leurs places : on stigmatise les migrants, des gitans aux flux migratoires nord-sud, et la techno qui était basé sur cette volonté de rester mobile, a fini par échouer, telle une baleine crevée, sur les rives nauséeuses des tekniveaux. Les activistes du Collectif des dinosaures n'ont rien compris à ça, car ils n'ont pas un gramme d'intérêt pour les dispositifs, et parce qu'ils ne savent même plus rêver. Mais ils ne sont en cela pas plus immobiles que le reste de la société, rivée à ses écrans, rêvant de clonage et de jeunesse éternelle... mais c'est les vieux qui rèvent, à travers les progrès de la génétique, à la jeunesse éternelle POUR EUX ! C'est pour ça, - ouvrons le grand fourre tout conceptuel drönésien - , que l'âge de la retraite a été modifié : il s'agit que nous, les actuels actifs, travaillions plus longtemps pour les vieux cons qui nous dirigent. Mais on peut aussi être un vieux con à 18 ans : j'ai des étudiants qui sont vieux avant d'avoir été jeunes... La pyramide des âges est en train de s'inverser : démographiquement, il est prouvé qu'il y a de plus en plus d'inactifs et de vieux, et de moins en moins de jeunes dans les sociétés industrialisées. Déjà qu'on vit plus longtemps...

Qui voyage aujourd'hui ? Qui bouge son corps ? Je délire peut-être, mais les caricatures sont parfois de bonnes méthodes pour analyser les mutations sociales : regardez autour de vous la multiplication des pubs pour les voyagistes, et interrogez-vous sur les personnages qu'elles mettent en scène : des vieux, le "grey power" des nantis. Et aussi des très jeunes. Les figures symboliques de la publicité pour les voyages, c'est les grands parents avec leurs petits enfants : la nouvelle cellule familiale. Qui a été évacué ? Nous, les gens qui ont entre 20 et 50 ans. Les actifs. Même chose avec le discours des mandarins de la science sur les "jeunes" : qui évacuait-il, ce discours des nantis en "révolte" contre leur ministère ? Nous, les gens qui bossons à leurs côté et qui avons entre 30 et 45 ans. Il faut évacuer la frange qui pourrait, si elle se réveillait, changer les ordres établis. Et c'est comme ça dans tous les secteurs d'activité en ce moment.

Alors bien entendu, tout n'est pas aussi net et sans bavure, mais on nous a collé un PC dans les pattes, une TV pour nous lobotomiser, des tekniveaux pour nous défouler, et le mot d'ordre c'est : ne bougez plus ! Consommez, et travaillez pour que vos parents, qui vivent plus vieux et mieux que vous, profitent du monde de merde qu'ils vous ont légué...

Dégoût.

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Avatar du membre
LLB
Haut fonctionnaire prussien
Messages : 508
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:14

Message par LLB »

Tout ce que vous dites m'intéresse, en ce moment les choses ne vont pas bien. J'étais aussi à ce colloque, piégée aussi.
C'est étonnant pensais justement à ça ces jours-ci, une marche, et le silence aussi, j'y pensais pour moi même, à titre individuel. Je pense que ça vient de plein de choses. La Dronésie, neurocircus, vtnarc, le studio du futur, la musique tek, la nuit des meutes...ce sont des espaces et des langages qui réunissent des gens qui se créent des moyens et des lieux propres, et du coup, les pratiques et les relations peuvent être vraiment vécues différemment par rapport aux situations où on est dépendant des espaces et des moyens prêts à l'emploi. C'est très important, c'est fondamental pour moi que ça existe, que ça se crée, c'est l'espoir mêmemême, c'est la possibilité qu'existe sans cesse des dimensions du collectif et d'humain qui échappent à la norme envahissante : ordre social sinon symbolique, et argent. Mais pour des gens comme moi qui ne savent rien fabriquer, ni créer, sans talent particulier et sans langage propre, alors il y a peut-être des voies instinctives presque opposées pour résister au formidable nivellement, cynisme, encombrement ambiant, pub, discours de mauvaise foi, stimuli haute dose pour consciences anesthésiées par l'afflux et l'impuissance. C'est de procéder par défaut : défaire plutôt que faire, ou plutôt ne pas faire des choses en trop, ou pas trop, ça serre encore tous les noeuds coulants, ça en rajoute une couche, ça nourrit le monstre. Marcher, c'est une manière de changer de cadre et de rythme, j'ai envie de marcher très longtemps, je le ferai quand mes enfants seront un peu plus grands, mais l'idée de ces marches m'inspire fort. Ou l'inverse, s'immobiliser, des heures en silence. Les manifestations où on reste comme ça plantés dans le paysage. Les moines stylites sur leurs rochers, Saint-Patrick qui reste si longtemps méditant que les oixeaux viennent nicher dans ses mains il est obligé de rester en position pour ne pas déranger les oisillons jusqu'à ce qu'ils sachent voler. Je suis d'accord avec ce que tu dis Drone sur la danse, ça rejoint. Des heures à s'agiter rythmiquement, toutes les cultures préservent des choses comme ça, je me demande pourquoi la nôtre ne ressent pas combien c'est positif.
Vive les cultures où il y a des rituels qui prennent beaucoup de temps, la préparation des repas, les rites religieux, les saluts, tout ce dont on se débarasse pour gagner du temps à faire des choses, tout ce que je détestais à un moment, finalement quand on est dedans, on est vraiment dedans, ni derrière ni plus tard. Je me souviens il y a longtemps dans le tout petit village de mes aïeux, chaque année on sort le saint patron de l'église et on le balade dans tout le village, on lui fait faire le tour du propriétaire. Les gens descendent quand la statue passent sous les fenêtres et bientôt, une foule silencieuse martèle le pavé, de plus de plus de monde, dans le silence de plus en plus habité par le martèlement rythmé des chaussures, et tout le monde est là, les ados rebelles, les vieux, les bébés qui étrangement ne braillent pas. Il se passe quelque chose, tout le monde le ressent, c'est très fort, c'est lié à la marche au silence au fait d'être tous là, à la rue qu'on investit etc. La puissance du rituel. Les religieux sont forts dans ces trucs. Si seulement on pouvait faire des choses comme ça qui sont au fond très proche à la fois de la marche, de la musique et de la danse, sans que ce soit au nom des cieux, et du Grand Barbudo.
Le Lion Bleuflorophage
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

Tu as raison d'insister sur le fait qu'il faut parfois savoir ne pas faire des choses pour être dans la lutte. On vit dans un monde qui surestime l'activité, et le retrait pourrait être une forme de combat pourteur d'une charge symbolique et subversive importante. Une marche, oui, en silence, ou accompagnée d'une réflexion collective en mouvement pour casser les idées reçues et les habitudes. Ou bien des gens tous figés dans la rue, en méditation, pour dire merde au productivisme ambient, au productivisme des industries comme au productivisme idéologisé des activistes : on ne se rend plus compte à quel point les formes de la revendication contre le "système" sont finalement totalement imprégnées des valeurs du système qu'elles combattent. Il y a là un piège terrible : croire qu'on lutte contre, alors que le "faire" est souvent dans la logique du libéralisme. Un retour aux ascétismes et à la mystique médiévale serait peut-être, si on l'expurge de toute référence religieuse, une manière de retrouver un sens à travers des rituels, à travers ce "souçi de soi" dont Foucault parle si bien dans une de ses leçons du Collège de France.

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Avatar du membre
LLB
Haut fonctionnaire prussien
Messages : 508
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:14

Message par LLB »

Mais j'ai forcé le trait en disant que quand on n'est pas créatifs membres de communautés culturelles alternatives on ne pouvait pas fabiquer des espaces qui nous soient propres et où on est libres. En fait on peut, dans une certaine mesure, on peut vraiment squatter les institutions au nom de leur propres valeurs qui ont une charge utopique réelle, bien oubliée dans le fonctionnement professionnel, lequel s'emploie justement à lutter contres les valeurs pour lesquelles il avait été mis en place.
Mais simplement on n'est jamais assuré de ne pas faire le jeu du monstre, et on se sent compromis jusqu'à l'os, endanger de perpétuellement se mentir à soi-même, mais de toutes façons, on est jamais assuré de ne pas faire le jeu de la connerie où qu'on soit tellement c'est impregné en effet. Le fait de faire attention à ne pas faire parfois , pour ne pas faire de mal, ou à se déplacer, on voit tout de suite les effets actifs, dans les turbulences que ça crée, comme ça gène tout autour :vision d'un touareg marchant de son très lent dans la gare aux heures de pointe...Mais n'empêche que le touareg est mieux au désert que dans une gare à l'heure de pointe, et que l'action qui consiste à contruire (ou préserver) ses espaces, langages et moments culturels est super, et c'est ça la culture pour moi, ce mélange si contradictoire entre des institutions collectives très nomées qui portent de réelles utopies collectives à la base mais qui les détruisent souvent au quotidien dès qu'elles s'incarnent dans des établissements, pouvoirs, hiérarchies, compromissions, enjeu de se survivre continuellement, et à l'opposé complet des initiatives et de la création individuelles ou micro-communautaires qui se développent contre les institutions, par goût de la différence, de la liberté tout le temps. Bla bla bla je cause je cause.
Le Lion Bleuflorophage
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

A bien des égards, et sans aucune métaphore, l'institution scientifique s'est fondée sur une utopie, et comme une utopie. Françis Bacon et sa Nouvelle Atlantide, ce récit de voyage utopique que nous connaissons bien tous les deux, ont servi de modèle à la première institution scientifique qui a émergé en angleterre vers la fin du XVIIème sciècle. Le problème c'est qu'aujourd'hui on se retrouve avec une institution qui a envie de tout, sauf d'utopie : la science c'est devenu l'usine à tuer les rêves, la machine à fric et à brevets sur le clonage humain, la sociologie minable des Maffesoli et consort, les publications des "intellectuels" médiatiques dans la presse de caniveau du libéralisme pour prôner les vertus démocratique du foot ou de Loft Story, etc.

faudrait arriver à faire ce que Bacon a fait au XVIIème, lui qui luttait justement contre l'immobilisme de la scolastique : il a crée une utopie qu'il a fait circuler via un bouquin. Des gens, progressivement, y ont cru : mais il a fallu 20 ans après la mort de Bacon pour que la Royal Society se fonde sur la base de la Nouvelle Atlantide. Et 3 siècles et demie pour qu'on en arrive au CNRS qui prône la prise de brevets sur le vivant et Maffesoli qui fait soutenir une thèse de sociologie à Elisabeth Teissier... Ceci dit, avant y'en a eu des merdes aussi...

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
juko
Hikikomori !
Messages : 1322
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:00
Localisation : ngc224, messier31
Contact :

Message par juko »

Françis Bacon et sa Nouvelle Atlantide, je crois que je vais essayer de lire ça. la tentative d'application d'une utopie, c toujours instructif, surtout à une époque ou tout ambition "humaine" autre que celle du profit et de la compétition est bannie. D'ailleurs en ce moment nous sommes à mon sens à une epok critik ou une certaine utopie -libérale, force de toute part pour se réaliser. Un symptôme, le consensus souterrain, le formatage de pensée qui, dans nos sociétés occidentales, feint et atteint presque l'unanimité, criante pour les idéologues-silencieuse comme un mensonge par omission pour les autres.
Ce que vous dites sur le mouvement, le temps subjectif (existe-til autre chose de plus réèl?), la révolte silencieuse et souterraine, me fais penser à une experience personnelle tres simple, mais instructive. J''ai pris une petitte semaine seule dans la montagne, avec un peu de mon matos pour consacre tout mon temps à ma musique. C con, mais de retrouver son rythme de créativité, s'autoriser ce temps personnel vraiment synchronisé avec des besoins fondamentaux, comme une utopie temporaire décidée, rend encore plus cru et terrifiant le fossé avec les "normes" de vie dominantes, le fossé entre l'homme et lui-même (pour faire pompeux). Pour moi il y a une pulsion suicidaire derrière tout ça, tellement est systématique la fuite devant ce qui peut faire de nous des êtres utopistes ambitieux (au sens de "grandir"), et capable de cette utopie. Parfois prendre le temps de sa propre respiration, laisser venir et cesser cette sale guerre permanente contre les "autres", contre le sol, contre la nature, contre nous-même, c un rituel purificateur essentiel.
Bon jme barre, mais pour dire que se mettre hors-temps habituel, c salvateur, et ça donne le vertige, vraiment.
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

Ouais, j'ai également occupé 80% du temps de mes vacances à travailler sur ma zic. Plus de la marche avec Le Lion, comme quoi la marche, c'estd ans l'air du temps...

Petit ajout à propos de Bacon et de la création des institutions scientifiques sur des bases utopiques : le coup de force (posthume) de Bacon, qui était également un homme politique, a été d'inscrire la science dans les financements de l'Etat pour la faire sortir des contradictions des financements du mécénat des princes et des puissances de l'argent de son époque. C'est ce qu'on a plus tard appelé, plus largement, la doctrine de l'Etat providence : la création en somme de services publics qui assurent une perennité et une liberté intellectuelle à ses fonctionnaires qui sont libérés du risque de déplaire aux princes. Pas étonnant qu'en ce moment même c'est par la science qu'on ait commencé à appliquer des réformes libérales : touche à la science, à ce fondement historique et politique de nos sociétés, et toute la bobine va se dénouer. C'est en cours à l'université, grâce à ces ordures du PS, Jack Lang en particulier, promoteur avec Luc Ferry (son ancien directeur de cabinet) du "protocole de Bologne" qui est l'application de l'AGCS au secteur de l'enseignement et de la reherche. Transformer le savoir en marchandise, pour mieux transformer toute la société en marchandise et liquider les services publics, tel est le projet des libéraux du PS à l'UMP.

+A+

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
clone
djeunz of ze room
Messages : 11
Enregistré le : 01 mai 2004, 10:27

Message par clone »

drÖne a écrit :Un retour aux ascétismes et à la mystique médiévale serait peut-être, si on l'expurge de toute référence religieuse, une manière de retrouver un sens à travers des rituels, à travers ce "souçi de soi" dont Foucault parle si bien dans une de ses leçons du Collège de France.

+A+
Qu'est ce que tu entends par référence religieuse ?
Les principes religieux (en tant que soupape sur la cocotre-minute de la masse popualire) n'ont peut-etre pas été chassé mais ce sont, au contraire, déplacé dans différentes institutions.
C'est ce que Ferry considérait, je crois, quand il a lancé ses chantiers de l'école laïque obligatoire ; à savoir dresser le lion du peuple (enfin principalement du prolétariat qui enflait comme une psutule) et son petit en l'envoyant à l'école. L'Eglise ne pouvait plus jouer ce rôle. En rendant l'école laïque, le subterfuge était parfait. Le curé est remplacé par l'instuteur, passionné et plein de bonne volonté.
on ne se rend plus compte à quel point les formes de la revendication contre le "système" sont finalement totalement imprégnées des valeurs du système qu'elles combattent
Mais je m'égare peut-être . Sous quelles formes pourrait être pensés ce que tu nomme ascétisme et mystique médiévale ? Cela m'intéresse.
Reconsidérer une forme de folklore ? ou alors de carnaval comme vous en parlier avec morue, je ne sais plus sur quel post ?
Répondre