[MISE A MORT] / roman à suivre / un épisode par jour

Ecriture, écritures : en solo ou en collectif, ici on aime lire et écrire.

Modérateur : drÖne

konsstrukt
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Message par konsstrukt »

je suis tout seul à la maison
je n'ai pas grand chose à faire
je suis assis sur un fauteuil et je regarde un dvd
les bonus de spiderman deux
c'est bien ça ne demande aucun effort
je bois du coca
je mange des doritos goût mexicain fromage
mes pensées dérivent de façon autonome
je sais pas pourquoi ça ça me revient
une chambre à la campagne chez les grands parents d'un copain
deux lits le mien
et celui d'un copain
moi je lis un truc un anglais
un bouquin de jeu de role
sur l'autre lit une fille et mon pote se roulent des pelles
peut-être davantage je suis trop frustré pour imaginer
la nuit précédent on se balladait dans la campagne
on disait des conneries en regardant les étoiles
on était des branleurs de citadins les étoiles et le ciel vraiment noir c'était nouveau pour nous
elle elle allait de l'un à l'autre avec son accent grotesque
ses questions débiles et sa main fraîche
moi j'avais la main moite et j'ai apprécié sa main
mais le trouble m'a fermé ma gueule
elle allait de l'un à l'autre comme elle ferait son marché
à l'époque je voyais pas ça comme ça
je voyais juste que ça serait pas moi qui serait acheté
pourtant elle était omnivore
elle devait pas voir beaucoup de mecs à la campagne
et la voilà sur le lit avec mon pote
et de me dire tu fais quoi ?
aujourd'hui je comprends qu'elle m'invitait peut-être
peut-être à les rejoindre
mais j'ai juste dit que je lisais
et mon pote a rajouté
il lit un bouquin en anglais
juste pour se moquer
il était très fort quand y'avait une fille pas loin
très fort pour m'humilier en me faisant un compliment
elle elle dit
toujours avec son accent des vaches
ah oui tu lis en anglais
et moi je réponds
je lis mais je comprends pas
elle
un blanc
mon pote rigole
et moi je me sens vachement spirituel
aujourd'hui je me rends compte que c'est comme si j'avais levé une pancarte avec marqué dessus
attention puceau
elle c'est ça que voulait dire son blanc
et elle se disait
est-ce qu'il est mangeable
et j'étais pas mangeable
cheveux longs
vêtements impossibles et même pour l'époque
hygiène dégueulasse
timide
non vraiment j'étais pas consommable
elle a dit un truc j'ai pas entendu
tous les deux ont rigolé
et puis silence
bruits de caresses
c'est affreux les bruits de caresse quand tu n'as jamais caressé personne
et j'ai compris qu'il fallait partir
ah merde
j'ai raté un bout du documentaire
c'est con c'était stan lee et j'aime bien quand il parle
je remets en arrière
pourquoi j'ai pensé à ça
faut être con maintenant je suis à moitié déprimé
je rebouffe des doritos
je reprends une gorgée de coca
vivement que sophie revienne
qu'on puisse un peu baiser
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

je suis enfant
je suis dans ma chambre avec un copain
mes parents commencent à se disputer
nous on était en train de se friter pour rire
à l'époque quand on se battait pour rire on se foutait des coups de poings dans les épaules
et on rigolait bien
on buvait du coca en canettes
et les canettes froissées on les jetait derrière la radiateur
une fois on s'est interrompu à cause des cris qui provenaient du salon
on est sorti de la chambre et on a regardé ma mère insulter mon père et mon père répondre et on a compté les points comme à un match de tennis je me souviens plus des critères je me souviens juste que je faisais ça pour échapper à la honte d'infliger ce spectacle et à la colère de le subir moi tous les jours
alors je comptais les points et on faisait semblant de trouver ça amusant
on tournait la tête vraiment comme à un match
je me souviens de tout maintenant
je me souvient de tout sauf des répliques de ma mère et de mon père
je vois la scène par en dessus
mon regard se plance un peu au dessous du plafond
je me vois de dos
je vois mon pote de dos
là en bas posés sur le sol
et ma mère et mon père au fond du champs
j'entends leur voix
mais ce sont des voix abstraites qui n'ont aucun mot
ce qui me sidère à chaque fois
c'est que tout à leur détestation
ils ne voient pas qu'on est là
à les regarder
on retourne dans la chambre
mon pote m'apprend que ses parents ont divorcé
quelques mois plus tard
j'apprendrais que sa mère picole beaucoup et s'envoie tous les mecs qui passent
des années plus tard
je verrai mon premier gode dans le tiroir de sa table de nuit
je dormirai dans son lit en rêvant à des trucs
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

sophie me dit un truc débile
je ne relève pas
je regarde à travers la fenêtre du bus
elle dit
quoi ?
quoi quoi ?
qu'est-ce qu'il y a ?
rien
je souris c'est un sourire forcé je sais que ça va l'énerver qu'on va entrer dans une boucle mais j'y peux rien
mais si y'a quelque chose
mais non enfin y'a rien
alors pourquoi tu fais cette tête ?
mais quelle tête je fais ?
cette tête
mais non je fais aucune tête
silence
silence
elle me regarde renfrognée
mais enfin je t'assure qu'il n'y a rien je ne fais aucune tête
d'accord
petite voix résignée presque triste
ça y'est je suis irrité
je me souviens même pas du point de départ
je sais juste que maintenant il y a une tension
je regarde par la fenêtre pour pas la regarder me regarder
silence
silence
stations de bus
au bout d'un moment j'explose enfin molle l'explosion
je lui souris d'un sourire contraint et crispé
mais enfin mon amour je ne fais aucune tête
oui oui d'accord
elle regarde ailleurs
ça y'est je suis énervé
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

j'arrive pas à dormir
pourtant on occupe ma position favorite sophie et moi
je suis allongé sur la partie gauche du lit et sur mon côté gauche je tourne le dos à sophie et j'occupe l'extrème bord du lit je suis presque contre le mur
sophie est dans la même position que moi collée contre moi son bras droit est passé par dessus mon côté et vient contre mon torse
j'ai sa main dans ma main droit
mon bras gauche le plus inconfortable j'ai pas encore réussi à éliminer ce défaut mon bras gauche part en arrière dans un angle peu pratique pour toucher tantôt les fesses tantôt la cuisse droite de sophie
je sens sa tête non loin de ma nuque
je sens son souffle
je suis bien
à part mon bras gauche je n'ai pas de corps pas vraiment
je ne sens ni coubature ni démangeaison ni désir de bouger
j'ai un début d'érection mais je sais que la main de sophie ne glissera pas vers là
de toute façon elle dort
et ça ne me manque pas de toute façon
alors pourquoi est-ce que je n'arrive pas à dormir
il n'y a vraiment aucune raison
je me concentre sur la respiration apaisée de sophie
je me concentre sur son souffle chaud et agréable
je me concentre sur ses doigts endormis
mais rien n'y fait
je presse sa main dans la mienne
parfois elle répond à ça même dans son sommeil
là oui elle répond un peu
elle presse faiblement ma main en retour
et puis ses doigts redeviennent inerte
je bande plus fort je commence à avoir envie d'elle
je caresse ses fesses
elle grogne et bouge dans son sommeil
je sais que si j'insiste elle va changer de position et j'ai pas envie de ça
j'arrête de caresser ses fesses
je presse ses mains pour la rassurer
elle murmure un truc
peut-être je t'aime
je réponds moi aussi mais d'une voix tellement faible que je réponds surtout pour moi
elle se détend
je sens ses jambes bouger doucement
elle me caresse le pied avec son pied
je souris dans le noir
je suis bien
mais j'ai pas sommeil
et puis elle cesse de bouger
elle retombe dans un profond sommeil
et moi non
je repense à mes parents
à la première fois qu'ils m'ont emmenés à la mer
on a un peu roulé en voiture on habitait pas très loin de la plage
mais ils ne m'avaient jamais emmené
je ne sais pas trop quel age je pouvais avoir
je n'étais pas très vieux
on s'est garé
on a marché un peu sur la plage
j'ai vu ça pour la première fois
l'horizon barré par la mer
j'était subjugué
je m'étais pas imaginé ça
en fait j'avais pas imaginé la plage
moi je voyais la route qui va jusqu'à la mer
littéralement
j'ai encore l'image en tête
la route arrêté par la mer
arrêtée par des grosses vagues qui s'abattent sur la fin de la route et les voitures imprudentes
j'avais un peu peur
la mer comme le bord du monde
en fait c'était pas ça
et il y avait des gens partout
on a marché un peu sur la plage
et là mes parents on reconnu à la buvette une connaissance à eux
on s'est arrêté juste pour boire un verre ils ont dit
ça a duré des heures
des verres et des verres
la nuit est tombée
j'avais pas vu la mer
ils étaient complêtement torchés
je ne bande plus tiens
le souffle de sophie c'est vraiment bien
à la fin j'en pouvais plus
j'ai tiré mon père par la manche
j'ai envie de voir la mer j'ai dit
mais j'avais dit ça cinquante fois déjà
il m'a dit vas-y va voir la mer et reviens vite on va pas tarder à partir
et il a recommencé à dire des conneries et à picoler
j'ai pas les images mais c'est comme ça que ça c'est passé je le sais
j'ai marché alors sur le sable
il faisait presque nuit
je suis arrivé devant la mer
enfin à un mètre ou deux
j'ai pas osé aller plus loin
je suis resté pas longtemps
de toute façon il faisait froid
j'ai regardé les vagues
ça ressemblait pas tellement à ce que j'avais imaginé moi
et je suis reparti vers la buvette
j'ai encore attendu longtemps
avant que mes parents veuillent rentrer à la maison
je n'ai toujours pas envie de dormir
fait chier
fait chier
maintenant je commence à être ankylosé
j'aimerai bien que sophie bouge un peu
que je puiss bouger un peu
en même temps je veux pas qu'elle se casse
je veux qu'elle reste contre moi
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

j'aime pas la mer
je ne vais plus à la mer
sophie aime la mer et ça lui manque du coup
là on est vautré dans le canapé
aucune lumière à part celle de la télé
dehors il neige
à la télé christian clavier dit des conneries
on a emprunté les bronzés à un copain
ça me fait toujours autant marrer d'habitude
mais là il est trois heures du matin
je décroche un peu
je suis blotti contre sophie
elle rigole
je ferme les yeux
une des dernières fois que me souviens de la plage enfant
avec mes parents
je sais pas trop quel age j'avais
pareil neuf dix ans
un autre mome me fait chier
il me balance du sable il me nargue
d'un coup blackout
ma mère nous sépare
je suis en train de le noyer ce petit con
j'ai mes mains serrées sur son cou et sa tête est dans l'eau
il gargouille
il a du mal à respirer
moi on me tire en arrière ma mère gueule
lui il a la tête pleine de sable mouillé et les narine pleines d'eau salée
il pleure
moi je dis rien
je sais que j'ai fait une connerie mais je me souviens plus du moment
je me blottis davantage contre sophie
elle me murmure je t'aime par automatisme
mais je sais que les automatismes sont sincères
je réponds moi aussi mon amour
on se serre
c'est doux
son visage est bizarre éclairé juste par la télé
je lui embrasse la main
elle presse ses pieds contre les miens
on se caresse avec nos chaussettes
c'est doux je suis bien
à l'époque je savais pas tout ça
je me serre encore contre sophie
je lui embrasse le cou
des cheveux viennent me chatouiller le front
je t'aime je murmure
j'ai la voix empâtée de sommeil
moi aussi mon amour elle répond
je devrais pas penser à tout ça
j'essaie de me concentrer sur le film
mais il fait bon là il fait chaud
j'ai envie de dormir
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

je me lève avant tout le monde
sophie dort comme elle le fait souvent le matin
recroquevillée elle me tourne le dos la couette enfin sa moitié de la couette ramassée en boule entre ses jambes une jambe sous la couette une autre dessus et j'aime regarder cette jambe elle dort en culotte et en liseuse jaune j'imagine ses seins à travers la liseuse je semibande elle tient la couette contre sa poitrine efin ce qui dépasse d'entre les jambes et elle se blottit les mains le menton contre ce qui reste de couette j'ai envie de la peloter de lui toucher les seins mais ça la réveillerait et j'aime bien être seul le matin j'ai envie aussi de lui remonter la couette elle doit avoir froid là mais pareil je veux pas la réveiller
je m'habille en silence c'est pas vraiment le silence mais des bruits doux auxquels elle est habituée je suis habillé je me suis habillé comme la veille je sens un peu la transpiration j'ai besoin d'une douche mais j'ai un peu trop la gueule de bois pour en avoir envie
je pousse la porte sans faire trop de bruit mais elle grince un peu sophie bouge dans son sommeil ouvre les yeux mais elle doit dormir je lui fais un sourire à tout hasard elle ferme aussitôt les yeux et se retourne se cale un peu mieux dans la couette occupe en diagonale tout le lit heureusement que je veux pas me recoucher sinon ça serait foutu je suis attendri je souris tout seul finalement je sors de la chambre je referme la porte encore un petit grincement mais cette fois j'ignore la réaction de sophie
le salon est inondé de soleil et très sale
il y a du papier toilette collé au sol aux endroits où il a servi à essuyer des chutes d'alcool il y a des bouteilles vides de partout et des verres tantôt vides tantôt avec un fond de liquide tantôt transformés en cendriers
je promène mon regard il n'y a rien de cassé sauf un verre mais les morceaux ont déjà été rassemblés
je suis pieds nus
le sol est collant mes pieds sont noirs de poussière collées
il y a un coussin par terre mouillé de bière
j'ai pas envie de ranger ni nettoyer pour l'instant
les disques sont éparpillés certains hors de leur boitier
la chaîne est encore allumée je l'éteins
je passe à la cuisine je me fais un café
c'est long mais c'est une longueur agréable
il y a du soleil aussi dans la cuisine
il est neuf heure et demi
le gargouillement de la cafetière est un bruit agréable
l'odeur du café est agréable aussi
je m'assieds
je décale ma chaise pour être dans le soleil
j'entends une porte s'ouvrir
c'est pas la porte de notre chambre c'est pas sophie
tiens je savais pas qu'il y avait quelqu'un qui dormait ici j'entends des pas trainants marcher jusqu'ici
salut elle dit
salut émilie
j'ai une voix pateuse
elle aussi
elle va pisser
je l'entends pisser ça se superpose au café
elle tire la chasse elle revient
bien dormi elle demande
je souris ouais et toi
pas mal
elle sourit elle a les yeux encore plein de sommeil
tu veux du café
ouéééé
voix éraillée mais contente
le soleil elle aussi elle s'assieds dans le soleil
on a un peu l'air de deux cons dans le soleil les deux chaises côte à côte à regarder le café se faire
pas trop la gueule de bois je demande
non ça va
on a fini à quelle heure elle demande
je sais pas trop vers cinq heures je crois
j'ai faim
prends des pains au lait
hhmmm
elle va jusqu'au placard
elle s'étire
la café finit par être prêt
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

une fois ma mère à tapé mon père tellement fort à l'oreille qu'il a eu un sorte d'infection bizarre
je me souviens après quand elle le tapait à l'oreille enfin pas vraiment à l'oreille il était assis elle debout et elle balançait le poing vers le côté de la tête ça tapais vers la tempe l'oreille tout ça et ça lui filait comme une décharge électrique
une fois surtout
on est à table
pourquoi je pense à tout ça moi
sophie est dans la chambre elle fait la gueule c'est nul
j'ai juste envie de la serrer dans mes bras pourquoi je pense à ça pourquoi je rumine sans arriver à quitter ces boucles
c'est nul c'est bidon
on est à table et ils s'engueulent enfin comme d'habitude ma mère lui dit casse-toi allez casse-toi casse-toi où je te tape tu veux m'obliger à te taper connard
et tout ça
son grand truc c'était de virer mon père au début juste comme ça une heure ou deux et puis au fil des années ça a pris de l'ampleur elle l'obligeait à faire ses valises c'était absurde n'importe quoi et moi je regardais écoutais ça en pensant à une fille dont j'étais amoureux je me masturbais je m'imaginais partir avec elle loin de tout ça
on est à table elle ordonne à mon père de partir lui il est saoul il bouge pas il dit un truc sans doute alors elle se lève et paf elle lui en colle une sur le côté de la tête
et là ça lui fait comme une décharge électrique il se lève d'un coup il pousse un gémissement horrible il pleure et court vers la porte en gémissant aïe aïe t'es méchante t'es méchante il se défend pas il s'enfuit et elle elle lui dit c'est moi qui suis méchante c'est moi attends tu va voir connard
et il y aussi cette période où mon père lui a demandé de plus le taper parce qu'à son travail les gens voyaient les bleus et ça l'embarrassait alors elle le forçait à ouvrir sa chemise et elle le griffer elle le griffait jusqu'au sang elle labourait sa poitrine de bas en haut avec tous les ongles de ses deux mains et lui aïe aïe ma chérie arrête
une fois j'ai surpris une scène comme ça il était assis sur le lit chemise ouverte et elle debout elle le labourait et lui il pleurait et il gémissait des zébrures rouges de sang sur la poitrine c'est ses gémissements qui m'ont réveillé ils faisaient ça la nuit quand j'étais couché et qu'ils croyaient que je dormais mais je dormais pas ou mal je pouvais pas dormir quand elle criait pas elle faisait ça elle le torturait et sur le seuil de leur chambre j'ai vu ça et elle qui disait c'est fini c'est bientôt fini et lui qui pleurait gémissait
je suis retourné me coucher j'avais envie de la tuer de le tuer lui de les tuer tous les deux et de partir
au lieu de ça j'ai attendu encore longtemps avant de les tuer eux et de partir
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Message par konsstrukt »

on regarde henry portrait of a serial killer
c'est la troisième fois que je le regarde mais je ne l'apprécie toujours pas
juste une scène
mais sinon c'est très caricatural
ça me passionne les tueurs je m'en suis tapé de films
des bouquins de bourgoin
sophie s'en tape complêtement elle
elle dort déjà d'ailleurs
y'a plein de fille
j'ai connu plein de filles qui trouvent ça malsain
la violence tout ça
les criminels
l'album de tricky où il met en musiques des inteviews de taulards
mais sophie non
elle trouve pas ça malsain elle s'en fout juste
d'ailleurs là elle dort
le vais arrêter le film
juste la scène que je veux absolument voir
j'attends
à moitié endormi
ma main cherche la jambe de sophie
je me laisse un peu plus aller au fond canapé
les images
les dialogues
bon c'est pas le plus mauvais
mais
je sais pas
il manque un truc
il manque
je sais pas
oulà
je suis en train de sombrer là
ça fait je sais pas combien de temps que je caresse mécaniquement la cuisse de sophie
je me redresse
je baille
j'attends
j'immobilise ma main sur la cuisse de sophie je veux pas non plus la réveiller
voilà
voilà la scène
je la regarde attentivement même si la connais par coeur
il traine ce type
sur le sol du couloir
et le type laisse une trace de sang
j'ai jamais vu du sang aussi réaliste au cinéma
je regarde sophie un peu gêné
c'est bon elle dort
je revient en arrière
je repasse la scène
arrêt sur image
je regarde fasciné
ça me fait penser quand j'étais petit
aux chiottes une fois je lisais télépoche
je il y avait une page tâchée de sang
c'était le sang de mon père
j'avais jamais du sang comme ça
séché
brun
j'étais fascinés
je l'ai regardé longtemps
je me souviens pas du moment où mon père a saigné sur le télépoche
je n'étais pas tout le temps là quand ma mère le frappait
je me demande
elle pensait quoi ensuite quand elle lisait le télépoche et qu'elle tombait sur la tâche de sang
et lui il pensait quoi
moi j'aurais été tétanisé de honte
je crois
le sang c'est vraiment fascinant
merde sophie bouge
j'arrête le film
pourquoi j'ai bloqué comme ça moi
c'était bien ?
oui
je souris elle souris
je suis encore un peu dedans
j'ai les yeux perdus je le sens
elle elle est trop fatiguée pour s'en rendre compte
on va au lit ? elle demande
oui
elle se lève en souriant
elle est toute molle
elle m'excite à mort quand elle est comme ça
j'ai envie de la baiser la tout de suite
tout doucement
c'est sans doute ce qu'on va faire
elle se dirige vers la chambre
je la suis en pensant à ses seins
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

je suis enfermé dans ma chambre avec ma mère
j'avais seize dix sept ans à l'époque
ça y'est mon père a pêté les plombs c'est la première et unique fois qu'il pête les plombs
ma mère a peur elle crève de trouille
je n'ai pas peur moi
lui il est saoulé au rhum il a perdu la tête il veut nous tuer
le début de soirée c'est je dors je suis réveillé par des cris ils s'engueulent je me retourne en me disant merde merde merde quelle heure il peut être je vais pas me rendormir
c'est samedi soir
le samedi soit je sors pas moi j'ai pas de copine de toute façon sortir faire quoi
j'ai jamais aimé demandé l'autorisation et je suis trop peureux pour sortir sans
à seize ans j'ai voulu sortir pour la fête de la musique j'ai eu permission de vingt-deux heures j'ai vu c jérome en concert sur une placette après il a fallu rentrer les autres allaient boire des coups je suis rentré en pleine engueulade entre mes parents j'ai demandé à ressortir ma mère a fait la gueule m'a autorisé minuit l'air de me faire une faveur je suis sorti et revenu vingt minutes plus tard
j'avais trouvé personne dehors
ce soir je ne suis pas sorti je suis réveillé ma mère crie mon père se plaint
je comprends à moitié qu'elle veut le virer valise et tout
enfin comme d'habitude
je suis triste et excédé
démoralisé
je tape contre le mur pour obtenir le silence
évidemment rien ne se passe
je cogne plus fort et des larmes de rage me montent
pas tellement pour eux mais pour moi pour moi qui ne vais pas arriver à me rendormir pour moi qui supporte tous les jours ça
je me calme
j'ai juste envie de taper jusqu'à me mettre en boucle
mais j'ai peur d'essayer
après il se passerait quoi
pourquoi je pense à ça
je pense souvent à ça en ce moment
je sais pas trop pourquoi
sophie n'est pas là
je dors seul
je n'aime pas ça dormir seul
c'est plus confortable mais enfin bon
je suis réveillé par un autre cri
et puis le silence
je suis réveillé dans le silence
c'est le silence qui me fout la trouille
je sors du lit je vais à la salle à manger
ma mère est étendue au sol
c'est bizarre j'arrive pas à situer la scène ailleurs que dans mon appart
je visualise pas la chambre de l'époque
moi je me visualise pas non plus
c'est pas des images que j'ai c'est je sais pas
des abstraction
je construits les images
ça a eu lieu pourtant mais bon j'ai pas accès aux images aux vraies images
je bricole
après c'est flou
je suis dans ma chambre
la lumière est allumée
ma mère flippe
elle s'est pris un coup de poing qui l'a assommée tout à l'heure
et encore un peu après ou avant
j'étais là en tout cas
mon père a foutu un coup de poing dans la porte de leur chambre
il a traversé la porte
et il a balancé à travers la pièce une statue en bronze
un pompier
académique bronze verdi héroïque
ridicule
mon père l'a balancé
ce truc fait un poids
je le soulevais pas à l'époque
heureusement bourré il n'a pas touché ma mère
le truc a rebondi sur le lit
très lourd
très enfoncé
a bougé sur lui même heurté ma mère à la cuisse
après je sais plus bien
je suis dans ma chambre
lumière vive
je suis en pyjama sans doute
je gueule par la fenêtre pour que quelqu'un appelle la police
ma mère dit à mon père de se tirer
mon père dit qu'il va casser la porte
moi j'ai un cutter à la main
ma mère dit qu'elle va téléphoner à la police
mon père dit qu'elle peut essayer mais qu'en attendant que la police arrive elle va passer un sale quart d'heure
et moi je me dis que je sais pas trop où planter le cutter
dans le ventre
mais il est gras
plus haut
mais j'ai peur de
de quoi
de le tuer de casser le cutter de pas y arriver
je teste différentes longueurs de cutter
ma mère est tétanisée en fait elle est surtout aussi saoule que lui
je continue à appeler les voisins à gueuler par la fenêtre
finalement on tape à la porte
on sonne on tape
c'est les flics
mon père essaie de les convaincre qu'il est pas saoul
il l'embarquent
nous on ose à peine sortir
un agent explique à ma mère qu'il va passer la nuit en cellule et c'est tout
putain j'ai sommeil là
j'arrive pas à dormir sans sophie
fait chier
je me retourne
je remets la radio
quelques mois plus tard je suis tombé par hasard sur une lettre planquée entre deux bouquins
une lettre d'excuses adressée à ma mère et moi
j'ai lu
je m'en souviens plus maintenant
je me souviens de papier
papier fin à lettre
plié en quatre
l'écriture de mon père
la même que quand il écrivait pour avoir du travail
j'étais choqué
ça je me souviens j'étais choqué
j'imaginais ma mère menaçant mon père
et lui s'humiliant
j'ai reposé la lettre écoeuré
france culture
j'ai sommeil
j'ai les yeux secs
je me concentre sur la radio
je me concentre sur sophie
elle rentre demain
vivement demain
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

je suis complêtement bourré
je suis en pleine redescente d'alcool
je suis crevé crevé
sophie ça fait un moment que je l'a pas vue
je me cale sur un canapé
c'est des putains de canapés en cuir
je sais pas ce qui se passe ne bas
moi je suis en haut
je m'enfonce sur le canapé en cuir
y'a deux canapés
le mur bouge
tout bouge de gauche à droite
mon cerveau bouge au ralenti
je sais pas si je vais gerber
j'ai pas l'impression
va savoir
sur le canapé à côté y'a un copine
je la baiserais bien
mais elle veut pas
de toute façon elle est avec son copain
à côté de moi y'a une autre copine
elle dort
je sombre
j'ouvre les yeux
je suis dans le pâté
je comprends rien
je regarde autour de moi
j'ai froid
dans la pièce tout le monde dort
rien n'a changé
sauf la température
mon état aussi
je suis crevé la semi lumière me fatigue
silence ici
je vais plutôt m'allonger
il est où mon manteau
il doit être en bas
je descend voir
durs les escaliers
d'une main je me retiens à la rampe de l'autre au mur
il fait noir je pense pas à allumer
ou plutôt j'y pense mais il faudrait remonter et appuyer sur l'intérupteur
le temps de me dire tout ça je suis déjà arrivé en bas
en bas il fait noir
y'a deux ou trois personnes qui dorment par terre
une personne qui dort sur le canapé
je commence à me réveiller un peu
mais je suis encore totalement au ralenti
je trouve mon manteau sur le mec qui dort sur le canapé
je le suis prends délicatement
je remonte
pareil ça prend longtemps
je baille même pas
j'ai le visage tout frippé
les yeux presque fermés
la salive presque solide
bordel qu'est-ce que je pue de la gueule
j'ai un vieux mauvais goût dans la bouche
tant pis je vais dormir ça ira mieux
ça m'emmerde de pas trouver sophie
elle doit dormir quelque part
tant pis
je suis en haut
je me pose par terre le manteau comme couverture
là je me rends compte qu'une ampoule est allumée mais tant pis j'ai la flemme
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