C'est sûr qu'un mysticisme ascète expurgé de la référence à Dieu, c'est un peu compliqué à imaginer. Mon problème (ça n'en est pas vraiment un !), c'est que je suis totalement athée. Mais en même temps, je crois en la force et en la nécessité des rituels et des normes sociales quand ces rituels et normes opèrent une fonction de "cadrage" (au sens positif de "permettre") de l'action ou de la pensée des individus, au sein des collectifs.clone a écrit : Qu'est ce que tu entends par référence religieuse ?
Plus précisément, je suis intimement convaincu que les rituels ont des fonctions de régulation à la fois du corps et des temporalités. Quand ces rituels sont imposés (par une religion ou une dictature, ou par des conventions arbitraires et non discutées), il est normal de les combattre, dans une perspective de morale individualiste. Mais quand ces rituels sont librement consentis et choisis, librement (auto) administrés, alors on peut espérer s'appuyer dessus pour recontruire une société, ou du moins, en attendant, sa propre pensée. Pas facile à expliquer sans rentrer dans des considérations très personnelles...
Oui, mais l'Ecole n'était pas QUE un système d'asservissement de l'individu. Faut aussi considérer d'où on partait au XIXème. A l'époque, les gens croyaient encore réellement, peut-être naïvement, au Progrès avec un grand "P" et à la Raison avec un grand "R". Aujourd'hui, plus personne ne croit en autre chose qu'en des dieux vengeurs ou dans le relativisme du marché et de ses idéologies consuméristes : telle idée en vaut telle autre dans le grand marché de l'absence de valeurs. Or, si on excepte les retours flagrants et dangereux aux fondamentalismes religieux, je pense que le fait d'afficher des valeurs fortes permet au moins de rendre explicite les fonctionnements et les cadres que se donne une société. Là où le marché rend implicite les systèmes de domination, par le recours au relativisme moral, les critères un peu surannés de la "raison" et du "progrès" avaient au moins le mérite d'être explicites, donc discutables. Et ils l'ont été !Les principes religieux (en tant que soupape sur la cocotre-minute de la masse popualire) n'ont peut-etre pas été chassé mais ce sont, au contraire, déplacé dans différentes institutions.
C'est ce que Ferry considérait, je crois, quand il a lancé ses chantiers de l'école laïque obligatoire ; à savoir dresser le lion du peuple (enfin principalement du prolétariat qui enflait comme une psutule) et son petit en l'envoyant à l'école. L'Eglise ne pouvait plus jouer ce rôle. En rendant l'école laïque, le subterfuge était parfait. Le curé est remplacé par l'instuteur, passionné et plein de bonne volonté.
C'est à mon avis le sens profonsd de tous les systèmes de règles : non pas s'imposer pour dominer, comme le croient trop souvent les anarchistes et les libéraux, mais plutôt rendre explicite et discutables des principes. Donc, qui dit discutable, dit qu'on peut changer les règles : les règles sont le moteur de la subverstion des rapports de pouvoir qu'elles matérialisent, qu'elles balisent. C'est pourquoi, je crois, le marché n'a plus qu'une seule urgence : c'est supprimer toutes les règles (dont celles liées au savoir), de manière à ne plus permettre que l'on puisse discuter des rapports de pouvoir qui sont naturalisés par le marché : les économistes libéraux te disent alors "le monde est tel qu'il est, on n'y peut rien, tu dois t'adapter, c'est la NATURE des choses".
je préfère laisser Le lion répondre : elle connaît mieux ces questions que moi, et y a bien plus réfléchi.Mais je m'égare peut-être . Sous quelles formes pourrait être pensés ce que tu nomme ascétisme et mystique médiévale ? Cela m'intéresse.
Reconsidérer une forme de folklore ? ou alors de carnaval comme vous en parlier avec morue, je ne sais plus sur quel post ?
+A+