Que faire contre la conjuration des imbéciles ?

Désobéissances et micro-résistances.

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bin
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Message par bin »

je mets le temps rattraper tout le retard de lecture ke j'ai par ici, mais petit a petit....
en tout cas, l'idée du journaffich', je trouve ke, développé sur le long terme, est un excellent moyen de diffusion de messages a but informatifs ou reflexifs (c'est le bon mot?).
ca demande un minimum d'organisation (pas de trop) ke ca soit pour edifier le contenu comme le contenant :).
des phrases choques (genre des phrases choques :roll: !) associées à des images choques sont souvent plus efficaces ke de longs discours....
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drÖne
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Message par drÖne »

bin a écrit :je mets le temps rattraper tout le retard de lecture ke j'ai par ici, mais petit a petit....
en tout cas, l'idée du journaffich', je trouve ke, développé sur le long terme, est un excellent moyen de diffusion de messages a but informatifs ou reflexifs (c'est le bon mot?).
ca demande un minimum d'organisation (pas de trop) ke ca soit pour edifier le contenu comme le contenant :).
des phrases choques (genre des phrases choques :roll: !) associées à des images choques sont souvent plus efficaces ke de longs discours....
En ce qui me concerne, je pense exactement le contraire. Ou plus précisément, j'estime que c'est en partie à cause de cette perpétuelle recherche de l'efficacité (communicationnelle, manageriale, organisationnelle, sociale, économique, politique, etc.) que notre société est en train de plonger dans l'obscurantisme libéral, et dans l'horreur rationaliste d'une pensée qui met les moyens à la place des fins, voire qui a abnadonnée l'idée même d'avoir un objectif pour ne se consacrer qu'à la mise en oeuvre de sa rationalité. Ce que je dis là n'est pas nouveau (Weber, Marcuse et d'autres en ont parlé, chacun à leur manière), mais on est peut-être dans une période où ces questions de la relation inversée entre la fin et les moyens n'ont jamais eu autant de portée, mais n'ont en parallèle jamais été aussi peu pensées. Le pire - et c'est en cela qu'on constate la pénétration d'une idéologie, ici celle du libéralisme positiviste - est que ce type de pensée structure aujourd'hui aussi bien les milieux d'affaire, ceux des politiques, que les milieux supposés s'opposer au libéralisme... Autrefois, les militants disaient "l'imagination au pouvoir". Aujourd'hui, tout le monde pense "l'efficacité au pouvoir", ce qui revient à espérer que rien ne change jamais vraiment : l'efficacité est avant tout un principe de pouvoir.

A mon sens, il faut donc se poser les questions suivantes :

- quel sont l'origine et le but (historique et social) de l'idée d'efficacité, en particulier communicationnelle ?
- peut-on lutter contre la publicité et la propagande libérale avec les armes de la publicité et de la propagande ?
- peut-on à la fois rêver d'un autre monde et mettre en place les conditions de réalisation et d'action identiques à celles qui ont structuré le monde actuel ?

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Message par ((--00--)) »

peut-on à la fois rêver d'un autre monde et mettre en place les conditions de réalisation et d'action identiques à celles qui ont structuré le monde actuel ?
ne soit pas plus utopistes que les pires utopistes:
Changer le monde c'est pas de notre ressort; la société est là (meme au dela de nos frontieres nationales) et nous ne pourrons jamais tout changer...(si??)
mais par contre il serait plus facile de remodeler certaines parties critiques en les axants sur le "Mieux" ou le "Bien" de tous... continuer ce qui est déjà fait en matiere d'activisme anonyme, avec ce que nous pourrions élaborer à coté ?
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drÖne
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Message par drÖne »

((--00--)) a écrit :
ne soit pas plus utopistes que les pires utopistes:
Changer le monde c'est pas de notre ressort; la société est là (meme au dela de nos frontieres nationales) et nous ne pourrons jamais tout changer...(si??)
mais par contre il serait plus facile de remodeler certaines parties critiques en les axants sur le "Mieux" ou le "Bien" de tous... continuer ce qui est déjà fait en matiere d'activisme anonyme, avec ce que nous pourrions élaborer à coté ?
Oui, bien sûr, mais mon post concernait essentiellement la question de l'efficacité dans le domaine de la communication, ce qui est assez ciblé. Je pense que si dès le début de la réflexion, on commence à poser l'idée qu'on vise à être efficace avec des phrases et des images choc, alors il y a un problème dans les finalités qu'on se donne. Car ce type d'efficacité, c'est la pub, le marché, et la propagande qui l'ont toujours mise en oeuvre. Si on met en place le même type de pensée communicationnelle, alors c'est qu'on vise la construction du même monde. Il y a eu il y a quelques jours un sujet sur Arte (dans Trax) sur un groupe d'activistes qui "détourne" la communication publicitaire pour délivrer des messages alternatifs. A première vue, c'est séduisant, marrant, choc, provo. Mais en fait, ni cette esthétique ni cette démarche ne changent quoi que ce soit à la signification globale des messages diffusés : la pub ne fait que ça depuis toujours. Elle séduit, elle provoque, elle prétend interroger le social... y'a qu'à voir le discours du photographe de Benetton : il n'y a formellement aucune différence entre sa démarche et celle de ces activistes. Or, je reste persuadé que la forme "informe" comme on dit. Que la forme est un indice de ce qu'on croit, de ce qu'on vise, et de ceux qu'on vise, et même de la manière dont on s'adresse à un public.

D'une certaine manière, même les antipubs sont un peu à côté de la plaque quand ils se contentent d'asséner des slogans : le type de message qu'ils mettent alors en circulation, même si j'adhère au contenu de leur action, s'inscrit dans une clôture du sens (rhétorique du slogan, graphismes choc, affirmations péremptoires, etc.) qui est tout à fait comparable à celle de la pub.

A trop utiliser les armes de ses adversaires, je crois qu'on peut certes gagner quelques batailles, temporairement, ici ou là. Mais je suis persuadé qu'on ne peut que perdre la guerre dans sa totalité. En ce qui me concerne, je préfère choisir de prendre le contre-pied total de ce qui se fait en communication : là où la pub et les médias assène des slogans et des images choc, des phrases courtes et des idées simples, je préfère élaborer des discours complexes, interrogatifs, réflexifs, et longs. Si j'étais avec les anti-pubs, ce que je leur proposerais, ce serait de ne jamais mettre en circulation le moindre slogan, mais au contraire, d'élaborer des questions et de caviarder les affiches avec. Laisser le sens en suspens, là où la propagande ferme toute possibilité interprétative.

Elaborer un journaffiche ? Soit, mais si c'est pour mettre en forme un contenu en s'appuyant sur une rhétorique à la Paris Match, à quoi bon ? Autant aller vers l'original : Paris Match fait ça très bien, et en plus le contenu est plus adapté au "grand public" que ce qu'on cherche à dire, nous, qui n'intéressera jamais Mme Michu, sauf miracle, et ce quelque soit la rhétorique qu'on utilisera. Car Mme Michu, si elle vote Sarkozy ou Le Pen (ou PS, peu importe), c'est qu'elle a décidé que le monde ne devait pas changer, ou alors qu'il devait changer en pire (de notre point de vue). Et on ne la convaincra pas de changer en 3 phrases choc. A mon avis, on ne la convaincra avec aucune rhétorique. En revanche, on peut chercher à convaincre d'autres personnes, avec d'autres formes d'écriture : là, je suis résolument élittiste, j'en conviens, et ça revient à mener un travail d'argumentation ciblé en direction de publics pointus. Si j'en arrive à penser ça, c'est après avoir passé pas mal de temps dans la pub et après avoir bien réfléchi à tout ça : c'est pas une pose. Je crois très fermement qu'on n'a aucune chance de faire bouger les choses, à quelque niveau que ce soit, si on se contente de viser une efficacité communicationnelle destinée à ce fantasme qu'est le "grand public".

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Message par drÖne »

... et à ce propos, ma banière "anti-père Noël", si elle est rigolote, relève exactement du fonctionnement que je critique. Faut dire qu'elle date un peu...
Mais pour être cohérent avec moi-même, je vais sans doute la virer. Je préfère de loin la citation de G. Musil dans ma signature.

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Chaosmose
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Message par Chaosmose »

Que de prolifération en quelques jours d'absence.... Bonne initiative en tout cas que celle d'une (relative) publicisation de nos bribes...
J'aime beaucoup moi aussi cette idée d'irruption/réappropriation d'une once d'espace public visant à re-créer celui ci. Cela me semble être une forme d'inscription, de témoignage qui me paraît aller tout à fait dans le sens d'un faire exister une forme de non-action. Cela m'évoque aussi un canard qui existait il y a quelques années, mais qui a ensuite connu quelques dérives, Don Quichotte - dont bon nombre de ces membres se sont reconvertis vers de l'info type indymédia, ou dans un autre registre Samizdat (qui maintenant ont un volet littéraire d'auteurs qu'ils publient et vendent dans la rue)... Un journal anonyme, diffusé au hasard, celui de la rencontre, et qui n'a pas pour cible des catégories préconstruites de public. Bref, quelque chose qui attise la vigilance, réveille la récalcitrance. Une sorte de "peut-être" en réponse à un que faire.
Dans cette optique, pourquoi effectivement ne focaliser que sur le monde "artistique", qui s'il semble toujours plus porteur de potentialités, n'en demeure pas moins un tout petit monde parfois morbide. L'enjeu ne me semble pas être "l'alternatif" (quelque part pose de dénigrement de l'autre - tiens étonnante étymologie/composition de ce mot à laquelle je n'avais jamais songé), peut-être même pas les marges (autodisqualifiant)... j'erre peut-être un peu dans le nominalisme, mais j'ai envie d'une résistance de l'intersticiel, celle d'êtres nomades (j'avais écrit monades, ce qui finalement convient aussi si l'on ne le prend pas comme individualisation forcenée, mais qu'on l'ancre dans l'anonymat).
Bref, je n'ai malheureusement encore guère le temps de m'étendre, mais cette idée me plait, en l'envisageant un peu comme une sorte de magma de témoignages, quelque part a-cohérent mais duquel puissent surgir des formes de cohérences qui seraient sa réappropriation, au sein duquel convergeraient des formes d'expression hétéroclites, conjugaison de petites résistances du quotidien, qu'elles soient artistiques ou dans les recoins d'institutions classiques... Bref, une sorte de peinture de la récalcitrance.

Bon, je n'ai sans doute encore pas été très claire... un effet peut-être de la lecture avide de tous ces posts toujours teintée d'un certain enthousiasme. Plus concrètement, il serait envisageable d'entamer un petit travail de collecte de ce que nous voudrions agglomérer...
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Chaosmose
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Message par Chaosmose »

Très drôle... j'ai raté une partie des débats de l'après midi, d'où quelques éléments un peu incongrus dans mon dernier post, mais qui s'inscrit finalement relativement bien dans la continuité de ce qui dit drÖne...

Pour faire un petit détour sur la question de l'efficacité, deux p'tits trucs intéressants à lire: François JULLIEN (arf...), Traité de l'efficacité - qui sans basculer dans une strupide fascination sinologique donne des clés intéressante pour appréhender autrement l'éternelle question occidentale de l'articulation des fins et des moyens ; Peter Sloterdijk (oui je sais, je vous soule), La mobilisation infinie (Essai Seuil)

Sur le fond, il me semble effectivement essentiel de trouver des formes de récalcitrance capable de se départir de l'efficace éculé du slogan, de la pensée par raccourcis, d'une dictature du cartésianisme.... Le format - ou quasi non-format - me semble plus devoir s'apparenter à celui d'une prolifération, ou tout au moins la permettre par l'absence de recherche à tout prix de cohérence de l'ensemble, d'un discours que l'on voudrait percutant etc...

J'arrête, je ne suis résolument pas claire ce soir....
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bin
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Message par bin »

oui c'est vrai , je dois trop rester dans le concret. en meme tps j'aurais du mal à m'en defaire. des formes de recalcitrances capables de se départir de l'efficace éculé du slogan, oui! mais je me pose tout de meme une question - avec ki desirons nous communiquer? s'agit-t-il de toucher le plus grand nombre ou de faire du cas pas cas?
je doute ke faire de long discours très developpés attire l'attention d'un grand nombre. bien sur on pourra toujours trouver des gens pour s'y interresser, s'interroger, mais a quoi bon tenter de changer les choses si seule une minorité y croit?
meme si j'ai tjrs cru et crois tjrs qu'une minorité peut faire beaucoup, il n'est pas aussi certain ke cette meme minorité puisse fondamentalement tout changer ou presque. (je ne suis pas sûr de m'exprimer clairement là).
bref, et si la simplicité/efficacité n'etait ke la premiere etape d'une longue piste de reflexions?
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el zukk
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Message par el zukk »

L'enjeu ne me semble pas être "l'alternatif" (quelque part pose de dénigrement de l'autre - tiens étonnante étymologie/composition de ce mot à laquelle je n'avais jamais songé), peut-être même pas les marges (autodisqualifiant)... j'erre peut-être un peu dans le nominalisme, mais j'ai envie d'une résistance de l'intersticiel, celle d'êtres nomades (j'avais écrit monades, ce qui finalement convient aussi si l'on ne le prend pas comme individualisation forcenée, mais qu'on l'ancre dans l'anonymat).
Juste en passant (désolé pour le coté "volatile" de l'intervention) mais, tu me fais furieusement penser à du Dantec, là, non ?

En tout cas, j'adhère sur le refus de l'alternatif, des marges, de l'underground même, en extrapolant.
Tous des pourris :)
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Chaosmose
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Message par Chaosmose »

bin a écrit :oui c'est vrai , je dois trop rester dans le concret. en meme tps j'aurais du mal à m'en defaire. des formes de recalcitrances capables de se départir de l'efficace éculé du slogan, oui! mais je me pose tout de meme une question - avec ki desirons nous communiquer? s'agit-t-il de toucher le plus grand nombre ou de faire du cas pas cas?
je doute ke faire de long discours très developpés attire l'attention d'un grand nombre. bien sur on pourra toujours trouver des gens pour s'y interresser, s'interroger, mais a quoi bon tenter de changer les choses si seule une minorité y croit?
meme si j'ai tjrs cru et crois tjrs qu'une minorité peut faire beaucoup, il n'est pas aussi certain ke cette meme minorité puisse fondamentalement tout changer ou presque. (je ne suis pas sûr de m'exprimer clairement là).
bref, et si la simplicité/efficacité n'etait ke la premiere etape d'une longue piste de reflexions?
Non Bin, le point n'est pas non plus de faire de l'élitisme à tout prix et pour faire n'importe quoi... Et pas non plus d'être incompréhensibles pour le plaisir. Mais on ne change à mon sens pas grand chose avec des slogans - et c'est pas faute d'en avoir beuglé allégrement.... Bref, il me semble qu'il est super urgent aussi de développer un outillage conceptuel qui soit à même de produire de nouvelles formes de luttes, de nouvelles façons d'agir, d'où le caractète peut-être un peu anonant de mon propos.
Et finalement, cette communication, doit-elle porter un véritable contenu, délivrer un message, qui soit aussi immdiatement saisissable qu'oubliable... Est-ce que les formats de communication que nous recherchons ne sont pas aussi de ceux qui poussent à réfléchir, à s'interroger sur d'autres formes d'appréhension du monde possibles.
Et le journalaffiche évoqué ne doit sans doute pas être seulement un lieu de longs discours développés.... mais avant tout quelque chose qui interpelle, non par des slogans, mais par des idées, des récits, des images ou que sais-je encore.... Bref, qu'il ne soit pas conçu comme devant avoir un efficace immédiat, mais comme contagion insidieuse....
Je ne suis toujours pas claire.... demain peut-être....
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