Test ton masochisme ?!

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mentasm
djeunz of ze room
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Test ton masochisme ?!

Message par mentasm »

Voilà un ptt thread qui m'trotte ds la tête depuis kk temps déjà :

Lors de diverses rencontres/discussions en soirées/concerts/parties, ma volonté de partager ma passion pr ls musiques électroniques (ht/hc trop restrictif..) s'est heurtée à l'image de gogo extasiés voir celle, désastreuse, de certain(e)s ravers adeptes de l'avilissement collectif :roll:

S'il m'arrive de réussir à argumenter sur l'intérêt de la musique répétitive > on m'objecte que son écoute irraisonée (course à l'amplification sans mise en place de réduction des risques) + l'accès à differents produits conduisent le "technoïde" à perdre toute objectivité quant'à la qualité de la musique etc.

> Pourquoi la bétise :!: de certain(e)s nous présente comme de sévères masochistes ?!
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drÖne
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Message par drÖne »

Peut-être le sommes-nous, masochistes ?

Plus sérieusement, déjà à l'époque punk il y avait un clivage entre les amateurs de "bonne" musique (sous entendu, la musique compliquée à jouée et réservée à des virtuoses) et les amateurs de musique "rentre-dedans", à savoir le punk, qui n'était qu'un retour aux bases élémentaires du rock'n'roll : "one, two, three, four" au plan musical... et "sex & drugs & rock 'n' roll" au plan comportemental. Aujourd'hui, ce sont souvent les amateurs de punk qui trouvent que la techno ce n'est pas de la musique. Du moins, ceux qui croient qu'être punk en 2005 ça aurait encore un sens... En ce qui me concerne, j'ai tourné le dos au punk durant les 80's et j'aime autant la répétitivité aujourd'hui que la brutalité hier : la techno, c'est le même combat que le punk, l'éternel combat du rock'n'roll contre la préciosité et la vanité des musiques virtuoses. Ce qui ne signifie pas que la virtuosité serait a priori vaine ! Ce qui est vain, c'est de faire de la virtuosité le seul critère d'appréciation de la musique.

Pour le reste, c'est à dire la course au kilowatt, je trouve que c'est exactement l'équivalent de la virtuosité dans le registre de la logistique. Je veux dire que dans les 70's, ce qu'on appelait un bon groupe c'était souvent un groupe dont le guitariste jouait le plus grand nombre de notes à la minute. Certains auditeurs n'attendaient que ça : une démonstration de virtuosité technique. Aujourd'hui, un bon sound system serait un sound system posant le plus de kilowatt possible : c'est aussi con que de dire que Van Halen est un guitariste génial parce qu'il joue vite. Sur ce sujet, je pense que tes potes ont raison : la course au kilowatt, c'est la vanité du sound system, c'est la mort de la musique électronique, ça ne mène à rien, d'autant que ceux qui s'éclatent à compter les kilowatts ne savent généralement même pas que ce n'est pas kilowatt qu'on mesure la puissance sonore... mais en décibels. Bref, le kilowatt c'est ce qui rapproche le plus la techno du hard rock bourrin : ça sent la testostérone, les tricots marcel, la sueur et le machisme borné, je trouve.

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drÖne
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LLB
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Message par LLB »

A propos, je n'ai malheureusement pas réussi à vous écouter Juko et toi hier soir, connexion sans cesse refusée....On a l'impression d'être fautif et incompétent dans ce cas-là, ça fait un peu "mon réveil n'a pas sonné", "j'ai pas reçu ton mail", on s'attribue une incompétence parfois exploitée pour se donner des excuses. En tout cas super dommage. Mais je disais que ce n'était pas un hors sujet car quand tu dis que la techno combat la virtuosité technique, pour moi c'est un peu comme si un peintre passé à la technique à émulsion dénonçait le délire technique de la peinture à fresque !
On ressent le fait, robuste et culturellement parfaitement justifié, qu'il faut maîtriser une technique pour avoir le choix d'un langage. Peut-être que les musiciens virtuoses des "grands-groupes" dont tu parles étaient persuadés de rompre avec des formes des virtuosité autres. Mais tôt ou tard, ils ont été piégés, comme dans n'importe quel mouvement musical, soit par la reconnaissance privilégiée accordée à leur technique par un public toujours fasciné par cette maîtrise des moyens d'expression, soit par la dynamique formidable que constitue l'exploration des limites d'une maîtrise technique. Comme tu dis, c'est moins une question de style que de phase, et c'est moins du question de phase que d'évolution de la distance au public. Il y a des stéréotypes qui sont mobilisés là-dessus : par exemple le must, culturellement, d'avoir fait la preuve qu'on est virtuose, que ça soit connu surtout, et de ne pas le mobiliser. On dira d'un musicien minimaliste qu'il était premier au conservatoire. Comme de dire d'un marionnetiste de rue qu'il était physicien, tout de suite on cumule la légitimité culturelle du choix de renoncer aux avantages symboliques d'une virtuosité rare, et la légitimité des moyens effectifs que suppose cette virtuosité rare.
Le Lion Bleuflorophage
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drÖne
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Message par drÖne »

LLB a écrit : On ressent le fait, robuste et culturellement parfaitement justifié, qu'il faut maîtriser une technique pour avoir le choix d'un langage. Peut-être que les musiciens virtuoses des "grands-groupes" dont tu parles étaient persuadés de rompre avec des formes des virtuosité autres. Mais tôt ou tard, ils ont été piégés, comme dans n'importe quel mouvement musical, soit par la reconnaissance privilégiée accordée à leur technique par un public toujours fasciné par cette maîtrise des moyens d'expression, soit par la dynamique formidable que constitue l'exploration des limites d'une maîtrise technique.
C'est vrai que le distance est très réduite entre mettre une virtuosité au service d'une idée, et n'avoir pour toute idée que la virtuosité. C'est tout le problème des arts pompiers, qui ne s'expriment pas uniquement dans la peinture : le rock a eu et a encore ses musiciens pompiers. Et je crois que dans 15 ans, quand la mode des free parties aura été oubliée, on considérera que tous ceux qui posaient des 50 kw étaient les pompiers de ce mouvement.
Comme tu dis, c'est moins une question de style que de phase, et c'est moins du question de phase que d'évolution de la distance au public. Il y a des stéréotypes qui sont mobilisés là-dessus : par exemple le must, culturellement, d'avoir fait la preuve qu'on est virtuose, que ça soit connu surtout, et de ne pas le mobiliser. On dira d'un musicien minimaliste qu'il était premier au conservatoire. Comme de dire d'un marionnetiste de rue qu'il était physicien, tout de suite on cumule la légitimité culturelle du choix de renoncer aux avantages symboliques d'une virtuosité rare, et la légitimité des moyens effectifs que suppose cette virtuosité rare.
Ouais, sauf que les premiers punks étaient réellement de mauvais musiciens, pas des poseurs faisant semblant. Du moins, ceux qui y croyaient, je ne parle pas des Pistols ni des Clash qui faisent semblant de ne pas savoir jouer : les Clash étaient de bons musiciens, tout comme le guitariste des Pistols était un musicien rock très honnête faisant semblant de ne pas savoir jouer. Je veux parler des gamins junkies qui jouaient du rock en 3 accords dans des caves. Il y avait de vrais non-musiciens issus de la "fosse", du public, de la contestation du pouvoir et des manières de faire des grands groupes hippies. Mais ça n'a pas duré. Comme il y a eu - et il y a encore parfois - des collectifs techno dans lequel le public est constitué de DJ et vice-versa. Mais ce raccourcissement de la distance avec le public n'a de chance d'exister que dans les prémisses des mouvements, quand ils sont encore frais, naïfs, et qu'ils n'ont pas encore créé leur propre histoire par le simple fait d'exister. Car on ne peut pas s'inscrire dans des temporalités longues sans recréer imanquablement la barrière entre ceux qui "savent" et ceux qui ne "savent pas". C'est sans doute inévitable, puisque c'est empiriquement vérifié depuis que le monde est monde, et je trouve ça assez normal en fin de compte. C'est parce qu'on ne peut pas pratiquer longtemps une activité culturelle sans développer des "arts de faire" qui conduisent à une spécialisation et à des différenciation dans les taches, dans les routines, dans toutes les procédures qui construisent la musique. C'est aussi parce que cette distance se re-crée de manière continuelle que la critique de cette distance reste toujours possible et que la musique évolue. Du moins, je pense que c'est l'un des éléments moteurs fondamentaux de la créativité : le fait qu'un public se détourne d'un mouvement pour créer son propre "art de faire".

Mourir c'est revivre : c'est ça que refusent de comprendre les mouvements musicaux vieillissant. Et ce faisant, ils accélèrent leur mort. C'est pour cette raison que j'affiche régulièrement le slogan "techno is dead", car il faut que les choses meurent pour que l'idée d'une renaissance soit pensable. Même s'il y a des centaines de milliers de personnes dans les teknival, c'est pour moi le signe de la mort, de la pouriture. Pas seulement parce que gérer la massification ne permet plus de cerner les enjeux de ce qu'on manipule et que ça conduit inévitablement à se compromettre. Mais également parce que les slogans qui émergent de ces contextes, et qui guident les gens ("rock'n'roll will never die", ou "punk is not dead", ou "techno forever") sont des mouroirs à révolutions. Je crois que tout mouvement qui pense à son avenir et ne met pas en place les conditions de possibilité de sa disparition est foutu. D'ailleurs, peut-être que je suis foutu moi-aussi, à force de durer...

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thierry nsx
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Message par thierry nsx »

Je ne suis pas d’accord sur le fait que l’installation durable amène la répétitivité. Nous pouvons avoir une expérience et la mettre entière dans un cadre qui permettra de faire ce que nous voulons à l’intérieur.
Je reformule, nous pouvons nous positionner dans une maîtrise d’un contenant pour laisser libre le contenu.
Je reformule, ceux qui détiennent la technicité, la mettent en œuvre pour que ceux qui viennent essayer de l’exprimer pleinement.
Le fameux « open to all » en fait, si peu compris.

Bon je m’éloigne du sujet, en free nous n’avons normalement pas de prestataire de service, nous sommes normalement auto-suffisants (je mets de l’inconditionnel dans mes propos parce que certains ne le sont plus ou ne l’ont jamais été, ce qui est un comportement récent).
La tribu qui met en œuvre la « free » se doit de mettre en évidence un maximum de possibilité d’autogestion, c’est là qu’elle accumule la technicité, bien plus dans la logistique, dans la mise scène théâtrale ou presque architecturale et non pas au final musicalement.
Pratiquer la musique en électronique reste une pratique individualiste (sauf pour les binômes ou plus), là la technicité de ses individus ou entités ne regarde au final qu’eux et sont au final noyé dans un grand tout.
C’est le grand tout qui m’importe (je voulais dire qui importe, mais je ne veux pas faire une bible de la « free » donc je m’écrase), c’est lui qui tisse un élément complexe social et artistique. C’est lui qui doit démontrer le plus de technicité pour démontrer la possibilité alternative.

Donc voilà je finis, l’impression se doit punk, mais c’est un joli mensonge, même si certaines choses sont des bouts de ficelles, cela répond à une construction d’un média le plus expressif et compréhensif ; mais ficelé d’un savoir faire, de savoir faire.

J’espère ne pas avoir compliqué les choses, je voulais faire être explicite.
Thierry Né Sous "X"
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Message par LLB »

Je crois comprendre - mais il faut se garder de l'impression de comprendre sans avoir ressenti vraiment ce à quoi fait référence celui qui parle - à la lumière de la nuit des meutes et de ce que tu organises en ce moment, et de quelques expériences.
C'est la capacité à générer des organisations articulées, à créer des cadres, virtuosité médiatique presque, au sens noble du terme média : un espace à la fois technique et social, un ensemble de médiations qui tiennent ensemble, des langages qui se mettent en lien, des rapports entre des gens et des groupes, des temporalités....et qui organisent une conscience réflexive et dynmique de l'ensemble.
Arrêtez-moi si ça ne sert à rien de plaquer des mots innappropriés ou de projeter. Je suis déprimée jusqu'à l'os pour ne pas arriver à créer ce genre d'espace. Ou plutôt, pour avoir cru les créer, avec d'autres bien sûr, à grand frais et dépense d'illusions, et sacrifices on peut le dire, et soudain, à l'intérieur du cercle enchanté, des participants se mettent à dire que ça n'existe pas, ils disent ça à l'intérieur parce qu'ils souffrent trop de ce que ça n'existe que si peu et à tant de frais, et ça détruit le tout évidemment puisque c'est un espace qui tient debout par la croyance de ceux qui le font les uns et par les médiations qui s'y organisent de ce fait. Je ne vais pas décrire plus avant, c'est trop ou pas assez, en fait c'est toujours trop. Mais bon tant pis, la déprime est si forte que je dis quand même, pas assez et trop, pour rien, je le dis ici où personne n'y peut rien, mais où justement vous connaissez les risques et les richesses de ce genre de conception du faire ensemble, à l'intérieur des institutions.
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Message par drÖne »

Ton analogie entre ce que décrit Thierry de la free et la définition "savante" des médias (savante au sens des sciences humaines et sociales, je précise) me paraît tout à fait justifiée. Une free, c'est comme un "média" dans le sens où, en effet, ça articule des langages (les styles musicaux, mais aussi les discours de justification des gens quand ils parlent de leur musique, les flyers, etc.), des techniques (avec une part importante de matérialité à gérer), des relations entre des "acteurs" et ces langages (on se bat beaucoup pour la définition des styles, on en aime certains, on en exècre d'autres, on argumente, on se positionne, on le justifie politiquement, etc.), et des représentations sociales associées à l'ensemble de ce dispositif et à ce qui l'environne (le champ politique, les flics, la culture cultivée, les autres styles et dispositifs musicaux, etc.).

A la limite, si le concept de "média" va bien, c'est parce qu'il est lui-même sous-tendu par cette volonté d'articuler plein de dimensions sociales, langagières et techniques. Après, qu'ils s'agisse des médias ou de la free, entre les utopies originelles et les errements contemporains, entre les résurgences d'utopies et les avancées ou reculs conceptuels, il y a amplement de quoi discuter. Si les dimensions qui permettent de décrire les médias ou les free à l'aide d'indicateurs comparables subsistent, il n'empêche qu'entre PLPL (ou Acrimed, par exemple) et Le Monde, tout comme entre une free NSX et un teknival du Collectif des Sons, il y a tout un monde...

Après, le problème, je crois, c'est qu'on a beau maîtriser la description des variables qui entrent en jeu dans les collectifs, rien ne permettra jamais à personne de faire en sorte que ces variables s'instancient correctement, ou du moins dans un sens souhaité, afin qu'une utopie se réalise. On peut avoir les règles de construction d'une free, d'un lieu institutionnel ou d'un média, il n'est jamais certain que l'on aura les briques de base et l'environnement pour que ça ne devienne pas le teknival du 1er mai au lieu d'une NSX, Le Monde au lieu de PLPL, ou l'équivalent dans une institution.

Mais c'est là aussi la limite de l'analogie : entre une free, qui est en général un dispositif librement choisi et définit par ses participants (en particulier au niveau des briques de base et de certaines des règles qui les relient) et une institution qui, en général, définit des postes et les règles de manière arbitraire et sans laisser autant de choix aux "briques de base" que nous sommes, il y a tout l'espace entre une utopie réalisable à peu de frais, et une utopie qui demanderait un potentiel de croyance énorme pour se réaliser. Pourtant, au début de l'histoire des institutions, quand elles se créent, il y a souvent un souffle utopique, là, je suis d'accord avec toi : prend l'exemple du Chancelier Bacon au XVIIème siècle qui rêvait la constitution de l'Etat providence et des institutions de recherche à partir du modèle de l'Utopie et du voyage imaginaire. Mais il a eu la chance, en fin de compte, de ne pas voir son utopie réalisée (la royal Society of London, application directe de son récit utopique "La Nouvelle Atlantide") : il est mort avant, mais qui sait ce qu'il aurait pensé de cette Royal Society ? Ne sommes-nous pas un peu revenus à la scolastique et au discours d'autorité contre lesquels Bacon avait inventé son utopie ? Nos institutions contemporaines, qui doivent tant à Bacon, ne se souviennent en général même pas qu'il a existé, et ne pensent rien devoir à l'idée d'Utopie, c'est un signe, non ? Après, tu me diras qu'il suffirait d'y croire encore...

Je ne sais pas si je suis très clair, mais bon...

En tout cas, faut pas désespérer, car c'est dans des périodes noires comme la notre que naissent justement les utopies : Bacon était bien désespéré par la philosophie et l'enseignement de son époque ! Mais on ne sait jamais où, précisément, elles pourront se réaliser. Peut-être est-ce mieux ainsi. Dans "utopie", il ne faut pas oublier aussi qu'on parle d'absence de lieu propre. Donc d'impossibilité de planifier une réalisation à coup sûr.

Sinon, ici on arrive bien à passer d'une question sur la free au punk, puis à la mise en scène théâtrale et architecturale, puis à la notion de média en sciences humaines, et à dériver enfin sur Lord Bacon : là, on est en pleine utopie, non ? Voire en pleine A-topie. Mais dans d'autres forums on en serait s'écharper sur la définition des "racailles" qui polluent la "vraie" free, ou sur le hard core qui est supposé empêcher les gens de sourire...

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Message par LLB »

Je ne sais pas si on est en pleine utopie, peut-être, je veux bien, je vais le penser de manière très volontariste pour m'appliquer les exigences que j'aimerais tant voir partager dans l'espace où j'investis des aspirations utopiques. Mon "énergie de croyance" je l'ai mise dans un espace bien particulier : je connais tellement Bacon que tu sais bien qu'on l'a mis en exergue d'une équipe de recherche qu'on veut investie d'un gros potentiel utopique.
Mais le danger pour moi il n'est certes pas que cette équipe-free devienne une équipe-teknival, que cette équipe PlPl devienne une équipe Le Monde.
Le danger est que les gens qui y participent en fasse le lieu d'où on dit que ça n'existe pas, parce qu'ils investissent ailleurs leur énergie de croyance, ce qui est super, mais qu'ils utilisent tous les autres espaces sociaux comme des plans neutres qui n'ont pas à être construits ou pas : la masse critique des convergences possibles n'est pus suffisante pour assurer des continuités d'état dans les passages entre différents espaces de leur vie et de leur action.
Je n'étais pas là quant Rivet a créé l'Institut d'Etnographie et je ne prétends certes pas comparer ce qu'on fait avec lui, mais parmi les raisons de la création, j'ai l'impression qu'il y avait la lutte contre le nihilisme qui gagnait les sciences humaines après-guere, et ça ne pouvait pas se faire à titre individuel ou à deux sans faire le lien avec les contextes institutionnels. La différence entre l'action en contexte institutionnel et des espaces entièrement ad hoc, c'est que en contexte institutionnel, comme on est tout le temps au contacte de ce contre quoi on lutte, on peut avoir l'impression de le générer.
Ce n'est que quand j'au lu et relu ce que tu as écrit "Sinon, ici on arrive bien à passer d'une question sur la free au punk, puis à la mise en scène théâtrale et architecturale, puis à la notion de média en sciences humaines, et à dériver enfin sur Lord Bacon : là, on est en pleine utopie, non ? Voire en pleine A-topie. Mais dans d'autres forums on en serait s'écharper sur la définition des "racailles" qui polluent la "vraie" free, ou sur le hard core qui est supposé empêcher les gens de sourire..." que j'ai compris qu'il fallait considérer effectivement ce forum où tu investis tant pour autrui toi aussi, comme espace utopique et non comme défouloir de malaise ressenti ailleurs, pour ne pas que je reproduise ici ce qui me semble détruire l'équipe de recherche où je suis. C'est pour ça que je viens de comprendre, enfin, un des ressorts fondamentaux de cette fameuse convergence.
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Message par thierry nsx »

LLB a écrit :t La différence entre l'action en contexte institutionnel et des espaces entièrement ad hoc, c'est que en contexte institutionnel, comme on est tout le temps au contacte de ce contre quoi on lutte, on peut avoir l'impression de le générer.
J'ai bien peur que même dans les espaces entièrement ad hoc, on peut aussi générer contre quoi on lutte, malheureusement.
Ce n'est pas une impression.
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Message par drÖne »

Je trouve très intéressante toute cette discussion. Si je vous suis bien tous les deux, LLB et Thierry, j'en conclue que l'idée de convergence (qui reste pour le moment très abstraite) pourrait bénéficier d'une sorte de début de "programme" de réflexion, en tout cas c'est ce qui apparaît à votre lecture :

- comment faire perdurer des utopies en millieu hostile ou quand on est peu nombreux à y croire ? je rajouterais bien : comment faire perdurer des utopies quand trop de monde y croit...
- comment ne pas générer soi-même ce contre quoi on lutte ?

Il me semble que ces deux questions, qui ne sont pas si triviales, s'appliquent parfaitement à la free et aux milieux institutionnels (par exemple dans la recherche). Il me semble que si ces questions étaient plus souvent posées en amont de toute réalisation (teknival, forum social, montage d'équipe de recherche ou free party), on s'éviterait bien des désillusions.

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